La ““mecsplication””: cette manie des hommes à nous expliquer ce que l’on sait
Contraction de “man” (homme) et “explaining” (explication), le “mansplaining” ou en français “mecsplication” pointe cette tendance (horripilante) qu’ont les hommes à s’adresser aux femmes d’un air condescendant pour leur expliquer ce qu’elles savent déjà.
Un nouveau mot au dico
“Expliquer quelque chose à quelqu’un, typiquement à une femme, d’une manière paternaliste et/ou condescendante” tel est la définition du terme “mansplaining” ou en français “mecsplication” donnée par l’Oxford English Dictionnary qui vient tout juste d’ajouter le mot au dico. Un mot tout neuf mais une tendance qui ne date pas d’hier. N’avez-vous jamais été face à un homme persuadé d’en savoir plus sur un sujet et tentant même de vous l’expliquer alors que vous le connaissiez mieux que lui?
Aux origines du terme “mansplaining”
La notion a vu le jour aux Etats-Unis en 2008 après la parution de l’essai “Ces hommes qui m’expliquent la vie” de Rebecca Solnit. C’est son exemple frappant de “mansplaining” que tout le monde a rapidement retenu. Elle raconte qu’au cours d’un dîner à la station de ski d’Aspen (Colorado), un homme entreprend la conversation en lâchant “il paraît que vous avez écrit un livre ou deux?“. Rebecca Solnit a en effet écrit sept livres dont le dernier est consacré au photographe Eadweard Muybridge. Bien qu’elle essaye de parler à l’inconnu de ce dernier ouvrage, celui-ci l’interrompt pour justement lui parler d’un livre paru à ce sujet. L’homme en question lâche tout son baratin sur le fameux livre, qu’il n’a en réalité pas lu et dont l’auteur n’est autre que la jeune femme qu’il a en face de lui, Rebecca Solnit... Aberrant? Pas tant que ça!
Un terme pour un phénomène
Cet exemple est un exemple parmi tant d’autres. Et c’est justement car, le “mecsplication” pointe un véritable phénomène que Rebecca a finalement accepté de l’employer. Il faut savoir que lors de son essai, l’écrivaine n’avait pas utilisé une seule fois le terme. “Une jeune étudiante à l’université de Berkeley m’a fait remarquer que ce mot était important, voire précieux, parce qu’il permettait de nommer une expérience qu’elle – comme beaucoup d’autres – avait connue. Nommer, identifier ce phénomène permet de comprendre que c’est un schéma, un syndrome, pas seulement une expérience personnelle malheureuse. Diagnostiquer un mal est la première étape nécessaire pour commencer à l’endiguer.” explique-t-elle récemment au journal Libération.
Un phénomène récurrent
Désormais, l’utilisation de ce néologisme est de plus en plus courante. Sur Twitter, les exemples de “mecsplication” ne manquent pas. En 2017, Tracy Boomeisha-Ann Clayton avait d’ailleurs appelé les femmes à témoigner: “Quelle est la chose la plus exaspérante que l’on a essayé de vous “mansplainer”?” avait-elle twitté.
https://twitter.com/EmilyLindin/status/844417483914330112?ref_src=twsrc%5Etfw&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.lebonbon.fr%2Fparis%2Fsociete%2Foh-oui-michel-explique-moi-le-feminisme-comprendre-le-mansplaining%2F
“Une fois, un mec m’a expliqué le harcèlement de rue : “Apparemment, c’est un truc que les gens font maintenant”. Oh, apparemment ça se fait. Merci.”
Gare aux généralités
Si le terme définit un phénomène, il faut être vigilant quant à son utilisation. Un homme qui explique quelque chose à une femme, ce n’est pas nécessairement de la “mecsplication”! Mettre un mot sur des situations récurrentes permet d’identifier un phénomène mais également le risque qu’il soit utilisé à tout va... On fait attention aux généralités!
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