Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…

Comment j’ai trouvé l’amour après 30 ans

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Dénicher l’homme de ses rêves n’est pas une mince affaire, et d’autant moins une fois la trentaine passée. C’est la situation qu’a vécue Lise, notre journaliste, qui raconte sa quête du prince charmant.


 

“Je me suis retrouvée célibataire à 29 ans, après une relation de quatre ans. La plupart de mes amies étaient déjà mariées, mamans d’un ou plusieurs enfants et propriétaires, à moins que leur futur nid ne soit en voie de construction. Leur existence offrait un contraste frappant avec ce qu’était devenue la mienne. Je n’avais plus d’amoureux, pas de maison et fonder une famille s’apparentait à un projet irréaliste pour les années à venir. Jusque-là, je m’étais rarement sentie à part, mais soudain, les différences entre ma vie et la leur se sont fait douloureusement sentir. Comme si, du jour au lendemain, un immense fossé s’était creusé entre nous et que je tentais désespérément de rejoindre leur rive sans y parvenir. Aucune d’elles ne m’a jamais blâmée ni mise à l’écart à cause de mon célibat, mais ce n’était plus pareil. Nos chemins s’étaient séparés.

Leurs vacances d’été n’étaient plus réservées aux copines mais à la famille. Les soirées avaient perdu en spontanéité, programmées à l’avance pour les baby-sitters. Et désormais les sujets de conversations tournaient principalement autour des bébés, de l’accouchement et de l’allaitement.


J’ai progressivement perdu le contact avec elles, tandis que de leur côté, elles ne me rappelaient plus. Et, parce qu’au fil des années, j’avais développé une peur panique d’être blessée, j’ai préféré garder mes distances. Me protéger en m’éloignant. J’ai conscience que ce n’était pas la bonne solution, et je suis certaine que si je leur avais confié ce que je ressentais, cela aurait pu arranger la situation, mais je ne voulais pas risquer de les heurter et je craignais les conflits. Alors le silence s’est installé peu à peu entre nous.

 

Refaire confiance


‘Je pense que tu fais fuir les hommes’ m’a un jour dit un ami. Je l’ai regardé avec surprise. ‘Je suis si laide que ça?’ Ai-je répondu en me retranchant derrière l’humour. ‘Tu sembles déjà tout avoir: un bel endroit où vivre, un chouette job, une vie agréable. Cela effraye les hommes.’ Ça m’a laissée sans voix. Je ne comprenais pas. J’avais fini par trouver une petite maison, que j’avais achetée et retapée moi-même. J’avais accompli quelque chose dont j’étais fière et qui contrebalançait un peu les biberons, les mariages et les grands projets hors de ma portée. “Qu’y a-t-il d’intimidant à cela?’ ai-je voulu savoir. ‘Pour moi rien, parce que je te connais. Mais ça peut en refroidir certains.’ m’a-t-il répondu. J’ai repensé aux propos de l’une de mes meilleures amies. Elle m’avait dit que je ne semblais pas particulièrement amicale face aux hommes qui essayaient de m’aborder. Que je ne faisais pas preuve à leur égard de l’attitude la plus ouverte qui soit.

Au fil des années, j’avais été blessée à plusieurs reprises, et inconsciemment cela conditionnait mon comportement. Et ça se reflétait aussi dans mon langage corporel.


Avec le temps, j’avais fini par ériger une barrière entre les autres et moi pour me protéger et ne pas souffrir à nouveau. Ceux qui me connaissaient savaient qu’on peut facilement papoter avec moi, que je rigole pour un rien et suis toujours prête à faire le clown. Mais c’était devenu beaucoup moins évident pour des inconnus. Il me fallait aussi lutter contre l’incertitude, car depuis mon retour au célibat, tout se mélangeait dans ma tête. J’en arrivais à douter de tout: qui j’étais, ce que je désirais, mon image de moi et même mes rêves. Je voulais tellement être aimée alors qu’en parallèle, je faisais tout pour maintenir à l’écart la moindre opportunité de débuter une nouvelle histoire. Comment aurais-je pu ouvrir mon cœur en craignant à ce point d’être trahie? Et comment me débarrasser de ce sentiment d’insécurité sans redonner une chance à quelqu’un?

 

Besoin d’une alter ego


Ce qui m’a le plus manqué au début de ma vie de célibataire, c’était une complice, avec qui partager. Une fille aussi libre que moi, sans homme qui l’attendrait à la maison et n’ayant pas la moindre idée de la dose de lait journalière dont a besoin un bébé de sept mois. Quelqu’un susceptible de remplir ce vide que je ressentais. Mais ce n’était pas aussi simple. Si on peut tomber amoureuse en une semaine de grandes discussions et de baisers enflammés, les amitiés mettent plus de temps à se construire. Il m’a donc fallu un certain temps avant de me trouver une sbff (single best friend forever, en français: une meilleure amie célibataire), mais j’ai fini par m’en faire une. C’était une copine de mes amies et nous avons accroché presque immédiatement. Les mercredis soirs, je me mettais aux fourneaux pour elle, ou nous commandions chinois, avant de nous installer à deux devant la télé. Avec elle, j’ai profité d’un séjour sous le soleil dans un hôtel ‘adults only’, et tous les week-ends ou presque on se retrouvait pour boire un café et je pouvais alors partager ma frustration d’être seule. Elle me comprenait mieux que la plupart de mes autres amies. Et c’est toujours le cas, même si nos vies à toutes les deux ont beaucoup changé en seulement un an.

 

L’amour à l’aveugle


S’il y a bien une formule que chaque trentenaire ou plus devrait essayer, ce sont les blind dates. Tout ami, connaissance ou collègue, a quelqu’un dans son entourage dont il pense qu’il pourrait vous correspondre. Et pourquoi pas? Tout ce que vous avez à faire est de convenir d’une date. Qu’auriez-vous à perdre à essayer? J’ai donc donné une chance à ces rendez-vous avec des inconnus, à trois reprises en six mois. Le premier a eu lieu alors que je sortais à peine d’un an de période ‘je ne veux plus jamais rien vivre avec personne’, et a été arrangé par un ami commun. C’était le jour le plus chaud de l’année, il m’a invitée dans un restaurant de son quartier, puis nous sommes allés boire un verre. C’était chouette et nous avons décidé de manger une seconde fois ensemble. Et, même si un inconnu un peu saoul a dit à mon cavalier que j’étais une super fille, il n’y a jamais vraiment eu d’alchimie entre nous. Je le trouvais séduisant et drôle, mais sans plus. Mon rendez-vous numéro deux a été organisé par un collègue, qu’en toute honnêteté, je ne connaissais pas très bien. Pas l’idéal pour un départ gagnant, mais de nouveau, cela a été un moment agréable, sans pour autant imaginer aller plus loin. Mais j’ai passé une très bonne soirée et je pense que lui aussi. Le blind date numéro trois ne l’était qu’à moitié. Le soir du nouvel an, j’avais reçu un message sur Facebook d’un type. Il m’avait vue ce soir-là dans un bar, mais n’avait pas osé m’aborder. Il s’était absenté et à son retour, j’étais déjà partie. Je lui ai donné sa chance, car il avait cherché mon nom et avait osé m’envoyer un message. Et puis il ne semblait pas trop mal sur sa photo Facebook. Nous sommes donc allés boire un verre, puis nous avons à nouveau discuté, mais cela n’a débouché sur rien. Ces trois rencontres m’ont amenée à vivre quelques surprises, dans l’ensemble elles étaient toutes plutôt sympas, et je ne me suis jamais retrouvée à partager un repas ou un café avec un dingue quelconque. Je pense que, si celui qui vous présente une connaissance est un véritable ami, vos chances de passer un bon moment sont grandes. Mais est-ce pour autant la clé pour trouver le grand amour? J’en doute.

 

Pas le premier venu


‘Tu es trop exigeante’, ‘Tu dois être plus ouverte’, ‘Tu te focalises trop, lâche prise et tu le rencontreras’, ‘Peut-être qu’il est fait pour toi et que tu ne devrais pas autant accorder d’importance à l’apparence’, ‘Un homme sans enfants? Lise, on a passé trente ans, c’est presque impossible à trouver désormais’… ont été quelques-uns des commentaires entendus de la part d’amis ou de connaissances. J’ai eu d’innombrables discussions avec certains d’entre eux sur ‘comment maximiser mes chances de rencontrer quelqu’un.’ Et je me suis très souvent sentie incomprise.

Comment auraient-ils pu imaginer ce que c’était de chercher l’amour après 30 ans (voire 25 ans) eux qui étaient en couple depuis une décennie? Comment leur faire saisir que, une fois la vingtaine passée, il reste tellement peu de poissons à attirer dans ses filets qu’on aurait plus de chance de gagner à l’EuroMillions?


Qu’on n’est plus aussi délurée et peu regardante qu’avec dix ans de moins? Qu’à moins de sortir toutes les semaines, dans une fête ou dans un bar, il est sacrément difficile de rencontrer des inconnus, et qu’il n’y a pas toujours quelqu’un de disponible pour nous y accompagner car tous doivent faire garder bébé? Et surtout, que l’on recherche la personne avec qui fonder quelque chose de durable? Il est arrivé que je sorte faire la fête et que des copines discutent avec un inconnu pour voir s’il était disponible. Avant de revenir me dire qu’en lui glissant un mot à propos de moi, il s’était révélé qu’il était célibataire. Cela m’a juste amenée à me fermer totalement et à courir me réfugier aux toilettes tant je me sentais un animal de foire. Elles cherchaient à être gentilles, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ça me donnait juste l’impression d’être incapable de trouver par moi-même.

 

Tinder et co


Je n’ai pas essayé de nombreuses applications de rencontres. Durant des années, je m’étais jurée que jamais je ne m’inscrirais sur Tinder ni sur aucun site de ce genre, surtout après avoir observé au club de sport, des hommes en train de chatter et ‘matcher’ alors que leur femme, et même parfois leurs enfants, pensaient naïvement avoir le plus merveilleux des maris ou pères. Mais je n’imaginais pas alors avoir une telle malchance amoureuse. Ce n’est qu’après deux ans de célibat, et après avoir entendu ma SBFF vanter le pouvoir addictif de l’application, que j’ai enfin mis mes craintes de côté et testé Tinder. Elle avait raison, c’était une activité très amusante. Au début, je ne l’ai absolument pas pris au sérieux, l’envisageant juste comme un moyen de booster mon égo et ma confiance en moi, tout en gardant les hommes à une confortable distance de sécurité. Et ça a fonctionné. J’ai trouvé quelqu’un qui m’a plu et qui a aussi aimé mes photos.

En voyant s’afficher sur mon téléphone les mots ‘vous êtes compatibles!’, je me suis dit que je pourrais facilement m’y faire. Mais plus j’ai utilisé l’application, plus j’en ai découvert les inconvénients.


Des hommes qui m’ont supprimée, alors que je pensais que nous venions d’avoir une discussion sympa. Ceux qui me demandaient ce que je cherchais et qui, lorsque je répondais ‘l’amour’, se désintéressaient complètement. D’autres qui au contraire étaient tellement intrusifs ou insistants que je peinais à m’en débarrasser. Mon image de moi en a pris un sacré coup. Si au début, j’envisageais l’application avec légèreté, plus tard, je suis devenue un peu trop mordue de Tinder. J’ai croisé des tordus qui écrivaient ‘accro au sexe’ dans leur bio, d’autres déjà casés, des égocentriques, certains qui n’étaient capables de que faire des sous-entendus obscènes. Mais je continuais à insister, espérant chaque fois avoir plus de chance que la semaine précédente.

 

L’angoisse de finir seule


Tant de fois j’ai eu peur à l’idée de ne jamais plus rencontrer quelqu’un. De ne pouvoir me marier, avoir d’enfants, fonder une famille. Mes amies tentaient de me rassurer en me disant ‘mais non, pas toi, cela ne t’arrivera pas!’, mais détenaient-elles la vérité? D’autant que les occasions de croiser des inconnus se faisaient rares. Les blind dates n’avaient pas fonctionné, je ne pouvais pas compter sur les bars et Tinder se révélait un peu trop flippant. Et pourtant…

Mon amoureux et moi nous sommes trouvés grâce à un match sur l’application. Même si je sais aujourd’hui qu’il était tout ce que je recherchais, je ne suis pas tombée raide dingue de lui en découvrant ses photos. Mais quelque chose en lui m’attirait.


Et tout a commencé un vendredi soir, avec un innocent ‘Hello Lise, comment vas-tu?’ avant de rapidement se transformer en de longues heures de chat puis en d’aussi interminables heures de coups de fil nocturnes. Il y avait tant de similitudes entre nous que parfois cela en devenait effrayant. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois chez moi, deux jours plus tard. ‘Jamais à la maison!’ aurait été le principe le plus légitime à adopter dans une telle situation, mais une source fiable m’avait confirmé que je ne risquais rien. En effet, l’un de mes amis s’est avérée être sa collègue. J’avais donc pu en apprendre directement plus sur mon potentiel futur petit copain. Et trois jours après que les mots ‘Vous êtes compatibles!’ se soient affichés, mon rendez-vous virtuel s’est transformé en un amoureux de la vie réelle.

 

L’amour, le vrai


‘Quand c’est le bon, vous le savez’ ai-je écrit, après huit mois, pour annoncer nos fiançailles. Car, oui, nous allons nous marier! J’ai su presque immédiatement que c’était lui. Nous partageons une telle alchimie. Mon amoureux est un homme fantastique, qui m’a prouvé à quel point il s’intéressait réellement à celle que je suis. Nous pouvons passer des heures à discuter et je sais qu’avec lui, je peux être moi-même, oser les blagues foireuses ou afficher sans honte la cellulite sur mes fesses. Il m’a fait rêver de voyages lointains. Et après à peine un mois passé ensemble, nous nous sommes rendus dans une agence de voyage pour réserver des vacances coûteuses pour l’été suivant. C’était un énorme risque, et je soupçonne ma famille et mes amis de m’avoir jugée inconsciente. En même temps, tous réalisaient qu’il était différent. Qu’il ne serait pas simplement un flirt, une histoire éphémère ou un futur ex qui me donnerait le coup de grâce après quelques mois à m’être attachée à lui. Je cherchais l’amour depuis si longtemps, et on m’avait tant répété que mes attentes étaient trop élevées, irréalistes, qu’il fallait que je sois plus accommodante, que j’en étais arrivée à le croire. Alors que tout ce que je désirais était d’éprouver ce qu’il m’est donné de vivre aujourd’hui: l’amour avec un grand A. Et je ressens la profondeur de ce mot dans chaque fibre de mon être.

J’aimerais donc dire une chose à chaque femme célibataire: ne vous mettez pas la pression. Il va arriver, même si vous n’y croyez plus et que vous vous imaginez déjà à la cinquantaine, vivant dans une maison en compagnie de quinze chats. Vous êtes belle. Magnifique. Fantastique. Et un jour, quelqu’un va finir par s’en apercevoir.


Et vous prouverez alors à toutes ces amies moralisatrices que vous n’étiez pas trop exigeante et que vous ne recherchiez pas l’impossible. Mais que vous attendiez seulement le bon.

 

Auteur: Lies Van Kelst.

 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires