#JeSuisIntersexe: le hashtag qui dénonce la violence subie par les personnes intersexes
Cela fait maintenant plusieurs jours que Twitter voit défiler une série de témoignages sur les violences subies par les personnes intersexes et ce, sous le hashtag #JeSuisIntersexe. Des histoires qui font froid dans le dos et qui dénoncent tout haut ce qui a été trop longtemps gardé secret.
Selon l’UNFE, l’United Nations Free & Equal, “les personnes intersexes sont nées avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires types des corps masculins ou féminins. Le terme intersexe s’emploie pour décrire une large gamme de variations naturelles du corps. Celles-ci peuvent être apparentes à la naissance ou seulement à la puberté. Certaines variations intersexes chromosomiques peuvent ne présenter aucun signe extérieur”.
“On m’a sciemment caché les risques opératoires”
Le hashtag #JeSuisIntersexe dénonce la violence médicale subie par certaines personnes intersexes, qui n’envisageaient pas forcément l’opération. “Grandir en étant un enfant/ado intersexe, c’est grandir dans un tabou permanent. Un tabou intime et un tabou social, sociétal. Nos corps sont effacés, cachés. Personne ne sait qu’on existe”, écrit un internaute sur Twitter. “Vous n’imaginez pas ds quel état d’esprit nous grandissons, traumatisés et isolés, persuadés que nous sommes des monstres à cacher, bourrés de traumatismes qu’on ne pourra partager avec personne, puisqu’il ne faut surtout pas en parler, surtout pas se montrer”, rajoute-t-il.
Une autre, souffrant du syndrome de Rokitansky, soit l’absence de vagin et d’utérus à la naissance, explique les propos qu’un médecin a eu à son égard. “Tu dois te faire opérer afin que ton futur compagnon puisse te pénétrer et que tu deviennes comme n’importe quelle fille. On m’a fait comprendre que j’avais l’obligation d’être opérée car une femme sans vagin n’est pas une femme et que la pénétration vaginale est obligatoire”, détaille-t-elle en rajoutant: “On m’a sciemment caché les risques opératoires, les soins post-opératoires à base de dilatations vaginales à faire durant de nombreux mois que j’avais refusé précédemment car je les trouvais intrusifs, douloureux et traumatisants”.
THREAD
Bonjour, je m’appelle Coralie , je suis une pers.intersexe. Je suis née avec un syndrome de Rokitansky à savoir une absence de vagin et d’utérus. Je l’ai appris à l’âge de 15 ans. Je vais vous mettre toutes les paroles et maltraitances que j’ai pu entendre
— Lostmemory- ASBL (@LostmemoryCoco) May 22, 2020
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Une violation des droits fondamentaux
On ne parle que trop peu de ce que vivent et ressentent les personnes intersexes et c’est la raison pour laquelle ce hashtag a vu le jour. Pour libérer la parole et hurler les maux par des mots forts et puissants. Alors que la défense de la cause LGBTQI+ rassemble de plus en plus de monde autour d’elle, on se rend compte que l’on oublie trop facilement le “I” de l’acronyme, alors que les personnes intersexes ont tout autant besoin que l’on garantisse leurs droits.
Cette peur latente d’être renvoyé sur une autre planète. Ca marque, ces années de solitude, ces mensonges qui veulent vous faire croire que vous êtes une pièce unique, un magnifique raté rarissime. #JeSuisIntersexe
— Lysandr’agon ? ? (@PommVert) May 25, 2020
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Je m’appelle Bruno et #JeSuisIntersexe, je suis un mec trans et pas exactement binaire non plus.
On a voulu me forcer à être une fille que je n’étais pas. Mon histoire n’est pas la plus horrifiante de toutes, mais aujourd’hui elle alimente ma dysphorie chaque jour.
— Bruno le canard ?️⚧️ (@M_Faulmeyer) May 23, 2020
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Amnesty International explique d’ailleurs à ce propos que “beaucoup subissent des interventions médicales dans le but de les « normaliser », alors que ces interventions sont invasives et irréversibles et, bien souvent, ne présentent pas de caractère d’urgence. Ces enfants sont trop jeunes pour donner leur accord au moment de l’intervention et leurs parents déplorent le peu d’informations et de soutien adapté qui leur sont donnés pour leur permettre de prendre une décision éclairée sur ce qui est le mieux pour leurs enfants. Ces pratiques peuvent constituer des violations flagrantes de leurs droits fondamentaux”. En Belgique, aussi étonnant que cela puisse paraître, les droits fondamentaux des personnes intersexes ne sont pas garantis... Et personne ne s’en rend forcément compte. Pourtant, en février 2019, notre pays a été interpellé par le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, ce dernier déclarant être préoccupé par le fait que les enfants intersexes sont soumis inutilement à des procédures médicales de normalisation. Le même mois, “les eurodéputés condamnent fermement les procédures médicales de normalisation des enfants intersexes et invitent les États à adopter dès que possible une législation protectrice de l’intégrité physique, l’autonomie et l’autodétermination de ces enfants.”
Cette initiative nous montre à quel point la communauté LGBTQI+ a besoin de soutien pour faire avancer son combat quotidien pour garantir ses droits fondamentaux. Parce que derrière chaque lettre de cette acronyme, on retrouve des personnes qui se battent chaque jour pour assurer leurs droits. Et pour cela, un seul moyen: se faire entendre, encore, encore et encore.
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