Aux États-Unis, un policier peut violer une détenue en toute impunité
C’est une histoire horrible qu’Anna, une New-Yorkaise de 18 ans, a confié à Buzzfeed. Celle de son viol par deux officiers de police à l’arrière d’une camionnette banalisée. Et de la réalisation atroce que dans 35 États des États-Unis, un policier peut affirmer que la détenue consentait et s’en tirer sans poursuites judiciaires.
Les faits que raconte Anna se sont passés le 15 septembre 2017. Comme souvent, cette native de Brooklyn passe la soirée avec des amis, dans une voiture garée en dehors de la ville, où ils peuvent parler à leur aise sans être forcés de payer des consommations dans un bar. Une soirée sans histoires, jusqu’à ce que deux officiers en civil demandent aux trois amis, Anna et deux garçons, de sortir du véhicule. Rapidement, la fouille révèle de la marijuana dans la boîte à gants, et alors que les garçons peuvent repartir, les policiers ordonnent à Anna de les suivre. La jeune fille ne le savait pas encore, mais son calvaire allait commencer.
Cauchemar
Selon ses dires, Anna aurait en effet été poussée à l’arrière d’une camionnette banalisée, où les deux policiers l’auraient violée tour à tour, ne s’arrêtant que pour changer de conducteur et pouvoir chacun abuser d’elle. Une fois relâchée, l’adolescente raconte tout à sa mère, qui l’emmène à l’hôpital pour faire constater l’agression sexuelle, permettant de ce fait au personnel soignant de collecter du sperme. Et le test d’ADN de révéler les noms des deux officiers responsables du viol, deux membres de la brigade des narcotiques de Brooklyn South. A priori, le cauchemar d’Anna était fini. L’assaut avait été constaté, l’ADN avait parlé, les coupables, démasqués, et le procès semblait gagné d’avance pour la jeune fille avant même d’avoir commencé. Sauf que.
“Consentante”
Sauf que ça semble fou, inventé, impossible, et pourtant: dans 35 États des États-Unis, un policier qui viole une personne en garde à vue peut affirmer que cette dernière était consentante. Fou, impossible, et pourtant on ne peut plus vrai. Ou comment faire en sorte que toute accusation d’agression sexuelle, allant de l’attouchement au viol, puisse être classée sans suite si l’officier de police affirme que le rapport a eu lieu d’un commun accord. Une aberration juridique qui aurait permis à plus d’une trentaine de policiers d’échapper à une condamnation depuis 2006. Mais heureusement, les mentalités changent (enfin), et en partageant son histoire, Anna a permis une prise de conscience qui a lancé une vague de protestation contre cette ligne de défense. Vers son abolition dans l’ensemble des États-Unis? On n’en attend pas moins de la part du “land of the free”, considéré dans le monde comme un parangon de la démocratie.
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