Au Pakistan, une série suscite le tollé pour avoir osé montrer des femmes indépendantes
Qu’une série montrant une abondance de violence gratuite ou de scènes sexuelles puisse choquer dans un pays conservateur, passe encore. Mais au Pakistan, si “Witches” a suscité le tollé, c’est simplement pour avoir osé choisir comme héroïne des femmes indépendantes.
Filmée à Karachi et diffusée sur une plateforme de streaming indienne pour déjouer la censure, “Witches” ou plutôt “Churai” en version originale suit le quotidien de quatre femmes: Sara, une avocate ayant mis sa carrière de côté pour être “l’épouse parfaite”, Jugnu, une organisatrice de mariage, Batool, fraîchement sortie de prison après avoir été condamnée à 20 ans pour meurtre, et Zubaida, une boxeuse qui cherche à obtenir son indépendance et à trouver l’amour dans la foulée. Des femmes qu’a priori, tout sépare, mais qui se retrouvent projetées dans les vies l’une de l’autre lorsque Sara découvre que son mari la trompe et qu’elles décident toutes les quatre de monter une agence pour attraper les maris volages dans l’acte. Une agence controversée qu’elles gèrent en cachette, sous couvert d’une boutique de burkas à prix cassés. Leur nom de code? Les “churails”, les sorcières, et elles auront bien besoin de tout leur pouvoir lorsque leurs enquêtes les mettront en travers du chemin des hommes les plus puissants de Karachi.
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Le Pakistan divisé par une série télé
Qualifiée de “chef d’oeuvre” féministe par Shaheera Anwar, journaliste pour “The Express Tribute”, la série a rencontré un vif succès critique, applaudie pour son approche innovante qui se libère des préjugés renforcés sans cesse à l’écran, et montre, enfin, des femmes complexes et libérées, ainsi que des caractères LGBTQ représentés avec justesse. Une évidence pour Asim Abbasi, réalisateur de la série, qui a souligné qu’il aurait été “stupide de ne montrer que des femmes hétérosexuelles car toutes les femmes pakistanaises sont loin de l’être”. Un postulat rafraîchissant, qui a toutefois fait l’effet d’une douche froide dans les milieux conservateurs du Pakistan. La série y aurait d’ailleurs été censurée, avant de redevenir disponible suite au tollé médiatique qui a suivi. Qu’à cela ne tienne, il en faudra plus pour faire taire les “sorcières”, une des actrices de la série, Sarwat Gillani, ayant dénoncé le fait qu’au Pakistan, on attend d’une femme qu’elle reste à la maison et qu’elle se taise. “Si une femme a une opinion, c’est une “churail”, une sorcière”. Et désormais, ces dernières ont même une série qui leur est dédiée.
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