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© Lorie - Reporters

Atteinte d’endométriose, Lorie interpelle le président Macron

La rédaction

Dans une lettre ouverte, Lorie a interpellé le président Emmanuel Macron concernant la congélation préventive d’ovocytes pour les femmes atteintes d’endométriose. Elle a reçu une réponse.


“Monsieur le Président, au nom de toutes ces femmes injustement discriminées dans notre pays je vous implore de joindre les actes à la parole”. À travers une lettre ouverte, Lorie a demandé au président de la République d’autoriser la congélation préventive d’ovocytes aux femmes atteintes d’endométriose. Cette maladie, encore trop sous-estimée, peut rendre infertile. Elle provoque aussi des douleurs atroces en raison de la migration de cellules utérines dans le reste du corps.

Voici les mots que la chanteuse a adressés au président.

La lettre ouverte de Lorie


“Ce 25 septembre, après un réveil difficile, j’ai eu la surprise d’apprendre que le Comité Consultatif National d’Ethique s’était exprimé en faveur de la congélation ovocytaire. «Coup d’envoi de la révision de la loi bioéthique» titrait mon journal. Je commençais à entrevoir une partie de mon rêve. L’article disait que «le gouvernement présenterait un projet de loi qui devrait être examiné au Parlement début 2019 ».

Nous sommes des milliers à nourrir cet espoir ardent de donner la vie. Je veux me rendre utile, pour elles, pour moi, pour mon pays. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité rencontrer Agnès Buzyn, Ministre de la Santé, pour partager mon expérience avec elle. Je lui ai adressé mon livre « Les choses de ma vie » car Il est temps que le gouvernement entende notre appel et nous extirpe de ce dilemme qui nous contraint à enfreindre la loi pour donner la vie car c’est bien de cela dont il s’agit.

Je souffre d’endométriose mais pas assez sévèrement pour que mon pays accompagne mon désir de grossesse. Comme une femme sur dix en France, je crains de ne jamais pouvoir devenir mère, alors s’entendre dire que cette évolution relèverait du «confort» est inacceptable et incompréhensible. Le régime actuel limite la congélation ovocytaire aux femmes atteintes d’endométriose «sévères» ce qui nous pousse à des décisions extrêmes. Cette loi me pèse, nous pèse, lourdement, au quotidien. Elle est source de souffrances psychologiques qui s’ajoutent à celles causées par la maladie elle-même.

Je suis déçue et en colère. La France, mon pays, septième puissance mondiale me refuse le droit de donner la vie. Incompréhension d’autant plus grande que de nombreux pays européens l’autorisent.

Les consciences se réveillent timidement mais les françaises n’ont toujours pas le droit de disposer de leur corps. Otages d’un débat politicien qui confisque le fond, nous sommes poussées à agir. Notre pays se vante pourtant de faire de l’égalité homme-femme une priorité. Comment justifier alors cette discrimination entre les régimes de congélation de gamètes des hommes et des femmes?

La responsabilité incomberait à chacune de «prendre ses dispositions» pour satisfaire son projet de maternité avant l’échéance fatale. Si comme moi le mal qui vous ronge n’est pas assez sévère aux yeux de la loi ; si vous êtes célibataire, âgée de 35 ans. Si vous n’avez pas rencontré le partenaire idéal et avez fait le choix de saisir des opportunités professionnelles. Armez-vous de courage.

Si l’on m’avait dit qu’à 25 ans la probabilité d’avoir un enfant par cycle était de 25%, de 12% à 35 et de 6% à 40 ans, j’aurais mis toutes les chances de mon côté, en congelant mes ovocytes. Plus jeune, je voulais être mère à 27 ans, comme mes parents. Je trouvais l’écart parfait mais il n’en a pas été ainsi. Aujourd’hui je suis prête mais l’endométriose m’en empêche et le droit me l’interdit.

Pourtant, une première autorisation fut difficilement acquise en 2011. Force est de constater que 7 ans plus tard, en dépit du fait que les mentalités aient évoluées, que les inégalités hommes- femmes soient de moins en moins acceptées, nous en sommes au même point. Pour être mère, je dois toujours contrevenir à la loi et faire en Espagne ce que mon pays m’interdit. Le Président de la République et le Gouvernement se sont fortement engagés dans cette direction. Alors, ce 25 septembre dernier, je me suis jurée en refermant le journal d’embrasser ce combat pour que notre pays, sans plus attendre, soit à la hauteur de ce rendez-vous avec ses citoyennes.

Monsieur le Président, au nom de toutes ces femmes injustement discriminées dans notre pays je vous implore de joindre les actes à la parole”.

La ministre de la santé lui répond


Agnès Buzyn, ministre française de la Santé, a répondu favorablement à cette lettre ouverte. Elle aussi souhaite étendre ce droit à la congélation préventive mais pas à tout prix.

“Je suis favorable à tout ce qui ouvre et donne plus de liberté, mais je souhaiterais qu’il y ait quand même des garde-fous pour que toutes les femmes à l’âge de 30 ans en France ne décident pas de congeler leurs ovocytes pour faire des enfants à 40 ans”, a expliqué la ministre lors de l’émission “Grand jury”.

Actuellement, la loi permet à certaines femmes de congeler des ovocytes pour raisons médicales, comme le cancer. Mais pas en vue de problème de fertilité au-delà de 35 ans. La ministre de la Santé ne souhaite pas voir une foule de femmes de 40 ans enceintes. “La loi de bioéthique pose la question de savoir si on peut le faire par confort à n’importe quelle femme de 30-35 ans, est-ce qu’elle aura le droit de se faire prélever ses ovocytes. Mon sentiment est partagé, il est assez compliqué (...) Je ne voudrais pas qu’il y ait un grand mouvement de comportement des femmes qui seraient amenées toutes à congeler leurs ovocytes et faire des enfants à 40 ans”.

Il semblerait donc que les femmes atteintes d’endométriose n’aient pas le choix d’avoir un enfant après 35 ans. Une décision interpellante quand on sait que cette maladie touche au moins une femme sur dix.

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