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TÉMOIGNAGE: Suzanne a choisi de se consacrer à l’aide à la jeunesse

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Depuis son enfance, Suzanne souffre de dyslexie. Ce trouble de l’apprentissage s’est révélé être une force pour la jeune ardennaise ; il a non seulement façonné sa personnalité, mais aussi sa vision du monde. Aujourd’hui, elle met toute sa créativité, sa bienveillance et sa passion au service de jeunes en difficulté. Un travail prenant, parfois épuisant, mais surtout passionnant !

Un long fleuve (pas si) tranquille


“Quand j’étais enfant, on m’a diagnostiqué une dyslexie. J’ai eu besoin d’aide pour avancer, progresser, suivre à l’école... J’étais parfois découragée, mais mes proches m’ont toujours appris à relever la tête. L’enseignement de type classique n’était pas bien adapté à mes difficultés d’apprentissage et j’ai rencontré de nombreux obstacles et accrocs tout au long de mon cursus scolaire. Les professeurs ne me proposaient pas de façon alternative de prouver ma valeur, il n’y avait qu’une voie prédéfinie vers la réussite. Et c’était compliqué pour moi. J’ai donc rapidement pris conscience de toute la complexité de l’être humain, et je me suis rendu compte que malgré les difficultés, tout est possible à qui le veut. Mes parents ont eu leur part à jouer dans mon épanouissement : ils sont très ouverts d’esprit, intéressés par le monde et ses infinies richesses.”

Je me suis épanouie à travers l’art et la créativité. C’était pour moi une façon alternative de m’exprimer.


“En secondaire, j’ai opté pour une option artistique. Cela m’a permis de développer ma créativité et de m’exprimer par un autre biais que celui du langage ou de l’écriture. Puis j’ai tenté des études supérieures en psychologie, sans grande conviction. Et cela n’a pas été très concluant, car je ne savais pas vers où j’allais, je me cherchais encore… J’ai décidé d’y mettre un terme et de prendre du recul pour mieux m’écouter, comprendre mes envies, peaufiner mes objectifs. Je ressentais le besoin de me plonger dans le concret. Et j’ai commencé à chercher un boulot dans l’aide à la jeunesse… J’avais effectué des stages dans ce secteur et je m’étais sentie en phase avec moi-même à cette période.”

 

Rencontres enrichissantes


“J’ai trouvé un premier job à La Capucine à Libin, un service d’accueil et d’aide éducative. Et j’ai repris, en parallèle, des études d’éducatrice spécialisée en promotion sociale. C’était il y a trois ans. Puis, de fil en aiguille et de rencontre en rencontre, j’ai atterri à l’IMP La Providence à Étalle. La relation privilégiée que j’entretiens aujourd’hui avec les jeunes que j’encadre est le résultat de toutes les expériences que j’ai eu la chance de vivre jusqu’ici. Elle est teintée par mes études artistiques mais aussi par les obstacles que j’ai rencontrés et qui m’ont permis d’appréhender le monde différemment.”

Dans la vie, on a tous besoin d’aide… Une aide bienveillante qui nous permette d’évoluer et de grandir.


“J’éprouve un désir ardent de transmettre tout ce que j’ai appris aux personnes que je côtoie. J’ai envie de leur dire de croire en leurs rêves, quoi qu’il en soit. Il y a des domaines dans lesquels on excelle et d’autres qui ne sont pas fait pour nous… Mais il ne faut jamais perdre espoir, parce qu’on finit toujours par trouver sa voie. Chaque personne sur cette terre a le droit d’être soi-même et de s’épanouir dans ses choix. À travers mon travail, j’essaye de valoriser les compétences, les savoir-faire et les savoir-être des enfants que j’accompagne. Et j’en fais de même avec mes collègues. C’est quelque chose de très important pour moi d’échanger, de communiquer avec tout le monde, pour mieux comprendre la singularité des personnes qui m’entourent. Je pense que dans la vie, on a tous besoin d’aide et d’accompagnement. Un accompagnement bienveillant, qui nous permette d’évoluer et de grandir.”

 

Béquille de secours


“Ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est de guider les jeunes dans des périodes compliquées de leur vie. Je ne me vois pas comme leur ‘sauveuse’... Plutôt comme leur guide ! C’est comme si j’étais une paire de béquilles pour quelqu’un qui vient de se casser la jambe : en s’appuyant sur moi, la personne peut se relever et avancer, mais cette action nécessite d’abord une motivation, une force intrinsèque. Je ne suis pas là pour faire les choses à la place des jeunes, mais bien pour les accompagner dans un chemin qui n’est pas toujours tout rose.”

Je suis comme une béquille, prête et disposée à soutenir un blessé… mais pas à faire les choses à sa place.


“À l’avenir, j’aimerais que la vision de la société sur les personnes fragilisées par leur parcours de vie change… Parce que tous les humains ont en eux d’incroyables richesses et que nous avons tous à apprendre les uns des autres. En nous ouvrant davantage sur le monde, nous nous enrichissons. Mais les stéréotypes ont la vie dure et la route est encore longue pour banaliser les personnes vulnérables.”

Réalisation: avec Marine Lemaire.



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