Véritable ciment du couple, le sexe est important pour maintenir la relation au beau fixe. Et quand les partenaires ne s’accordent pas sous les draps, il peut aussi devenir un motif de rupture. La libération sexuelle des femmes qui plane dans l’air depuis #MeToo change aussi les états d’esprit du passé. Oui, on peut rompre à cause du sexe, même quand on s’aime. Elles ont fait ce choix.
Marie, 27 ans
«Cela fait 12 ans que je suis avec mon compagnon. Je n’ai jamais vraiment connu d’orgasme “culbutant” avec lui... Les sept premières années, cela ne m’a pas posé de problème. Je me rattrapais seule, ou je passais au-dessus. Depuis 5 ans (depuis que je ne prends plus la pilule, en fait), cela commence à me peser. J’ai même hésité à partir... Mais la balance pour et contre n’est pas très équilibrée. Nous avons un enfant, une maison et mis à part sous la couette, tout va bien. Je me pose beaucoup de questions, depuis plus ou moins un an. Je commence à en parler à mes amies tellement cela me pèse. Franchement?
Je l’aime et je ne suis pas prête à partir, mais je sais que je ne resterai pas le restant de mes jours avec lui: je pense qu’à un moment donné, la frustration va prendre le dessus et que je mettrai les voiles. Tout le monde dit, que la communication est la base d’une relation.
Personnellement, discuter, ça n’aide pas. À part vexer son ego... Lire les expériences des gens sur le groupe Facebook Déculottées me permet de relativiser, mais cela m’a aussi ouvert les yeux. Car avant d’oser en parler, je faisais beaucoup la “politique de l’autruche”: si je n’en parle pas tout ira bien, c’est dans ma tête, j’exagère... Mais à partir d’un moment, on sature. Pour moi, le sexe joue beaucoup dans une relation et du coup, ça empiète sur la vie de tous les jours. Oui j’aime mon mari, mais avec le temps, plus comme un bon pote que comme l’homme de ma vie. Parfois je me dis aussi: “Et si je pars et que finalement je ne connais quand même jamais ce que les gens racontent sur le sexe, et s’ils exagéraient?»
Lisa, 25 ans
«J’étais en couple depuis 2 ans avec la personne. Attirance de dingue dès le premier rendez-vous amoureux! Première fois au lit? Une catastrophe: il a débandé. On a mis ça sur le compte du stress, car on était copains depuis notre enfance avant de se mettre en couple. On a été consulter un urologue car on n’y arrivait pas, pour voir s’il n’avait pas des soucis de santé. Rien à signaler, tout était ok de ce côté-là. Le médecin pensait qu’il avait un blocage par rapport au décès de sa sœur et au fait qu’on se connaissait depuis petits. Il nous a conseillé d’aller voir un sexologue (chose qu’on n’a pas faite) et nous a donné des cachets pour “stimuler”, qui n’ont pas eu l’air de fonctionner. Pourtant, après plus d’un mois d’efforts, on y est enfin arrivés! Le problème, c’est que, comparé à moi, il n’était pas un grand fan de sexe. Souvent, il disait “je suis fatigué” ou “on a déjà fait l’amour tantôt, ou hier”. Du coup, je me remettais constamment en question: avait-il vraiment envie de moi, est-ce que je l’attirais, et s’il me trompait? Mais mis à part quelques petits soucis de temps en temps, on n’a plus eu de gros problèmes pendant nos rapports. Le pire, ça a été pendant une gâterie où je l’ai senti redevenir mou, j’ai failli en pleurer tellement c’était humiliant. Et beaucoup trop de fois où lorsqu’on changeait de position, il ne bandait plus. Aujourd’hui, nous ne sommes plus ensemble. Je me rends compte que tout ça m’a détruite; je n’ai plus le même appétit sexuel qu’avant car je me pose énormément de questions sur moi.»
Sarah, 25 ans
«Lui, c’est un garçon incroyable. Le genre qui vous fait perdre la tête et qui vous rend complètement dingue. J’en étais bleue, si fort.
Il avait des goûts particuliers au lit. Du genre BDSM. Moi pas du tout. Je suis plutôt romantique, dans la douceur. Il a fini par me quitter pour cette raison, malgré les liens qui nous unissaient.
Mon ego en a pris un sacré coup mais avec du recul, je réalise qu’on n’aurait jamais pu matcher sur ce point et qu’on aurait été frustrés tous les deux».
Florence, 30 ans
«Un garçon gentleman, gentil à souhait, l’homme idéal pour beaucoup. Mais hélas côté sexe pas beaucoup de centimètres, ni d’épaisseur ... Ce n’était jamais dur. Ça pliait dans tous les sens. Je ne sentais rien de rien, même les positions les plus tordues n’y ont rien fait. Après 2 mois, je ne me voyais pas vivre ce calvaire, je n’ai jamais osé lui dire pourquoi. Mais le sexe est très important pour moi. Je voulais simplement être épanouie».
Amélie, 30 ans
«La toute première fois que j’ai fait l’amour avec mon copain, on en avait tous les deux très envie. On attendait ça avec impatience. Malheureusement, si lui avait l’air conquis, moi j’ai trouvé ça archi-nul. J’étais très triste, parce que j’étais sûre que c’était l’homme de ma vie. Ma relation précédente m’avait fait prendre conscience que le sexe était trop important que pour le reléguer au second plan. J’ai donc hésité très longtemps à le quitter à cause de ça. Finalement, j’ai décidé de lui en parler de manière très frontale. Je lui ai expliqué ce qui me plaisait, on s’est laissé le temps de s’apprivoiser. Miracle, tout a changé après cette discussion. Aujourd’hui, on est toujours ensemble, plus amoureux que jamais. J’aurais fait une belle connerie si je l’avais quitté sans même essayer».
Camille, 28 ans
«Quand j’étais à l’unif, j’avais rencontré un mec dans mon auditoire qui m’avait tout de suite plu. On se taquinait, on s’envoyait des messages tout le temps. Ce petit jeu de séduction a duré un certain temps avant qu’on ne s’embrasse pour la première fois. Je l’aimais vraiment et j’avais envie de faire durer le plaisir du début de relation en attendant un petit peu avant de ‘passer à la casserole’. Après quelques rendez-vous à boire des verres, au resto ou au ciné, je me suis dit qu’il avait assez attendu. Nous étions tellement complices que je n’imaginais pas une seule seconde que ça puisse ne pas bien se passer au lit... Pourtant, notre première fois a été un des événements les plus malaisants de ma vie. Il était doté d’un micro-pénis. Quand il m’a pénétrée, je n’ai absolument rien senti. J’avais l’impression d’avoir un petit ravioli à l’intérieur de mon vagin. Je n’ai pas pu me retenir de fondre en larmes pendant que nous faisions l’amour. Jusque-là, tout était si parfait... Nous avons continué à nous voir, j’ai tenté de passer au-dessus de ce petit ‘détail’, mais le sexe nous a éloignés plus que rapprochés, et nous nous sommes malheureusement quittés peu de temps après.”
Gwendoline, 30 ans
“Je suis restée 6 ans avec mon ex. Une relation qui s’est terminée à cause d’une infidélité de ma part. J’ai énormément culpabilisé, mais depuis la rupture, j’ai également pu réfléchir, prendre du recul sur la situation et comprendre comment j’en étais arrivée à tromper — pendant longtemps — l’homme que j’aimais profondément, d’un amour très fort. J’ai réalisé que je m’étais longtemps voilé la face sur notre vie sous les draps. On faisait encore souvent l’amour, au moins 2 ou 3 fois par semaine. Alors évidemment, dans ces cas-là, après tout ce temps, on se dit que ce n’est pas ça le problème. Et pourtant… mon homme ne s’est jamais occupé de moi. En tous cas, il ne m’a jamais réellement montré de plaisir à me faire plaisir.
Pour lui, j’avais un blocage qui faisait que je n’avais pas d’orgasme. C’est vrai qu’il me faut du temps pour jouir. Mais il ne s’est jamais vraiment attardé sur mon plaisir.
Alors quand j’ai rencontré un garçon pour qui c’était l’objectif premier et avec qui ça marchait (et assez rapidement, en fait), j’ai doucement compris que j’avais accumulé de la frustration à ce niveau-là dans mon couple. Pire: je m’étais culpabilisée de ne jamais avoir d’orgasme. Je me disais que j’étais anormale, qu’il n’avait vraiment pas de chance de m’avoir… Pourtant, l’amour et le plaisir, ça se construit à deux et il ne m’a pas donné cette chance. Au final, je réalise que j’ai aussi mes torts: j’aurais pu lui expliquer ce que j’aimais vraiment, lui dire que c’était un vrai problème pour moi de ne jamais parvenir à l’orgasme, mais je n’ai jamais osé. Ce n’est évidemment pas que ça qui m’a poussée dans le lit d’un autre, mais ça a aidé. J’ai réalisé que j’avais besoin de me sentir femme, connectée à mon corps, ma sensualité, mon plaisir. Que ça faisait partie de moi. Et qu’il fallait que je sois aussi égoïste de temps en temps».
Clara, 31 ans
«Notre relation a duré 5 ans. Cinq années d’amour paisible et doux. On s’aimait, on était aussi les meilleurs amis du monde. Tout se profilait pour qu’on se marie et qu’on passe notre vie ensemble. Tout sauf un point : le sexe. Pendant 5 ans, j’ai mis ça de côté. En me disant qu’on devait travailler ensemble à une amélioration. Mais le problème était insolvable : nous n’avons jamais dépassé les cinq minutes de coït durant toute notre relation. Comment ai-je tenu si longtemps? Disons qu’il accordait du temps aux préliminaires. Du coup, je m’accrochais à ça comme une moule à son rocher.
‘Ce n’est pas si grave’, ‘il n’y a pas que le sexe dans la vie’, ‘bien d’autres choses nous rassemblent’, voilà ce que je me répétais jour après jour. Jusqu’au moment où j’ai complètement pété les plombs.
À 27 ans, je ne voyais pas tenir un jour de plus dans cette vie sexuelle frustrante. Notre amour était sincère, certes. Mais il en pâtissait à cause de notre vie sexuelle. Après cette longue période de ma vie, je me suis juré de ne jamais plus me voiler la face sur l’importance de mon épanouissement, au lit comme dans la vie de tous les jours».
Justine, 26 ans
«On s’est rencontrés via les réseaux sociaux. Après plusieurs épisodes de drague en ligne, on a fini par se voir en vrai. Le coup de foudre était immédiat. C’était comme une évidence. Mais quand on a fait l’amour pour la première fois, ça a été un désastre. Il n’a même pas pris la peine de me déshabiller. Ça m’a choquée. C’était très lent, mou.. Moi qui aime le sexe un peu plus hard, je dois dire que j’ai longuement regardé le plafond. La déception était immense. Je ne pouvais pas rester avec quelqu’un qui n’a pas les mêmes envies que moi. Malgré tout, j’ai pris la peine d’en discuter avec plusieurs copines. Toutes m’ont conseillé de retenter l’expérience et de ne pas me fixer sur cette première fois maladroite. J’ai attendu, une, deux, trois, quatre fois. C’est vrai que ça allait un peu mieux. Lors de notre cinquième rancard, on avait un peu picolé. Et ça a été la révélation ! Exactement ce que je cherchais. Il s’est lâché et j’ai pris mon pied. Aujourd’hui, on est toujours ensemble et je ne regrette pas du tout d’avoir pris mon mal en patience.»
L’avis de la sexologue
Carole Martinez, sexologue «Avoir une vie sexuelle épanouissante passe par un certain équilibre, cet équilibre concerne aussi la fréquence des rapports avec le partenaire. Nos besoins étant différents, c’est par compromis que l’on s’accorde. Mais lorsque ce n’est pas le cas et quand l’un des partenaires se sent délaissé ou incompris, cela peut devenir problématique.
Il arrive également que l’un des partenaires n’ait aucun désir sexuel pour l’autre. Comme pour un tas de choses dans le couple, il appartient à chacun de décider si cela a une importance ou pas. Et cette décision peut aussi changer dans le temps. Il est fréquent qu’après des années de désert sexuel un homme ou une femme se rende compte qu’il ou elle a besoin de plus pour que le couple tienne.
L’aide d’un thérapeute, d’un sexologue peut permettre de mettre en lumière l’origine de ce désir et le développer. Mais encore faut-il que cette démarche soit motivée par une réelle envie d’améliorer la situation.
Il est important de rappeler que contrairement aux idées reçues, c’est celui qui est en demande qui souffre le plus de « l’accord». Puisque généralement, le couple s’aligne sur les besoins de celui/celle qui est le moins en demande même si, quand ces personnes consultent ou expliquent les choses, elles se disent harcelées par le désir «bien trop important» de l’autre qui «ne pense qu’à ça». Difficile de savoir qui est la victime et qui est le bourreau quand on vit les choses personnellement. D’où l’importance de faire appel à un(e) professionnel(le).
Le sexe a une importance indéniable dans le couple et bien que certains puissent se mettre d’accord dès le départ sur une absence totale ou une fréquence très faible de rapports sexuels, il faut garder à l’esprit que cet accord n’est pas définitif. Tout au long de la vie, nous évoluons et nous grandissons, nos besoins affectifs et sexuels aussi. Et quand l’autre ne remplit plus ces besoins, la relation amoureuse se détériore pour souvent arriver à un point de non-retour menant à une séparation.
Rester avec une personne qui n’a pas les mêmes besoins sexuels est une possibilité comme celle de mettre fin à la relation. Il appartient à chacun de prendre cette décision.»
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