FAUT QU’ON PARLE: ces gens qui filment des sauvetages d’animaux pour les mettre sur Facebook
Non, on n’est pas en train de dire que les gens qui sauvent des animaux nous agacent. Loin de là. Mais vraiment, en cas de détresse, attraper son téléphone est-il votre premier réflexe?
Les réseaux sociaux sont-ils devenus un moyen de briller par tous les moyens?
Filmer coûte que coûte
Depuis plusieurs mois, les vidéos de “sauvetages d’animaux en détresse” affluent sur mon fil d’actualité. Au début, je me disais que c’était quand même super cool, tous ces gens qui prenaient la vie des animaux au sérieux et qui se mettaient parfois en danger pour les sauver. Et puis, à force, j’ai commencé à me mettre à leur place. Je me suis dit que si jamais je voyais un animal coincé / blessé / qui avait besoin d’aide, moi aussi je le sauverais. Seulement voilà, dans ma tête, mon scénario n’incluait pas mon téléphone portable. Parce qu’au fond, il ne me viendrait jamais à l’idée d’attraper mon iPhone, de le déverrouiller, d’allumer la caméra et de filmer toute la scène en sachant qu’un animal effrayé a besoin de mon aide, là tout de suite.
Il y a quelques jours, je suis tombée sur la vidéo d’un jeune homme qui trouvait une biche avec la patte coincée dans sa clôture. Au lieu de directement l’aider, de trouver quelque chose à glisser sous ses pattes pour qu’elle ne soit plus “pendue” dans le vide ou de tout simplement écarter les barreaux de bois, il filme TOUTE la scène avec son téléphone. Si au début il tient son téléphone à la main, il prend même le temps de poser le téléphone de façon adéquate (sur un trépied???) pour que ses amis Facebook ne loupe ensuite pas une seule miette de son exploit. Oui, aux yeux de tous, il sera celui qui a sauvé une biche. Celui grâce à qui, cette petite bête sans défense pourra regagner sa famille et ne pas périr dans une clôture installée par les humains. Certes, ce mec là a sauvé une vie. Okay. Mais une fois la vidéo visionnée, je reste choquée. Je ne comprends pas. Je n’arrête pas de me mettre dans cette situation en me disant que jamais, ô grand JA-MAIS, je ne pourrais avoir le réflexe smartphone avant d’avoir celui de sauver une vie. Bien sûr, je pourrais aussi vous citer la vidéo de ce mec qui se fait filmer en train d’essayer de sortir une brebis embourbée dans une rivière boueuse. Filmé par une autre personne, on l’entend dire que la bête est trop lourde et qu’il n’y arrive pas. Pourtant, au lieu d’aller l’aider (lever une brebis à deux serait plus simple, non?), la personne qui filme ne bouge pas d’un cil et continue à filmer toute la scène. Des vidéos comme ça, je pourrais vous en citer des dizaines et des dizaines. Et plus elles affluent, et plus je me sens choquée. Je me sens même mal à l’aise, de voir ces animaux qui souffrent devant un objectif, relayés au rang de trophée de la journée plutôt que celui de victime.
Un besoin de reconnaissance?
Certes, je sais que ces gens sauvent la vie d’animaux en détresse. Et que du coup, il est mal vu de critiquer. Mais mince à la fin! Est-on devenus si accros à nos portables que les likes importent plus que la détresse? A-t-on à ce point là besoin de reconnaissance de la part de nos 678 amis Facebook et 890 followers sur Instagram? Non, je ne suis pas un monstre. Il m’est déjà arrivé de sauver des animaux. Ce pigeon que mon copain avait trouvé au bord de la route, qui s’était fait percuter par une voiture et que nous avons soigné jusqu’à ce qu’il puisse voler. Ce chaton que nous avons trouvé sous une voiture, lavé et à qui nous avons trouvé une famille aimante pour l’accueillir. Je me rappelle encore du moment où mon copain a ramené le chat à la maison... Je me suis précipitée dans la salle de bain pour remplir une petite bassine d’eau pour le laver, une plus petite pour qu’il puisse boire et avais coupé en petits bouts quelques croquettes de notre chat pour que ce chaton puisse manger.
Mais autant que je me rappelle, pas à un seul moment, attraper mon téléphone pour filmer notre “sauvetage” ne m’est venu à l’esprit. Je n’ai pas eu ce réflexe. Et je m’en félicite. Pour tout vous dire, je me suis quand même sentie héroïne d’un jour quand ce petit être velu s’est endormi sur moi, tout propre et le ventre plein. Ou quand je l’ai vu jouer avec une petite branche sur mon balcon sans avoir peur. Ou encore quand, après plusieurs semaines dans sa famille d’adoption, j’ai vu une photo de lui épanoui, avachi sur un canapé en compagnie d’un vieux chien. Alors ne serait-il pas possible d’abandonner un peu nos téléphones et notre héroïsme virtuel pour se concentrer vraiment sur ce qu’il y a autour de nous? Parce qu’au fond, la seule reconnaissance dont nous avons besoin, c’est celle qu’on observe dans les yeux d’un animal à qui on vient de sauver la vie. Pas aux nombres de likes qu’il y a sous notre vidéo. Non?
Par respect pour les personnes qui ont réalisés les vidéos, et tout de même sauvés des vies, je ne mets pas les vidéos en lien dans cet article.
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