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FAUT QU’ON PARLE: de l’acharnement contre la série de Gwyneth Paltrow

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Avec sa série Netflix « The Goop Lab », Gwyneth Paltrow a provoqué un ouragan de critiques, toutes plus virulentes les unes que les autres. Si la plupart des médias n’y vont pas de main morte, nous, on trouve qu’il y a de quoi nuancer.


Pour vous contextualiser, the Goop Lab, c’est la nouvelle télé-réalité Netflix produite par Gwyneth Paltrow, l’ex actrice reconvertie en espèce de gourou du bien-être et à la tête de Goop, donc, une marque lifestyle reprenant des produits healthy, des fringues, des livres, et un tas d’objets qui ont, si leur utilité ne frappe pas au premier abord, le mérite d’être risibles: un répulseur de vampires à 23 €, un gode à 9300 €, de la poudre de poireaux à 35 € ou encore sa célèbre bougie parfumée à l’odeur de (son propre) vagin vendue 75 dollars. Autant dire qu’avant même de sortir ce documentaire, l’ex star du cinéma était déjà la risée des médias… et des médecins.

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Champi’ hallucinogènes et communication avec les morts


Mais revenons à la télé-réalité : chaque épisode met en avant une méthode de médecine alternative, testée par des cobayes qui sont tous des employés de Goop. Au programme : prendre des champignons hallucinogènes en Jamaïque pour lutter contre la dépression, faire du yoga dans la neige pour se libérer du stress, participer à des ateliers pour découvrir son vagin, communiquer avec l’au-delà grâce à un médium… Autant de sujets matières à polémique, bien que chaque épisode soit précédé d’une mention précisant qu’il s’agit d’un divertissement, et non d’un magazine médical.

L’acharnement des médias


Pour vous donner une idée du boycott dont est victime la série, Slate titrait : « On a regardé The Goop Lab pour que vous n’ayez pas à le faire. On s’est sacrifiées pour vous ». Sur Twitter, des utilisateurs de Netflix ont également annoncé se désabonner de la plateforme à cause de la diffusion de The Goop Lab : « Salut Netflix, aujourd’hui j’arrête mon abonnement parce que je ne veux pas soutenir une entreprise qui fait la promotion de pseudo-sciences dangereuses. Si vous annulez The Goop Lab, je me réabonne immédiatement.” Alors certes, Gwyneth Paltrow et son marketing du bien-être ont clairement de quoi faire flipper, d’autant plus que certaines méthodes testées dans la série ont été discréditées scientifiquement. Notamment quand Gwyneth se fait injecter dans le visage son propre plasma pour « rajeunir », alors que le Département de la santé du Nouveau-Maxique a fait fermer en 2018 un spa qui pratiquait cette technique après que deux clients aient été infectés par le VIH. Hum. Tout n’est donc pas bon à prendre dans cette série, qui manque clairement parfois de nuance dans ses propos, d’enquêtes contradictoires ou encore d’explication des risques, mais pour l’avoir regardée, on trouve que la cruauté dont font preuves certains médias est un peu disproportionnée.

Non, tout n’est pas à jeter!


Ce qui nous choque avec ce déferlement de critiques, c’est de voir à quel point la spiritualité est encore très mal considérée dans notre société. Clairement, rien ne remplacera la médecine traditionnelle pour traiter des maux graves, mais comment peut-on encore nier l’influence de notre mental sur notre santé ? Comment ne pas croire du tout au pouvoir de l’intuition ? Ce n’est pas parce que ces méthodes n’ont pas été prouvées qu’il faut faire semblant qu’elles n’existent pas, d’autant plus que les thèmes explorés sont parfois même utiles pour la société.

Certaines expériences présentées dans la série sont à mes yeux super intéressantes, comme la thérapie par le froid présentée par Wim Hof, ce Néerlandais qui a mis au point une méthode de respiration et de méditation qui permet de résister au froid, pour en retirer un meilleur contrôle de ses émotions et une réduction du stress. Sans parler de l’épisode sur le plaisir sexuel féminin, qui parle d’une manière super décomplexée de la sexualité féminine, jusqu’à montrer une femme se donner un orgasme à l’écran ou encore, montrer une ribambelle de photos de vulve, toutes différentes parce que, comme expliqué dans la série, « en montrer une seule aurait entraîné une fausse normalité ». Franchement, autant qu’on puisse s’en souvenir, on n’avait jamais vu d’images de kiki sur Netflix. Et pas beaucoup ailleurs non plus d’ailleurs.

Alors oui, Goop Lab vaut la peine d’être regardé, mais avec un œil critique, en évitant de tout gober sans rien remettre en question. Surtout que s’il y a bien une chose qu’on peut reprocher à la série, c’est d’être une publicité de 6 épisodes pour la marque de Gwyneth (impossible de calculer le nombre de fois où le nom de l’entreprise est mentionné). Du bon marketing de contenu ! Contenu dont on regrette d’ailleurs la légèreté. Et c’est là la deuxième critique qu’on peut amener : les méthodes présentées devraient faire l’objet d’un reportage et d’une enquête bien plus longue que la vingtaine de minutes qui leur est allouée. Un goût de trop peu, pour certains, mais de déjà trop pour d’autres.

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