Les dangers méconnus des implants mammaires menacent la santé des patientes
“Il faut souffrir pour être belle” dit l’adage. Mais “mourir pour (se) plaire”? Là, ça va trop loin, ce qui n’empêche pourtant pas de nombreuses femmes d’avoir encore recours à des implants mammaires qui peuvent être dangereux pour la santé. Face aux lobbies tout puissants, un chirurgien esthétique belge essaie d’inverser la tendance.
En 34 ans de carrière, le Docteur José Budo a notamment officié à Londres, Miami et à Rio de Janeiro, en plus des consultations qu’il assure à Uccle, Liège ou encore Saint-Trond. Spécialisé dans la pose de prothèses mammaires en liquide physiologique, il en a posé plus de 8 000 à ce jour, et s’indigne que ce type de prothèses ne soit plus le seul utilisé sur le marché. Car pour les patientes qui choisissent des prothèses en silicone texturées ou recouvertes de polyuréthane, si les seins sont faux, les risques sur la santé, eux, sont bien réels. À commencer par le BI-ALCL, soit le Breast Implant-Associated Anaplastic Large Cell Lymphoma, une tumeur cancéreuse du système lymphatique directement liée à l’implantation de prothèses mammaires. En cause: les germes.
Un risque 45% plus élevé
En effet, malgré toutes les précautions prises lors de l’opération, il est virtuellement impossible d’implanter une prothèse mammaire 100% stérilement. Autrement dit, des germes sont introduits en même temps que la prothèse, et peuvent ensuite se multiplier et former un biofilm sur la surface de l’implant. Un biofilm susceptible de déclencher une réponse immunitaire qui, moyennant certaines conditions génétiques présentes chez la patiente, serait responsable de l’apparition du lymphome malin BI-ALCL. Une incidence estimée par une étude australienne à 1/60000 pour les prothèses en silicone microtexturées, 1/4000-8000 pour les prothèses macrotexturées et zéro pour les prothèses à membrane lisses remplies de sérum physiologique. Et il ne s’agit pas là du seul risque qu’encourent les femmes qui ont recours aux prothèses mammaires. Une étude israélienne d’envergure, réalisée en collaboration avec des chercheurs de l’Université d’Alberta, vient ainsi de révéler que près d’une patiente sur quatre risquait de développer un grave trouble auto-immun, ainsi que met en garde Jan Willem Cohen Tervaert, directeur de la division de rhumatologie de l’université canadienne.
Le risque de développer une maladie auto-immune chez les femmes ayant une implantation mammaire est de 45% plus élevé que chez les femmes sans implants. Notre étude est la première à confirmer cette relation sur base de diagnostics établis par des médecins.
Une étude dont les résultats alarmants ont mis la Food and Drug Administration américaine en alerte.
En Inde, une clinique propose des implants gratuits pour tous ceux qui en ont besoin
Dépistage nécessaire
L’organisme de certification a annoncé qu’une réunion serait convoquée l’année prochaine pour discuter des dangers éventuels de l’implantation de prothèses en silicone.
Il est établi que l’implantation de corps étrangers chez l’homme n’est pas sans risque chez les patients génétiquement prédisposés à une maladie auto-immune. C’est pourquoi des mesures de dépistage doivent être mises en place avant la chirurgie.
Et qu’un suivi attentif doit être mis en place après l’implantation des prothèses. Si le Docteur Budo assure ne pas vouloir créer la panique ni être contre la pose de prothèses mammaires, il recommande toutefois une approche plus prudente de la part des patientes. Et une prise de responsabilités au sein des médecins et des fabricants de prothèses. “Quand un fabricant vend une prothèse, il devrait dire clairement la durée de vie de la prothèse, parce qu’on sait qu’on ne peut pas garder des prothèses à vie. Il faut indiquer clairement la durée de vie du type de prothèse utilisé. Il est également primordial d’informer les patientes du fait que le silicone est tout sauf une matière inerte, il transpire et détruit son enveloppe et il est détruit par le corps, un processus lors duquel il y a des métaux lourds (plomb, arsenic, mercure) qui sont déversés dans le corps. Il faut également leur recommander une écho ou mammographie ou encore une prise de sang tous les deux ou trois ans pour évaluer évolution de la prothèse. Le chirurgien pourrait alors informer bien plus efficacement les patientes”. Car l’information est primordiale.
On voit des filles de 17-18 ans chez qui on implante des prothèses et qui ne savent pas que pour le restant de leur vie elles resteront clientes chez le chirurgien, que tous les 10 ans il faut enlever et remplacer les prothèses. Le but n’est surtout pas de faire paniquer les gens, ça ne sert à rien, mais il faut qu’il y ait une prise de conscience, que la patiente pose les bonnes questions, et que tant les chirurgiens que les fabricants se mouillent. Il est important de connaître tous les risques avant de se lancer.
Une information qui n’est pas toujours facile à diffuser, dans un contexte où les lobbies industriels pratiquent selon le Docteur Budo une loi du silence (et de la désinformation) semblable à celle des cigarettiers quand on a commencé à parler du lien entre tabagisme et cancer. Qu’importe, il en faut plus pour décourager ce chirurgien esthétique passionné par son métier, qui estime qu’il est de son devoir de diffuser la vérité.
Les patientes nous font une confiance aveugle, on ne peut pas abuser de ça. Les chirurgiens qui ont arrêté d’utiliser des prothèses en polyuréthane doivent avertir leurs patientes, car une extraction de ces prothèses sans mutilation du sein est impossible. Bien sûr que je ne suis pas contre les prothèses mammaires, mais je suis contre le fait qu’on ne dise pas toute la vérité.
Et de rassurer les patientes qui auraient choisi des implants texturés ou recouverts de polyuréthane: non, il n’est pas nécessaire de les faire enlever sur le champ sous peine de développer un lymphome ou une maladie auto-immune. Il est primordial, par contre, d’effectuer un suivi régulier de l’évolution des implants. Ainsi que le rappelle le Docteur Budo, “faire poser des prothèses, ce n’est pas comme se mettre du vernis à ongles, ce n’est pas un acte de routine. Il faut que les patientes soient bien informées de ça et de tous les risques associés à l’opération, et pas seulement des éventuels risques opératoires”. Un esprit sein dans un corps sain.
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