Témoignage: ““J’ai décidé de devenir père au foyer pour être plus heureux””
Certains choix changent notre existence du tout au tout mais encore faut-il oser se lancer sans filets, à l’assaut de son propre bonheur. Il y a six ans, Rik, 34 ans, a choisi de devenir père au foyer. Il a cinq fils, âgés de 3 à 12 ans et se sent privilégié de les voir grandir. Il se confie sur cette décision essentielle qui le rend aujourd’hui vraiment heureux.
“Ma femme Vicky et moi avons cinq garçons: William, 12 ans, Vince, 10 ans, des jumeaux Jake et Matthew qui ont célébré leur 8e anniversaire cette année et Lewis, notre benjamin, âgé de 3 ans. Jusqu’en 2014, je travaillais dans la vente et suivais en parallèle une formation d’éducateur, tandis que Vicky était infirmière et étudiait pour devenir sage-femme. Combiner boulot et cours tout en s’occupant de quatre jeunes enfants était très difficile et nous nous sentions constamment dépassés. Nous avions abandonné l’idée de faire le ménage et il était impossible de passer des moments de qualité avec nos enfants. Nous n’arrivions pas à trouver un équilibre sain entre vie privée et professionnelle. Bref, on était constamment sur la brèche, en espérant ne pas finir par craquer. Puis mon père est décédé et cela a remis de nombreuses choses en perspective. Et nous avons alors commencé à nous demander s’il n’y avait pas d’autres options, un meilleur fonctionnement.
Je n’avais jamais pensé à devenir père au foyer. Pas plus que je n’avais imaginé que ma femme puisse rester à la maison pour s’occuper des enfants.
D’autant qu’elle est plus diplômée que moi, a un meilleur poste et un meilleur salaire. Si quelqu’un devait s’arrêter de travailler, il semblait donc logique que ce soit moi. Et je trouvais naturel d’assumer ce rôle. Prendre cette décision n’a pas été difficile, même si je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre.
Papa à temps plein
Dans le monde actuel, les parents au foyer sont l’exception plutôt que la règle. Et un papa qui reste à la maison est un spécimen d’autant plus rare (rires). Encore aujourd’hui, on me demande souvent pourquoi c’est moi qui m’occupe des enfants et pas Vicky. Les gens continuent d’avoir une vision stéréotypée, de l’homme qui doit prendre soin financièrement de sa famille. Mais cela ne fonctionne pas ainsi chez nous. En tant que papa au foyer, je ne chôme pas, bien au contraire, même si ça ne veut pas dire que toutes les tâches ménagères reposent sur mes épaules.
Je m’occupe des obligations quotidiennes comme réveiller les enfants, les habiller, les conduire à l’école et les récupérer après les cours, mais je laisse certains devoirs à Vicky, comme le repassage.
Et nous ne tenons pas une liste claire et précise de qui doit faire quoi. Nous nous relayons et chacun intervient au besoin même s’il est bien sûr plus facile pour moi d’ajuster mon horaire en fonction de la famille. Le choix d’être papa à temps plein a de nombreux avantages mais aussi ses inconvénients. Je ne me suis pas bâti de carrière ces six dernières années, même si je ne pense pas que cela m’empêchera de m’en construire une à l’avenir. Et il nous faut aussi payer toutes les factures avec un seul salaire, bien que je ne considère pas cela comme un véritable souci, car être père au foyer était un choix personnel. J’ai grandi dans une famille vraiment pauvre et c’était très différent de notre situation. Alors bien sûr, avec sept personnes à la maison, on doit faire attention à nos dépenses, mais nos fils ne manquent de rien.
Éviter les regrets
En quoi devenir père au foyer a été la meilleure décision de ma vie? Cela me permet d’être toujours là pour ma femme et nos enfants. Et j’ai le privilège de les voir grandir. Un principe précieux qui, à mon avis, est sous-estimé par ceux de notre génération. Nos bouts de chou ne sont petits qu’une seule fois et l’on ne récupère jamais le temps perdu. Tout est éphémère, en particulier l’enfance. Vous clignez des yeux, et soudain vous réalisez que les années ont passé. Et que vous ne pourrez pas rattraper ces moments où vous n’étiez pas là.
Je connais de nombreux adultes qui blâment encore leurs parents de ne pas avoir assez été présents quand ils étaient enfants. C’est quelque chose qui marque et persiste, malgré le temps qui passe. Alors il semble logique de tout faire pour éviter les regrets si l’on en a l’occasion.
Mais, que ce soit clair, je ne juge personne. Et je sais que tout le monde est loin d’avoir le choix. Que ce soient les parents célibataires ou les couples qui ne gagnent pas assez d’argent pour se passer d’un revenu. Dans notre société il est de plus en plus difficile de joindre les deux bouts sans partenaire à ses côtés. Si je travaillais à temps plein, nous aurions bien-sûr une plus grande marge de manœuvre financière, mais pas tant que ça au final, en comptant l’emploi d’une nounou et l’achat d’une seconde voiture. Et est-ce qu’un peu d’argent en plus ferait le poids face au bonheur de rester à la maison pour nos enfants et à la tranquillité que ça apporte ? Clairement pas pour nous.”
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