FAUT QU’ON PARLE: au coin, le débat sur les violences éducatives!
Récemment, l’artiste française Fanny Vella a fait le buzz avec ses dessins où des adultes remplacent les enfants pour montrer l’absurdité de certaines situations. Une série percutante, qui pose question, et renforce également le débat sur les violences éducatives. Mais a-t-il même lieu d’être?
Si on prend l’échelle de valeurs actuelles comme mètre étalon, j’ai été une enfant maltraitée. Et pas qu’un peu: contrainte de dire bonjour, au revoir et merci, forcée de finir mon assiette, encouragée à ne pas pleur(nich)er pour rien, et je ne vous parle même pas des décalages entre mon fuseau horaire (“je vais le faire”) et celui de mes parents (“maintenant”). Soyons clairs, aucune “violence éducative” ne m’aura été épargnée. Et non seulement le débat autour de la question m’agace, mais en plus, s’il s’avère pour certains que l’éducation reçue de mes parents était une forme de violence, je ne leur en veux absolument pas. Que dis-je, je les remercie!
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Bien que me trouvant fondamentalement un peu jeune pour avoir des discours de “vieille conne”, c’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de constater que, clairement, l’éducation, c’était mieux avant. Là où mon frère et moi avons rapidement acquis l’importance du respect et de la politesse, les enfants que je croise me semblent tous avoir été élevés par des singes sataniques, qui les ont encouragés à courir sur les canapés, faire le plus de bruit possible, et ne résister à aucune pulsion, même s’il s’agit de balancer de la nourriture à terre ou de pousser des cris perçants dans l’oreille d’une malheureuse victime.
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On ne manquera pas également de souligner l’ironie de condamner de manière dessinée “les gens qui donnent leur avis dans la rue dans les parcs dans les supermarchés sur l’attitude de nos enfants” tout en consacrant toute une série de dessins à ces gens qui sont injustes envers leurs enfants parce qu’ils ont l’audace de leur dire de manger leurs légumes ou de sortir du bain après 1h passée à barboter. Même si, probablement que ce n’est “pas pareil” puisque dans le débat sur les violences éducatives, il y a “les méchants” et “les gentils”, ces derniers ayant visiblement tous les droits, à commencer par celui de critiquer l’éducation des autres.
Sur mes réseaux, je lis des débats (le parent anti-violences éducatives, tel le végan ou l’adepte du crossfit avant lui, aime débattre en long et en large de la supériorité morale de son point de vue) hallucinants, en mode “il est interdit d’interdire”. Oui, mais si ce ne sont pas les parents qui s’en chargent, qui fixe les limites alors? Si au cours de votre développement, aucun adulte dans lequel vous avez confiance ne vous apprend que rien ne sert de pleurer, mieux vaut se relever, comment allez-vous faire, une fois adulte, pour vous relever à chaque fois que la vie (et elle le fait beaucoup, la vilaine), vous fera trébucher?
Autant il est salutaire de condamner la violence physique envers les enfants (oui, même “juste une gifle”) et de remettre en cause certaines pratiques (forcer un humain, peu importe son âge, à faire un bisou à un autre, c’est quand même vachement bof), autant le débat, décuplé par le prisme déformant des réseaux sociaux, semble avoir pris des proportions inouïes. Non, engueuler son rejeton quand il a un bulletin pourri ou lui imposer une heure de coucher quand il est trop petit pour se gérer, ce n’est pas de la maltraitance. Enfant, quand mes parents me disaient de faire mes devoirs plutôt que d’aller jouer avec la petite voisine, où qu’ils nous enjoignaient à faire preuve de politesse envers nos ainés, même si ça voulait dire rester assis calmement à table au lieu de faire les marioles dans le canapé, ils nous répétaient toujours qu’on leur dirait merci “quand on serait grands”. Et le pire, c’est que c’est vrai, et sans leur éducation parfois stricte mais toujours aimante, je ne serais pas la personne équilibrée et épanouie que je suis aujourd’hui. Sauf pour le cabillaud à la moutarde qu’on me forçait à finir. Maman, pardon, mais si tu me lis, ça c’était clairement d’une violence inouïe.
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