Pourquoi près de la moitié des entrepreneures belges envisagent de tout plaquer
Les femmes entrepreneures ont beau avoir plus que jamais le vent en poupe en Belgique, leur quotidien n’en est pas plus aisé pour autant. La preuve avec une étude réalisée par l’assureur-vie NN, qui révèle qu’en 2018, 40% des entrepreneures belges ont envisagé d’arrêter leur activité.
Pour parvenir à ce constat préoccupant, NN s’est associé au Syndicat Neutre pour Indépendants et a mené l’enquête auprès de 1948 Belges, dont 1007 femmes entrepreneures, au sujet de leur situation professionnelle actuelle mais aussi de leur vision de l’avenir de leur carrière. Verdict: sur les 218 172 femmes indépendantes à titre principal de Belgique, 38% ont envisagé l’an dernier d’arrêter leur activité. Mais pourquoi donc? D’abord parce que pour 70% d’entre elles, il est difficile de s’en sortir financièrement pendant le congé de maternité. Mais aussi parce qu’outre l’incertitude financière inhérente au statut d’indépendant, elles s’inquiètent aussi de la faible pension qu’elles percevront plus tard. Et comme on les comprend: actuellement, la pension moyenne d’une femme indépendante est de 331,87 euros, contre 1087,63 euros pour les hommes. Un écart criant, auquel il faut ajouter le fait qu’une femme entrepreneure gagne aujourd’hui encore 30 % de moins que son homologue masculin.
Autre difficulté qui impacte différemmment femmes et hommes indépendants: le congé maternité. “Même si les femmes entrepreneures peuvent prendre 12 semaines de congé de maternité, il ressort de l’étude de NN que ces femmes doivent être rapidement à nouveau disponibles pour leur travail. Les femmes entrepreneures doivent continuer à répondre aux e-mails et rester présentes sur les réseaux sociaux pendant leur congé de maternité. Pas moins de 82 % des femmes indépendantes restent actives pour leur entreprise durant cette période. Près de 7 femmes entrepreneures belges sur 10 s’en sortent plus ou moins difficilement sur le plan financier pendant leur congé de maternité (68 %)”. Alors que 30% des femmes belges âgées de 20 à 49 ans poursuivent le rêve de devenir indépendantes, comment l’encourager face à cette incertitude économique qui plombe leurs rêves?
Si nous voulons encourager ces dernières à se lancer dans l’entrepreneuriat, il faut instaurer une meilleure politique sociale. Une pension décente, une offre plus large et plus flexible d’accueil des jeunes enfants et un congé de maternité plus long sont les principaux éléments qui peuvent inverser le courant”
Jan Van Autreve, CEO de l’assureur-vie NN, dénonce la situation qui discrimine les femmes entrepreneures. “Pour la plupart des femmes entrepreneures, ce n’est pas en premier lieu la pression au travail ou le nombre réduit de jours de vacances qui est à l’origine de cette réaction, mais bien l’insécurité financière actuelle et future. Aujourd’hui, les femmes indépendantes ne peuvent plus compter que sur elles-mêmes pour faire de leur pension une pension viable”.
Pour encourager les femmes à devenir indépendantes dans notre pays, il y a clairement du pain sur la planche pour améliorer leur statut social. Il n’y a absolument aucune raison à ce que les femmes entrepreneures n’aient pas droit, au terme de leur carrière, à une pension décente”.
Et Christine Mattheeuws, présidente du SNI, d’ajouter que son syndicat dédié aux indépendants met trois exigences sur la table pour attirer plus de femmes entrepreneures et soutenir comme il se doit celles qui ont déjà sauté le pas: “un meilleur régime de pension : la pension moyenne d’une femme indépendante n’équivaut pas encore à un tiers de celle des hommes. Les pensions des femmes entrepreneures doivent donc impérativement être augmentées. Une indemnité d’arrêt à part entière : de nombreuses femmes non indépendantes ont peur d’échouer, ce qui les freine à sauter le pas pour devenir indépendante. Un accueil des jeunes enfants plus flexible : l’offre de crèches où les femmes indépendantes peuvent déposer ou reprendre leurs enfants avant ou après les heures de bureau est trop faible. Ce qui génère un stress inutile et des frustrations”. Un soutien plus que nécessaire quand on sait qu’une grande partie des femmes entrepreneures travaillent 7 jours sur 7.
Lire aussi:
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici