FAUT QU’ON PARLE: je vais grossir pendant le confinement et alors?

Puisque toute situation est bonne pour rappeler aux femmes qu’il ne faudrait quand même pas qu’elles grossissent de trop, il n’y avait pas de raison pour que cette période de confinement échappe à la règle. En décembre, il faut profiter des fêtes de fin d’année tout en refusant poliment une part de bûche. En janvier, il faut rattraper les excès des fêtes. En mars, il faut préparer son bikini body. En cas de rupture, il est socialement accepté de se réconforter avec un pot de glace mais pas deux car bon après, il faut se remettre en selle. Le week-end, il faut choisir entre boire de l’alcool ou craquer un snack car les deux, ça ne pardonne pas. Le dimanche, bruncher est vivement conseillé tout en veillant à bien choisir l’option de la carte la plus healthy… Et en cette période de confinement ? Il est ok d’avoir des coups de blues, il est ok d’être stressée, il est ok de s’inquiéter pour ses proches, il est ok de ne pas avoir le moral, il est ok de se réconforter avec des pâtisseries et des pâtes mais attention… si vous en mangez trop, comptez sur la société pour : 1) vous rappelez que vous allez grossir, 2) vous brandir frénétiquement sous le nez des conseils pour limiter les dégâts.

Et alors?

D’abord, il y a eu ces mèmes prédisant que l’on serait tous et toutes des petits sumos sur la plage l’été prochain et ces citations nous rappelant que notre bikini body était postposé. En les prenant au second degré, c’est marrant, on ne dira pas le contraire. Moi la première, j’ai rigolé. Le problème, c’est plutôt la répétition. Une fois, c’est marrant, deux fois aussi, trois fois toujours mais à la quatrième fois, on se demande : s’il n’y a pas d’autres sujets sur lesquels rire ? Ensuite, sont arrivés les articles, conseils et astuces censés nous aider à ne pas grossir durant le confinement… Moi-même, j’ai d’abord songé à en écrire un. C’est vrai, le confinement nous oblige à adopter un mode de vie sédentaire. Manque d’activité physique couplé à nos é-péritifs et notre retour aux fourneaux #mamygateau = oui, on va peut-être prendre du poids… And what ? Est-ce que c’est grave si on prend 2, 3 ou même 5 kilos ? Est-ce que c’est grave si on a besoin d’un dessert pour garder le moral ?

La situation n’est-elle pas déjà suffisamment anxiogène et angoissante pour que l’on vienne encore rajouter une dose de culpabilité chaque fois que l’on mange un œuf en chocolat ? Est-ce que pour une fois on ne laisserait pas les femmes manger en paix ? N’a-t-on rien trouvé de mieux à faire pendant le confinement que de s’inquiéter de son poids ? Ne devrait-on pas alléger cette période stressante en partageant des infos good vibes ?

C’est réducteur mais ce qui fait grossir, c’est de manger tout en culpabilisant à chaque bouchée. Et cette culpabilité ne s’arrêtera que lorsque nous serons davantage bienveillants les uns envers les autres. Si on nous avait appris depuis toutes petites à écouter notre corps à la place de nous apprendre à faire régime, on aurait sans doute, toutes, une relation plus facile et saine avec la nourriture. Alors certes, que ce soit en période de confinement ou pas, essayons d’être attentives aux signaux de satiété, essayons d’écouter notre corps et de bouger un minimum chaque jour dans la mesure du possible. Ce sont les conseils de base recommandés par le corps médical pour être en bonne santé. Quid de notre santé mentale? Le poids le plus lourd à porter, finalement, ce n’est pas le nôtre, c’est celui de la société.

À méditer : la terre se porterait-elle plus mal si on prenait tous 2 kilos?

Lire aussi:

• FAUT QU’ON PARLE: de la pression d’être hyperactive pendant le confinement
• FAUT QU’ON PARLE: cessons d’être égoïstes face au Coronavirus
• FAUT QU’ON PARLE: de l’homosexualité masculine comme sujet tabou dans le sport
• FAUT QU’ON PARLE: combien faut-il de féminicides pour prendre nos plaintes au sérieux?