FAUT QU’ON PARLE: non, un Père Fouettard noir n’est pas un ““patrimoine à protéger””, au contraire
Il y a comme un parfum de spéculoos dans l’air, et qui dit retour de Saint-Nicolas dit malheureusement aussi la résurgence de la polémique autour de la couleur de peau du Père Fouettard. Un débat périmé, qu’on continue pourtant de tenir chaque année, alors que très sincèrement, il n’y a même pas de discussion à avoir.
Non, le Père Fouettard ne “doit” pas être Noir. Qu’il ait la peau blanche, jaune ou verte ne change absolument rien au rôle du personnage, et très sincèrement, tout ce maquillage foncé plâtré sur sa figure lui donne juste l’air d’un idiot qui a enfoncé sa tête dans une cheminée. Mais ce n’est qu’un avis subjectif. Par contre, objectivement, argumenter qu’il s’agit là d’un “patrimoine culturel” à “préserver” est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle.
Certes, à l’origine, le Père Fouettard était Noir, d’ailleurs, on l’appelle carrément “Zwarte Piet” au nord du pays, histoire qu’il n’y ait pas de confusion possible. Pourquoi cette couleur de peau? Parce que lors de l’apparition de Saint-Nicolas dans le folklore batave au XIXe siècle, il était supposé être accompagné du diable, prêt à emporter avec lui les enfants qui n’avaient pas été sages. Or, à l’époque, entre le diable et un Maure (noir de peau, donc), il n’y avait pas vraiment de différence au sein de l’imaginaire collectif. Le raccourci est carrément limite, peut-être parce qu’à l’époque, après tout, les gens mourraient à 40 ans et avaient d’autres chats à fouetter qu’apprendre la tolérance. Mais ça, c’était il y a douze siècles, et en 2019, persister à perpétuer une imagerie raciste est simplement inacceptable.
Parce que oui, caster une personne de couleur dans le rôle du serviteur ou du méchant (suivant comment on voit le Père Fouettard), c’est déjà franchement borderline. Mais grimer des Blancs au cirage pour leur donner l’apparence du serviteur en question? Ca s’appelle du blackface et ça, c’est raciste. N’en déplaise à tous ces gens simplement “attachés au folklore” et à “nos traditions” qui se cachent derrière ce bouclier bien pratique pour défendre une coutume qui aurait dû disparaître il y a longtemps déjà.
Un peu comme les zoos humains, par exemple. C’était pourtant si “fun” à l’époque, mais 100 ans plus tard, on regarde les photos avec honte et on n’organise certainement pas des manifestations pour demander qu’on laisse les gens s’amuser comme ils veulent. Défendre à tout prix la nécessité d’avoir un Père Fouettard Noir, c’est l’équivalent de militer pour le retour des publicités qui promeuvent des cigarettes “approuvées par les médecins” ou de la “si joyeuse époque” où on rendait les accessoires phosphorescents grâce au radium pour mieux mourir peu de temps après: inutile, dangereux et franchement incompréhensible. Envie d’une figure qui impressionne vraiment les enfants turbulents à côté du Grand Saint, en accord avec “notre folklore”? Il n’y a qu’à lire la Une des journaux pour avoir quelques idées de méchants franchement terrorisants. Et “bien de chez nous” en plus. Alternative pour ceux qui veulent absolument que le Père Fouettard colle précisément à la tradition d’origine: respecter alors aussi son rôle originel, qui consistait à distribuer des coups de fouets aux enfants turbulents. Et là forcément, ça ne dit plus rien à personne.
Lire aussi:
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici