Accusés de manspreading, les hommes se vengent en dénonçant le womancrossing
Longtemps subie en silence dans les transports en commun, la pratique du manspreading a fait beaucoup parler ces dernières années, dénoncée par des hordes de femmes sur les réseaux. Deux ans plus tard, les hommes répliquent et accusent les femmes de s’adonner au womancrossing.
Les wagons toujours bondés. Le bus surchauffé. Les retards, surtout quand on est déjà en retard de base et qu’on n’a vraiment pas de temps à perdre. S’ils sont fondamentalement meilleurs pour l’environnement (et pour notre budget carburant), les transports en communs sont parfois aussi éminemment frustrants, particulièrement si on a en prime le malheur d’être assise à côté d’un adepte du manspreading. Mansprea-quoi? Le terme, popularisé par des féministes américaines, désigne la pratique de certains hommes s’asseyant en écartant les cuisses, occupant de ce fait plus que la largeur d’un siège. Peu élégant, et carrément insupportable dans les transports, quand cela implique qu’on est non seulement serrée sur son siège mais en plus, que la jambe de notre voisin est plaquée à la nôtre.
Classic #manspreading pic.twitter.com/MOWdDru1p8
— Andrew Haile Austin (@HaileAustin) March 1, 2019
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Apparu en 2014 aux States en marge d’une campagne visant à promouvoir les comportements respectueux dans le métro de New-York, le terme s’est vite propagé comme une trainée de poudre, à grand renfort d’images d’hommes pris en flagrant délit d’étalement et dénoncés à coups de hashtag. Jusqu’à devenir un problème politique: ainsi en 2017, en Espagne, le parti Podemos a déposé un projet de loi au parlement de la région de Madrid pour interdire purement et simplement le manspreading dans les transports. Une proposition dans la foulée de laquelle la société de transport madrilène avait décidé d’ajouter un pictogramme dans les bus, demandant aux usagers de ne pas occuper deux sièges en s’asseyant les jambes écartées. La fin du problème? Oui et non, car si la pratique du manspreading semble résister à ces hostilités, les femmes ne seraient pas non plus en reste selon ces messieurs.
C’est qu’il faut bien reconnaître que la tendance typiquement féminine à croiser les jambes prend également de la place, ainsi que le dénoncent non sans humour certains internautes. D’autant qu’il n’y a pas que ça, comme le rappelle un commentateur.
Le pire c’est le sac. J’étais dans un train bondé, tout le monde se collait et était débout. Et t’avais une petite Vanessa de 20 ans, toute pomponnée, yeux rivés sur son téléphone, qui n’a même pas eu le respect d’enlever son sac du siège à côté d’elle.
Mauvaise foi masculine? Ou bien preuve que pendant qu’on était occupées à critiquer la paille sur le siège du voisin, on avait en réalité une poutre sur le nôtre? Car il faut bien reconnaître que l’incivisme n’a pas de sexe, et que dans la jungle des transports en commun, tant les hommes que les femmes ont parfois des pratiques bestiales. D’ailleurs, au plus fort des dénonciations du manspreading, la journaliste féministe américaine Cathy Young avait critiqué cette stigmatisation des postures masculines, qu’elle n’avait pas hésité à qualifier de “pseudo-féminisme”, soulignant que la dénonciation en ligne du manspreading n’était finalement rien de moins que du harcèlement. La solution, pour éviter les débordements en tous genres? Rester assis.e sur son siège, sans s’étaler, parce que notre liberté de prendre nos aises s’arrête là où commence celle des autres.
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