FAUT QU’ON PARLE: ma quête de la vie parfaite me mène tout droit à l’épuisement
Aujourd’hui, c’est un billet plus personnel que je vous livre. J’ai pris mon courage à deux mains pour vous parler de la quête de la perfection, souvent inaccessible, qui nous amène à être malheureux. Je suis en plein dedans et il est temps que ça change.
J’adore ma vie. Ce sont les mots que j’aurais dit spontanément si vous m’aviez posé la question hier. Mais aujourd’hui, c’est un jour sans. L’une de ces journées où l’on se sent à bout; où on a envie de tout plaquer. En partageant mon témoignage, j’espère redonner du courage à ceux qui partagent les mêmes pensées que moi, et je sais qu’on est nombreux.
Ma vie va à du 2000km/h. Mon métier me passionne et fait partie intégrante de mon épanouissement. Mes amis sont fantastiques et m’apportent beaucoup. Mon amoureux est bienveillant et me fait vivre une belle histoire d’amour. Ma passion pour la musique et mon groupe m’offrent des moments incroyables. Voilà le tableau.
J’ai ‘tout ce qu’il faut pour être heureuse’. Et la plupart du temps, je le suis. Mais depuis quelques mois, je sens que je perds complètement pied, au point de m’enfoncer dans de profondes angoisses.
La raison, je la connais. Je veux tout réussir à la perfection. C’est-à-dire que je veux tout concilier: vie professionnelle, vie sociale, vie amoureuse. Mais sans rien délaisser, sans léser personne. Pour y arriver, j’ai appris à devenir une pro de l’organisation. Mon agenda est réglé à la minute. Après mes journées de boulot, j’enchaîne parfois plusieurs rendez-vous avec mes amis, des répétitions jusqu’à pas d’heure en vue de futurs concerts, des déplacements ici et là. Et j’en suis arrivée à un stade où je ne tiens plus debout.
La surorganisation peut-elle mener au burnout social?
Hier soir, j’ai fondu en larmes après une dure journée. Je ne me suis pas assise une minute entre 7h du matin et 22h, oubliant de manger. Au moment de me rendre compte que je devais encore me laver les cheveux, ça a été l’effort de trop. Je n’y arriverai pas.
C’est là que j’ai réalisé que j’avais été trop loin. J’avais conduit mon corps à un état d’épuisement total sans me rendre compte des signes avant-coureurs pourtant évidents. Vous voulez quelques exemples? Je n’ai pas fait de courses depuis des semaines, pas vu mes parents depuis des mois, je laisse la vaisselle s’accumuler dans mon évier, je n’arrive même plus à sortir mon chien le soir avec plaisir. Mais le pire, c’était ce matin.
En allant chercher mon courrier, j’ai croisé mon voisin qui a vu ma mine exécrable. ‘Tu es sûre que ça va?’ m’a-t-il demandé. Cette simple question m’a fait monter les larmes aux yeux. Non, ça ne va pas.
Dans mon envie de tout contrôler, de mener ma vie comme je l’entends, j’ai perdu le fil et je me suis laissée complètement dépasser.
Faire le point pour s’en sortir
La pression que j’ai pu m’infliger jusqu’à présent pourrait me conduire à m’enfermer, me renfermer. Je le sais. Parce que j’ai envie de tout plaquer, de ne plus voir personne, j’ai les épaules qui tombent et le regard fuyant.
Si j’écris ce témoignage aujourd’hui, ce n’est pas du tout pour me plaindre. C’est plutôt pour partager avec vous ma remise en question et les limites que je me suis fixées pour aller mieux.
Dans un premier temps, j’ai choisi d’adapter mon organisation à mon bien-être. Si j’ai envie de contenter tout le monde, je peux aussi me considérer comme l’un des membres de ce “tout le monde”.
Pour cette raison, j’ai aménagé des plages horaires dans mon agenda qui me seront entièrement destinées.
Que ça soit pour prendre un bain, regarder un film ou mettre du vernis, peu importe. Ces moments me seront réservés sans que je n’aie de comptes à rendre à personne.
Ensuite, j’ai également pris la décision d’apprendre à dire non et à vivre avec. Je fais partie des adeptes de l’adage “choisir, c’est renoncer”. Mais je remarque que je fais tout en surface. Mes rendez-vous avec mes amis, par exemple, sont de plus en plus courts et superficiels. Je veux tout faire mais je ne prends plus le temps de bien faire les choses.
En disant non, je pense leur offrir aussi la possibilité de passer du temps ensemble plus qualitatif que quantitatif.
Et puis finalement, et c’est sans doute le noeud du problème, j’ai lâché la pression. Mes amis me l’ont répété encore et encore: “tu dois t’en foutre de ce que pensent les autres”. Tant pis si ma vaisselle n’est pas faite quand quelqu’un débarque à l’improviste. Tant pis si mes cheveux sont gras sous mon bonnet. Tant pis si je rate la soirée du siècle pour rester chez moi un vendredi soir.
La chose la plus importante qu’il faut réaliser, c’est que l’exigence de cette perfection ne vient pas des autres, elle ne vient que de nous. Nous ne sommes pas des superhéros, encore moins des machines. Si les gens qui vous entourent tiennent réellement à vous, ils comprendront et seront toujours là quand ça ira mieux. Et si vous tenez réellement à vous, vous devez aussi comprendre, réaliser que ce n’est pas sain. J’ai compris que je devais penser à moi et que c’était aussi une bonne chose pour les autres.
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