Longtemps perçu comme associé uniquement à l’enfance, le TDAH, ou trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, ne disparaît pas à l’âge adulte pour autant, loin de là. Comme son nom l’indique, il implique un trouble de l’attention, mais aussi des soucis de concentration et bien souvent, l’impossibilité de rester en place. Mais comment savoir si vous en souffrez ou si vous avez juste un caractère impétueux?
Dans la première saison de “Desperate Housewives”, pourtant diffusée il y a plus de quinze ans, le personnage de Lynette Scavo mettait doublement la problématique du TDAH en lumière. D’abord, par le biais de ses démons jumeaux, qu’une institutrice sans qualifications médicales diagnostiquait comme souffrant d’un trouble de l’attention, mais aussi, quelques épisodes plus tard, en suivant les conseils d’une maman et en piquant les médicaments prescrits à sa progéniture pour se donner un petit coup de boost. Quinze ans plus tard, on en est toujours plus ou moins là: non seulement le TDAH a tendance à être brandi à la moindre occasion, souvent par des personnes qui n’ont qu’une connaissance très superficielle de ce que ce trouble implique et ne le connaissent d’ailleurs parfois même que de nom, mais en prime, il fait épisodiquement l’actualité au gré de l’un ou l’autre article se concentrant sur les étudiants ou les professionnels débordés qui ont recours à des médicaments tels que la Rilatine pour leurs effets psychostimulants. Le TDAH, une blague? Au contraire, le trouble est plus que sérieux, et source de sérieuses souffrances pour ceux et celles qui en souffrent. Mais d’abord, à part un acronyme, le t-d-h-a, c’est quoi?
Une structure cérébrale différente
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité désigne, comme son nom l’indique, un trouble du neurodéveloppement caractérisé des difficultés d’attention et de concentration, certes, mais aussi deux autres symptômes, impulsivité et hyperactivité motrice, les trois pouvant se manifester seuls ou de manière combinée.
Selon la Haute autorité française de la santé, on va parler de TDAH lorsque ces trois symptômes se manifestent de manière persistante, sur une période de six mois ou plus, et d’une manière suffisamment considérable pour perturber les relations sociales ou le travail scolaire, par exemple, dans le cas d’un enfant. Un trouble qui trouverait ses causes dans la structure du cerveau, selon une étude publiée en 2017 dans la revue médicale The Lancet, étude au cours de laquelle une équipe de l’Université Radboud à Nimègue (Pays-Bas), ont étudié les cerveaux de plus de 3 200 personnes, pour parvenir à la conclusion que celui des personnes atteintes de TDAH serait légèrement plus petit. L’auteure principale de l’étude, le Dr Martine Hoogman, avait souligné que les différences de taille étaient toutefois minimes, et confié son espoir que leurs recherches permettraient de déstigmatiser la maladie.
Les résultats de notre étude confirment que les personnes atteintes de TDAH présentent des différences dans leur structure cérébrale et donc, qu’il s’agit d’un trouble du cerveau (...) Le TDAH n’est donc pas juste un label à poser sur les enfants difficiles ou les parents incompétents, et nous espérons que nos recherches contribueront à une meilleure compréhension de ce trouble” – Dr Martine Hoogman.
Mais d’ailleurs, pourquoi est-il si mal compris mais aussi si souvent mal diagnostiqué?
Ainsi que l’explique le Dr Nicolas Wuyard, psychiatre en région liégeoise, il n’existe pas de distinction inhérente au trouble du déficit de l’attention chez l’adulte ou chez l’enfant. “Ce n’est pas tant que la maladie “existe aussi chez l’adulte”, c’est surtout que ce sont des enfants qui vieillissent et chez qui soit ça n’a pas été diagnostiqué dans l’enfance, soit la prise en charge n’a pas été suffisante, et où on garde certaines difficultés”. Des difficultés parfois handicapantes dans la vie quotidienne. “Jusqu’il y a peu, les experts croyaient que ce trouble disparaissait à l’adolescence suite au développement du cerveau ainsi qu’aux changements hormonaux et développementaux.
Actuellement, le monde médical reconnaît que les symptômes du TDA/H persistent chez l’adulte dans 90% des cas, même si leurs expressions évoluent avec le temps et selon l’histoire de chacun, ses échecs, ses réussites, son environnement personnel, professionnel...” souligne-t-on du côté de la plateforme TDA/H Belgique.
Parmi ces 90%, 60% des adultes arrivent à gérer les déficits liés à leur TDA/H et fonctionnent donc mieux que pendant leur enfance. Ce sont en général les patients qui ont été, dès leur plus jeune âge, diagnostiqués, accompagnés et traités, qui ont trouvé dans leur entourage le soutien nécessaire et ont appris à mettre en place des moyens de compensation efficaces. Les 30% restant gardent des symptômes majeurs qui handicapent leur quotidien” TDAH/H Belgique.
Et les experts de la plateforme de citer, entre autres, les difficultés d’organisation et de gestion des priorités, “dont les circonstances s’aggravent avec les responsabilités grandissantes”, la distraction à laquelle succèdent “les rendez-vous manqués et les pertes de documents”, l’hyperactivité motrice, souvent moins intense que dans l’enfance mais “pourtant fréquemment vécue comme un inconfort dans les situations d’attente, et canalisée avec plus ou moins de succès dans divers défouloirs”, sans oublier l’impulsivité. “L’adulte atteint de TDAH reste fort impulsif, il ne réfléchit pas assez avant d’agir ou de parler, prend des décisions trop rapidement, a des difficultés à écouter les autres, à apprendre de ses erreurs ou à supporter les frustrations”.
Comment gérer son TDAH
Et pour les professionnels de la santé qui se retrouvent face à un adulte atteint de TDAH, toute la difficulté réside dans la pose du bon diagnostic. “Une fois adulte, ce sont des symptômes assez atypiques qu’on a tendance à attribuer à un autre diagnostic” explique le Dr Wuyard, qui prend le cas de son confrère officiant dans une institution dédiée aux patients borderline, et lui ayant confié qu’il y avait un pourcentage important de patients étiquetés bordeline qui sont en réalité TDAH. Heureusement, une fois le bon diagnostic posé, des pistes de traitement existent, entre approche médicamenteuse le temps de stabiliser les symptômes, et prise en charge cognitivo-comportementale. Et pourquoi pas, explorer d’autres pistes en parallèle pour gérer le déficit de l’attention.
Reprise par TDAH France, cette liste compilée par le psychiatre américain Edward M. Hallowell rassemble 50 astuces pour gérer le déficit d’attention de l’adulte. Parmi celles-ci, un rappel qui fera probablement beaucoup de bien aux personnes en souffrance: “souvenez-vous que ce que vous avez, c’est une condition neuropsychiatrique. Ce n’est PAS une maladie de la volonté ou une défaillance morale, il ne s’agit PAS d’une faiblesse de caractère ou d’un manque de maturité. On ne pourra trouver de traitement ni dans la punition, ni dans le sacrifice, ni dans la douleur. Souvenez-vous toujours de cela”. Et ainsi que le rappelle le psychiatre, “donnez-vous l’autorisation d’être vous même”. Sans culpabiliser, les adultes souffrant de TDAH ayant besoin de beaucoup d’encouragement.
Envie de faire de votre différence votre force? Sachez que l’ASBL TDA/H Belgique rassemble différentes pistes de soutien, entre groupes de discussion, conseils pour (re)construire son estime de soi et brochure destinée spécifiquement aux adultes atteints. Sur le site Trajet de soins TDAH, vous trouverez également des conseils quant à la marche à suivre si vous soupçonnez un TDA/H.
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