Avoir un enfant: toutes les questions que l’on se pose sur la fertilité
Comment fonctionne la fertilité, on le sait après des années de formation sexuelle. Mais quand êtes-vous la plus fertile ? Et quelle chance avez-vous encore d’être spontanément enceinte à 35 ans ? On vous dit tout.
Les ovocytes sont produits avant même notre naissance et stockés dans nos ovaires à un état immature. La recherche scientifique montre qu’il existe de grandes différences dans le nombre d’ovocytes avec lequel chaque femme commence. Certaines en ont plus de 2 millions, quand d’autres en ont “seulement” 35.000. Le Docteur Herman Tournaye, expert en fertilité et chef du Centre de Reproduction Médicalement assistée de l’UZ Brussel : “En moyenne, à sa naissance, une fille a une réserve d’environ 1 million d’ovocytes. Cela semble proche de l’infini, mais ce n’est pas le cas : ce nombre diminue visiblement. Des ovocytes meurent chaque jour, même quand vous avez 5 ans ou quand vous avez 20 ans et que vous prenez la pilule, et vers 30 ans, vous n’avez plus que 100.000 ovocytes.” À 30 ou 40 ans, vous avez donc encore des ovulations, mais votre réserve d’ovocytes a considérablement diminué. À 30 ans, elle est encore de 12 %, à 40 ans, elle est tombée à 3 % et vous avez donc déjà perdu 97 % de votre réserve.
L’âge de la femme est crucial en matière de fertilité. Les femmes reçoivent un nombre limité d’ovocytes à leur naissance, alors que les hommes continuent à produire des spermatozoïdes jusqu’à un âge avancé. Ils les produisent à partir des cellules souches.
Les options pour pallier à l’horloge biologique:
Faire congeler ses ovocytes
D’accord, si on veut fonder une famille, mieux vaut ne pas attendre trop longtemps. Mais si on n’a pas encore trouvé le bon partenaire ou si on ne sait simplement pas encore si on veut avoir des enfants ? Dans ce cas, cela pourrait être une option de faire congeler vos ovocytes, c’est ce qu’on appelle l’AGE banking (Anticipation of Gemete Exhastion, ndlr) ou le social freezing. Cette technique consiste à congeler vos ovocytes pour des raisons non médicales, dans le but de les utiliser plus tard. Dr. Tournaye : “L’âge joue ici aussi un rôle : y recourir autour de 30 ans est idéal. Si vous avez plus de 36 ans lors de la ponction de vos ovocytes, les chances de tomber enceinte avec ces ovocytes décongelés diminuent. De plus, un cycle de ponction d’ovocytes coûte environ 2000 € et n’est pas remboursé. Et il faut généralement plus d’une tentative. Il ne s’agit donc que d’une assurance à couverture partielle. Les chances d’une grossesse réussie augmentent, mais il n’y a aucune garantie absolue de maternité.”
Faire appel à un don de sperme
Si vous êtes célibataire et avez un désir d’enfant, vous pouvez aussi choisir de devenir mère célibataire et de recourir au sperme d’un donneur via la banque de sperme. Dr. Tournaye : “Aujourd’hui, on voit de plus en plus de e-donneurs. Le Web regorge d’hommes qui vendent leur sperme. En Angleterre, il y a même des donneurs de spermes qui se déplacent en camionnette, s’arrêtent à votre porte, font leur affaire à l’arrière et livrent leur échantillon. J’espère que cela n’arrivera jamais ici.”
L’influence de l’âge
Quand on décide d’avoir un enfant, on peut commencer à en ressentir un vrai besoin. Lorsqu’on n’est pas encore enceinte après quelques mois, on peut se sentir frustrée, et certaines personnes perdent rapidement espoir. Dr Tournaye : “Ce n’est pas nécessaire, même si vous êtes un peu plus âgée. Pour les 35 ans ou moins, on considère que tous les couples qui ont des rapports sexuels réguliers et dont les femmes ont un cycle normal, 84 % seront enceintes dans l’année. Oui, une femme de 35 ans mettra deux fois plus de temps qu’une femme de 30 ans à tomber enceinte, mais cela signifie aussi que c’est avant tout une question de temps et de patience.”
Si après un an de tentatives, vous n’êtes pas enceinte, il est préférable de prendre contact avec un médecin, car le risque de grossesse spontanée diminue considérablement.
“Si vous êtes un peu plus âgée, vous pouvez passer plus rapidement à cette étape, pour ne pas perdre trop de temps avant de vérifier s’il y a éventuellement quelque chose qui ne va pas.”
Vous ne tombez pas enceinte : qu’est-ce qui peut clocher ?
Si vous n’êtes pas enceinte après un an de relations sexuelles régulières et non problématiques (au moins quatre fois par mois), les médecins parlent de “fertilité réduite”, vous pouvez rechercher d’éventuels problèmes médicaux. La recherche scientifique montre qu’environ 1 couple sur 6 est confronté à des problèmes de fertilité. En lisant les chiffres ci-dessous, gardez à l’esprit qu’il n’est pas question de culpabilité et que la fertilité d’un couple dépend souvent des deux partenaires.
- Il se pourrait qu’en tant que couple, vous ayez trop peu de relations sexuelles ou que le moment où vous en avez ne soit pas optimal, comme expliqué plus haut.
- Dans à peu près 30 % des cas, le problème concerne l’ovulation, en raison d’un déséquilibre hormonale chez la femme. La plupart du temps, il s’agit d’une altération de la croissance des follicules, les vésicules dans lesquels l’ovocyte mûrit. Il s’agit souvent d’un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) qui survient chez environ 10 % des femmes.
- Le transport de l’ovocyte vers l’utérus peut aussi être entravé ou impossible en raison de l’imperméabilité ou du dysfonctionnement des trompes de Fallope. Les causes les plus courantes sont l’endométriose et les adhérences dues à une infection. Une infection sexuellement transmissible comme la chlamydia peut en être à l’origine.
- Le problème peut aussi venir de l’utérus ou du col de l’utérus. Par exemple, une quantité réduite de glaire cervicale peut affecter le passage des spermatozoïdes.
- Dans à peu près 30 % des cas, l’absence de grossesse a pour cause le sperme de l’homme. Cela peut avoir toutes sortes de causes, d’une infection des testicules à des anomalies génétiques, en passant par des médicaments réduisant (parfois temporairement) la fertilité, comme des anabolisants. Mais il n’y a pas toujours de raison à un sperme de mauvaise qualité. Il s’agit souvent d’une combinaison de problèmes de l’homme et de la femme. Dans 5 à 10 % des couples, on ne trouve pas de cause à la fertilité réduite.
Pilule vs fertilité
Une pilule contraceptive libère de petites doses d’hormones qui mettent votre cycle d’ovulation sur pause, de sorte que le sperme ne peut pas entrer en contact avec un ovocyte et que la fécondation n’a donc pas lieu. Lorsque vous arrêtez de prendre la pilule, les hormones disparaissent lentement de votre corps et votre cycle hormonal reprend normalement.
La pilule n’affecte donc pas votre fertilité, mais cela peut prendre un certain temps avant que votre corps ne recommence à produire des ovocytes et que vous ovuliez, car votre corps doit récupérer après des années de prises d’hormones.
Une pilule n’arrête pas non plus la diminution naturelle de votre réserve d’ovocytes.
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