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J’ai arrêté d’allaiter mon bébé et je suis en plein Milk Blues

Gwendoline Cuvelier Journaliste

Avec mes deux filles, j’ai eu la chance de vivre un allaitement sans encombre, comme la chose la plus naturelle du monde. Mais je n’aurais jamais cru autant aimer cet acte maternel. Après 9 mois d’aventure lactée, ma petite dernière a fini par troquer le sein contre le biberon. Et je regarde cet objet avec jalousie.

Après 9 mois passés dans mon ventre et 9 mois d’allaitement (quel chiffre symbolique), j’ai l’impression que c’est la fin d’une fusion avec ma toute petite fille. Mon bébé grandit et je m’en réjouis mais avec un brin de nostalgie.

Une page se tourne

Mon amoureux et moi avons deux enfants et, à priori, notre famille est au complet. J’ai dit adieu au ventre rond, à la magie d’un accouchement, aux minuscules bodys et, désormais, au bonheur d’admirer un petit être, encore accroché à mon corps du bout des lèvres, repu et heureux d’avoir bien mangé.

On parle de sevrage pour l’arrêt de l’allaitement, comme s’il s’agissait d’une drogue. Le mot n’aurait pas pu être mieux choisi pour qualifier mon sentiment. Ces derniers jours, je sentais bien que je ne produisais plus beaucoup de lait mais, comme je le confiais à mes proches, “je n’arrive pas à arrêter”. Finalement, c’est ma fille qui a décidé de ne plus téter. Le changement s’est fait de façon très naturelle mais aujourd’hui le manque est bien là.

Qu’est-ce qu’il se passe en moi?

J’ai enfin droit à des nuits complètes mais je suis tout le temps fatiguée, j’ai tout pour être heureuse mais je me sens un peu triste. J’ai d’abord mis ça sur le dos du Corona puis je suis tombée par hasard sur le terme “Milk Blues” dans un article sur Internet, décrit comme une déprime post-allaitement causée par une chute d’hormones. En lisant les symptômes, je me suis reconnue à 100%.

C’est quoi le Milk Blues?

“L’allaitement libère de l’ocytocine, l’hormone de l’amour et du plaisir, qui créé un sentiment de détente et de bien-être chez la maman. Le sevrage entraîne une chute d’hormones, ce qui explique qu’elle peut se sentir triste sans raison pendant cette période” nous explique Marine Rossius, sage-femme spécialisée en lactation. La chute d’ocytocine provoque aussi une diminution de la patience et de la capacité d’empathie.

“L’arrêt de l’allaitement peut également rimer avec retour de couches qui engendre des émotions et une sensibilité exacerbée. Il n’est pas rare que les syndromes prémenstruels soient plus fort après une naissance qu’avant. Avoir l’œil sur son calendrier permet de relativiser ses sentiments” ajoute Natacha Butzbach, psychologue à La Curiosité Bienveillante.

Psychologiquement, certaines mères accusent le coup si elles arrêtent de nourrir leur bébé au sein à contre-coeur, à cause de leur retour au travail par exemple. Marine Rossius recommande de pratiquer le peau-à-peau et le portage après l’arrêt de l’allaitement, deux méthodes qui stimulent la sécrétion d’ocytocine pour que la transition se fasse en douceur. “N’hésitez pas non plus à parler de votre mal-être autour de vous, à demander une aide psychologique ou à vous adresser à La Leche League” conseille la spécialiste.

En parler pour normaliser la déprime post-allaitement

Je n’avais pas fait le lien entre mon humeur de ces derniers jours et la fin de l’allaitement. Je connaissais le “Baby Bues” mais je ne m’attendais pas à vivre un down 9 mois après la naissance de mon enfant. Apprendre que la phase par laquelle je passais était 100% normale m’a déjà fait du bien au moral. Et j’espère, via cet article, pouvoir mettre des mots sur les maux d’autres mamans qui ont également ressenti ça et prévenir les femmes qui s’apprêtent à arrêter d’allaiter, le cœur un peu en miettes.

Photo: Marie van Bleyenbergh

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