On a parlé sexe et insécurités avec cinq mecs
Notre brochette d’hommes
Roman, 27 ans, hétéro, célibataire, rédacteur publicitaire
Gilles, 33 ans, hétéro, en couple, facteur
Anthony, 29 ans, gay, célibataire, enseignant
Li, 32 ans, bi, en couple avec un homme, account manager
Idris, 35 ans, hétéro, célibataire, photographe
Anaïs: “Avec cinq amis et beaucoup de bière, je me suis installée sur une terrasse ensoleillée. Et je leur ai demandé leurs astuces, leurs craintes, leurs insécurités, leurs déceptions et leurs préférences en matière de sexe… Bref, j’ai creusé pour connaître leurs secrets les plus intimes.”
Messieurs, commençons par le commencement ! Comment avez-vous vécu votre premier rapport sexuel ?
Gilles : « J’avais seize ans et j’étais depuis quelques mois avec ma copine de l’époque. Au début, je n’arrivais pas très bien à la pénétrer. Je plaisantais en disant que mon pénis était trop gros, mais qu’en mettant un oreiller sous ses fesses, ça irait mieux. »
Anthony : « Pour moi, ça a été horrible. J’ai su très jeune que j’étais gay et je n’ai jamais couché avec une femme – c’est dommage, ça aurait pu rendre ma première fois meilleure. Il n’y avait rien de romantique ou de charmant là-dedans, j’ai vraiment eu l’impression d’être ‘baisé’. J’aurais aimé oser indiquer ce que je voulais à l’époque, mais j’ai simplement subi ce premier rapport sexuel. »
Li : « Ma première fois avec une femme était plutôt sympa. Mais ce n’est que lorsque j’ai eu des rapports sexuels avec un homme, des années plus tard, que cela m’a vraiment fait vibrer. La pénétration anale est inconfortable au début, il faut ‘s’entraîner’ et utiliser beaucoup de lubrifiant. Sinon, c’est trop sensible et parfois même douloureux. »
Idris : « Pour moi aussi, c’était une expérience très sensible, mais d’une autre façon. Il a fallu à peine cinq secondes avant que je n’éjacule (rires). La honte ! Alors que j’avais attendu ce moment impatiemment, il s’est terminé avant même que je m’en rende compte. »
La nouvelle est tombée récemment : les manuels scolaires vont désormais prêter plus attention au clitoris. Pour vous, cette révélation est arrivée trop tard ?
Idris : « Les premières années, je n’étais pas un très bon coup au lit. Je jouissais trop vite et je ne connaissais rien au corps féminin, encore moins l’existence du clitoris. Je cachais mon manque de confiance sous une épaisse couche de nonchalance. Ce n’est qu’après quelques années que j’ai appris à mieux contrôler mon corps et que j’ai osé me plonger dans le plaisir de l’autre. »
Roman :
Ma première copine savait ce qu’elle aimait et était très ouverte à ce sujet. Elle a littéralement pris ma main et m’a montré les mouvements que je devais faire. J’ai beaucoup appris d’elle.
Vous ne le prenez pas mal quand une femme dit clairement ce qu’elle veut ?
Gilles : « Au contraire. Je grimace en me souvenant de la façon dont je doigtais mes premières copines, avec un va-et-vient super rapide. J’ai probablement appris ça quelque part en regardant du porno, jusqu’à ce que ma partenaire m’explique gentiment que je devrais faire plus attention à son clito. Le plus clair c’est, le mieux c’est. »
Idris : « J’aurais eu bien besoin de leçons particulières, moi aussi. Pendant longtemps, j’ai pensé que mon pénis seul faisait l’affaire, jusqu’à ce qu’une copine me montre comment faire. »
Ces croyances sont souvent dues à ce que l’on nous montre dans les films et à la télévision, où il semblerait qu’une femme jouisse simplement par la pénétration à répétition. En réalité, moins de 20 % des femmes sont sensibles à la pénétration seule. Une stimulation supplémentaire est généralement nécessaire.
Gilles : « Au début, je pensais que mon pénis était la grande source de plaisir, mais il s’est avéré que c’était seulement le cas pour moi (rires). Avec mes mains, le pommeau de douche ou un sextoy, ça marche mieux pour ma copine. »
Roman : « Toutes mes ex se touchaient pendant le sexe. Dans le cas d’un coup d’un soir, il y a — de manière injustifiée — beaucoup de réticence à l’égard de la masturbation, alors que je trouve ça extrêmement excitant à voir. »
Li : « J’aime quand mes partenaires prennent leur plaisir en main ! »
Idris :
À chaque rapport sexuel, je prends des initiatives pour faire plaisir à mes partenaires, souvent avec succès. Mais des instructions claires sur quoi, comment, plus vite, plus lentement… sont toujours les bienvenues.
Anthony : « Quand il s’agit d’homosexualité, tout le monde suppose que nous ne pratiquons que la pénétration anale. Mais ce on n’en a pas toujours envie. Parfois, la voie orale ou manuelle est tout aussi agréable. »
Le ressentez-vous comme un échec quand votre partenaire ne jouit pas ?
Li : « J’avais l’habitude de le penser, mais je sais maintenant que c’est plus complexe que ça. Mes partenaires féminines voient ça comme un échec si moi je ne jouis pas. »
Roman : « En effet ! La pression de la performance fait que j’éprouve souvent des difficultés à avoir un orgasme la première fois que je suis avec une nouvelle partenaire. Certaines femmes le prennent personnellement, même si ça n’a rien à voir avec elles. »
L’anxiété de la performance : cette pression de (faire) jouir. C’est quelque chose qui vous est familier ?
Idris : « Absolument. Le stress de vouloir bien faire m’empêche parfois d’avoir une érection ou un orgasme. »
Roman : « Je me sens blessé dans ma masculinité quand ça arrive. Et si la personne qui partage mon lit réagit mal, le stress dans ma tête ne fait que s’amplifier et rend les choses encore plus compliquées la fois suivante. »
Il y a selon vous un lien étroit entre l’état mental et la qualité du sexe ?
Anthony : « Clairement ! Par exemple, les deux premières années où j’avais des rapports sexuels, je n’arrivais pas jouir à cause de la pression que je me mettais. J’ai été victime de harcèlement pendant mon enfance et j’ai gardé une faible estime de moi pendant longtemps. L’année où je suis parti en Erasmus, j’ai pris un nouveau départ. J’ai fait l’amour avec un homme pour la première fois, et ça a soudainement marché. Simplement parce que je me sentais mieux. Alors oui, notre état mental est extrêmement important. Que ce soit avec un homme ou avec une femme. »
Gilles : « Il m’est arrivé plusieurs fois de ne pas réussir à bander ou de débander pendant l’acte, surtout en ayant trop bu. »
Roman : « J’ai été confronté à ce problème pendant mon burn-out. Ça a été un choc la première fois, mais maintenant je sais que ça n’arrive qu’occasionnellement, par exemple après une mauvaise journée. Le plus difficile, c’est quand l’autre personne en fait tout un plat. »
Li : « Je déteste quand j’entends des copines se plaindre que leur petit ami n’arrive pas à bander. On n’est pas des robots ! Parfois, c’est trop rapide, trop mou, il n’y a pas de désir, ou ça ne marche tout simplement pas. Le pire, c’est d’en faire toute une histoire, car souvent ça n’en est pas une. Dans les relations homosexuelles, nous sommes plus conscients de ça et nous sommes plus doux l’un envers l’autre à ce niveau. »
Idris : « Les croyances selon lesquelles les hommes doivent toujours avoir une érection et jouir à chaque rapport sont absurdes. J’ai déjà simulé un orgasme en tremblant de tout mon corps et en gémissant, la totale... C’était un coup d’un soir, et la fille insistait pour qu’on continue. J’ai fait ça plus pour son égo que pour mon plaisir. »
Li : « Faire semblant, c’est vraiment nul ! Ce qui me rebute le plus, ce sont les gens qui se donnent en spectacle. Un petit gémissement de plus peut être excitant, mais le sexe doit rester réel. »
Gilles : « Je suis totalement d’accord ! Faire semblant, c’est pire que tout. J’ai eu une copine qui criait ‘plus fort, plus fort’, comme dans un porno. Tellement bizarre que j’ai dû me retenir de rire. »
D’autres choses qui vous dérangent ? J’ai souvent pensé que les hommes s’enfuiraient devant mes fesses imparfaites.
Anthony : « Une mauvaise hygiène a le don de me refroidir instantanément. Mais quand il s’agit du corps de l’autre, on sait généralement à quoi s’attendre une fois sous les draps. Je trouve ça très beau que quelqu’un me fasse suffisamment confiance pour se mettre à nu et me montrer ces prétendues imperfections. »
Gilles : « Je ne me souviens pas qu’il y ait eu des éléments physiques qui fassent baisser mon désir. Mais je sais que c’est parfois difficile à croire. Ma copine a toujours peu confiance en elle, alors qu’elle est beaucoup plus belle que moi. »
Idris : « Avant, j’étais beaucoup plus gros, et ça me gênait pendant les rapports sexuels. À tel point que je ne voulais pas pratiquer certaines positions qui exposaient trop mon ventre. »
Roman : « J’ai peur que les femmes soient dégoûtées par mes poils de dos. »
Gilles : « Ou quand je transpire excessivement. Une fois, une goutte de sueur a coulé dans l’œil de ma copine pendant qu’on faisait l’amour. Trop gênant ! »
Quand on est amoureux, ces imperfections n’ont pas d’importance, pas vrai ?
Idris : « C’est vrai. Et même avec des coups d’un soir, il ne faut pas trop se prendre au sérieux. C’est mieux quand on est complètement à l’aise l’un avec l’autre et qu’on peut rire d’un pet vaginal. »
Gilles : « J’ai eu de vrais complexes. Une ex a beaucoup insisté sur le fait que j’éjaculais trop vite. Elle me disait d’aller voir un psychologue, qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas chez moi. Ça m’a complètement obsédé. À un moment donné, j’étais tellement stressé que je jouissais avant même qu’on se touche. Cette relation était un véritable casse-tête. Ma copine suivante a été beaucoup plus douce et tout est rentré dans l’ordre. »
Roman : « Une ex toxique m’a dit un jour que mon pénis était trop petit, alors que je sais qu’il est de taille standard. »
Pour être honnête, j’ai eu des rapports sexuels avec plusieurs hommes différents, et tous étaient très similaires en termes de durée de l’acte ou de longueur de pénis. C’est la connexion émotionnelle qui fait toute la différence.
Anthony : « Je suis d’accord ! Le meilleur sexe, c’est quand ça semble organique, parce que vous avez une connexion émotionnelle. »
Que préférez-vous sexuellement?
Idris : « J’ai besoin que ça bouge, je trouve ça terriblement ennuyeux quand quelqu’un ne veut faire que la position du missionnaire. Je n’ai pas eu de relation sérieuse depuis six ans, alors chaque nouveau coup d’un soir apporte automatiquement un peu de variété. J’aime passer du canapé au sol, puis contre le mur… »
Gilles : « Je n’ai aucun problème avec la routine. Ma copine et moi sommes ensemble depuis sept ans. Nous sommes en panne d’inspiration, mais la prévisibilité nous convient. On fait l’amour environ deux fois par mois. C’est moins que je ne le voudrais, mais ce manque ne l’emporte absolument pas sur tous les autres aspects positifs de notre relation. »
Roman : « J’aime expérimenter. Ça ne doit pas forcément être un numéro de cirque, ça peut être très subtil. Récemment, une femme a maintenu ses doigts très serrés autour de mon pénis pendant la pénétration, comme pour doubler la stimulation. »
Gilles : « Ma petite amie et moi savons très bien ce qui fonctionne pour nous. La levrette est ma position préférée. Ou lorsqu’elle est allongée sur le ventre, les jambes allongées côte à côte et que son vagin est très serré. »
Li : « Le sexe devant le miroir ! »
Idris : « Une ex titillait parfois mon anus avec son doigt. »
Gilles : « Hum, je ne suis pas vraiment… ouvert à ça… »
Anthony : « Bullshit ! N’importe quel homme aimerait être stimulé de manière anale. Quand mes amis hétéros me demandent des conseils, je leur réponds toujours : ‘Donner plus d’attention aux couilles et à l’anus.’ Mais la plupart des hommes ne sont pas prêts pour ça mentalement. Pourtant, le corps de tous les hommes est le même : chaque prostate est délicate, quelle que soit votre orientation sexuelle. C’est parce qu’elle est associée à l’homosexualité qu’elle n’est pas ‘virile’, pour ainsi dire. »
Gilles : « Fais-moi une pipe ! »
Roman : « À mes yeux, les pipes, c’est surtout du spectacle. Mais ce n’est pas tellement agréable, car c’est trop intense. Et puis il y a ces femmes qui déclarent avec une pointe de fierté que c’est juste parce que ‘je n’ai probablement jamais eu de vraie bonne pipe’ (roulement d’yeux). »
Idris : « Je n’aime pas ça non plus. C’est trop délicat et je trouve ça dénigrant. Je refuse de croire qu’une femme aime faire une fellation à quelqu’un. Je pense que c’est juste pour faire plaisir à un homme et ça n’est pas une raison valable. »
Ce n’est certainement pas un hobby, mais de temps en temps, pour des occasions spéciales, pourquoi pas…
Anthony : « Je trouve ça génial de sucer quelqu’un. Parfois, ça fait du bien d’être un peu soumis, dominé et baisé. »
Ina, notre sexologue, explique : « Tout comme certaines femmes n’aiment pas qu’on stimule directement leur clitoris, les hommes peuvent aussi avoir des préférences différentes concernant leur gland. Un pénis non-circoncis est d’ailleurs plus sensible qu’une pénis circoncis. »
Romain : « Le meilleur moment est celui où je vois mon partenaire s’amuser pleinement. Je suis souvent perdu dans mes pensées, mais il y a des rapports où l’on surfe tous les deux sur la même vague. C’est magique. Et c’est très souvent lié à la relation émotionnelle qui vous lie à votre partenaire sexuel. »
Tous les autres : « 100 % d’accord. »
Mes copains continuent à papoter encore longtemps. Ce que les hommes aiment ? Difficile à dire. Parce que, comme pour les femmes, il n’y a pas de ligne conductrice unique, pas une voie toute tracée vers le désir. En matière de sexe, c’est au cas par cas. L’un ne jure que par les pipes, l’autre trouve ça dégradant. L’un aime expérimenter, l’autre savoir où poser chacun de ses doigts.
On l’oublierait presque, mais les hommes aiment aussi tamiser l’ambiance pour cacher leurs insécurités. Ils souffrent souvent d’attentes irréalistes et d’une certaine pression de la performance. Le manque de désir, le stress ou un verre de trop peuvent entraver l’acte sexuel. C’est pareil pour les femmes. Une chose est sûre : tout le monde est différent. Mais il existe un conseil qui s’applique à tous : parlez-en ouvertement.
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