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Génération iGen, quand les adolescents actuels font rimer smartphone et désespoir

Barbara Wesoly

Les Millenials ont laissés la place aux iGen, une génération née entre 1995 et 2012, biberonnée aux smartphones et tablettes. Une existence ultra connectée, qui pour certains experts, causerait une transformation radicale des rapports humains, pouvant aller jusqu’à une destruction pure et simple de la vie sociale non digitale. Et amènerait une majorité des adolescents actuels à être profondémment malheureux.


“Chez les riches comme chez les pauvres, quelle que soit l’origine ethnique, dans les villes, les banlieues et les petites villes. Du moment qu’il y a une antenne relais, il y a des adolescents qui vivent leur vie sur leur smartphone.” Ces paroles sont celles Jean M. Twenge, docteur en psychologie à l’université américaine de San Diego et auteure d’un récent ouvrage étudiant la génération iGen. Les Millenials remettaient en cause le système établi et se faisaient défenseurs de la liberté de choix mais aussi de l’individualisme. Les IGen, aussi baptisés génération Z, sont à l’origine d’une nouvelle révolution, mais cette fois purement numérique. Nés connectés, ils ont grandi au rythme d’internet et découvert le monde à travers le prisme des applications et des réseaux sociaux. Et ce tournant digital serait loin d’être gage de bonheur.

Profondémment isolés


Solitaires. C’est la caractéristique qui semble le plus à même de définir les IGen, des adolescents connectés en moyenne de 6 à 8 heures par jour à leur smartphone. Le nombre de ceux-ci rencontrant leurs amis presque tous les jours a ainsi chuté de 40% entre 2000 et 2015. Des moments à commenter sur Facebook, regarder des vidéos ou se balader en ligne, qui remplaceraient les sorties entre copains, les rendez-vous amoureux et les heures de sommeil. Et les rendraient moins susceptibles d’avoir leur permis de conduire dès la majorité, d’expérimenter l’alcool ou encore de chercher des jobs étudiants. Un confort puisé dans le virtuel causant un profond isolement à long terme. Parmi les résultats d’études pratiquées sur des millions d’adolescents américains et ayant étayées son livre, Jean Twenge pointe ainsi l’explosion du nombre de jeunes se sentant exclus, seuls et angoissés, depuis les environs de 2011-2012, période à laquelle les smartphones sont devenus des objets courants du quotidien. De même que les symptômes dépressifs qui ont augmentés de 60% chez les collégiens ces cinq dernières années. Les adolescents passant plus de 10 heures par semaine sur les réseaux sociaux seraient également 56% susceptibles de se considérer comme malheureux.

ADN digital


“Les écrans en eux-mêmes ne seraient pas en cause”, nuance Jean Twenge, “mais bien les éléments essentiels dont ils usurpent la place.” Les premières expériences, les premiers émois aussi et l’obligation de se confronter à la réalité et au fait de grandir. Posséder un compte Facebook avant d’avoir embrassé un garçon. Avoir tourné une vidéo Youtube mais ne jamais être allé à une fête. Si la psychologue ne préconise pas de chercher à changer cette génération dont la technologie est une part même de l’ADN, elle rappelle que les études conseillent de limiter l’utilisation des réseaux sociaux à deux heures par jour pour les ados. Et quoi que le constat soit alarmant, explique qu’il est loin d’être définitif et immuable. Et qu’ avec de petits efforts quotidiens et quelques minutes gagnées sur son ordinateur ou son téléphone, il est possible de renouer progressivement avec les autres et avec soi-même. Et de se reconnecter. Vraiment.

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