Bientôt un diplôme pour les mères au foyer?
Pour certaines, être mère au foyer est “le plus beau métier du monde”. Et bientôt, en France, cela pourrait donner lieu à un diplôme: un dispositif de Validation de l’Acquis de l’Expérience (VAE) est actuellement étudié.
Le principe: transformer les compétences acquises pendant les années consacrées à éduquer les enfants. Et ainsi faciliter l’insertion professionnelle des mères au foyer, qui rencontrent souvent des difficultés pour réintégrer le monde du travail après des années passées à la maison. Derrière cette initiative qui a fait grand bruit chez nos voisins français, Marlene Schiappa, la Secrétaire d’Etat à l’égalité femme-homme.
Argument efficace pour trouver du travail
Ainsi qu’elle l’explique, “un certain nombre de femmes, notamment dans les banlieues et les zones rurales, ont eu des enfants jeunes et se retrouvent sans qualification, sans expérience professionnelle, à l’âge de 25,30, 35 ans sur le marché du travail avec un CV qui est une page blanche, qui n’ont pas de diplôme et qui n’ont comme seul argument dans les entretiens d’embauche que de dire “j’ai élevé mes enfants”. Ce qui n’est pas, jusqu’à présent, l’argument le plus efficace pour trouver du travail et je le déplore”. Son projet: suite à une formation, les jeunes parents non diplômés en fin de congé parental pourraient obtenir un brevet d’éducateur de jeunes enfants.
Les professionnels mécontents
Une mesure qui ne fait pas l’unanimité. Premiers vexés: les professeurs, qui s’indignent de voir leur formation dévalorisée. Julie Marty-Pichon, la coprésidente de la Fédération Nationale des Educateurs de Jeunes Enfants a ainsi publié une tribune dans L’Obs, où elle ne cache pas son mécontentement et interpelle Marlene Schiappa. “Cette annonce vient une fois de plus démontrer l’ignorance des enjeux de l’accompagnement des jeunes enfants et de leurs familles dans notre société. Est-ce parce qu’on aide nos enfants à faire leurs devoirs pendant leur scolarité, qu’on est apte à devenir professeur des écoles?!” Et d’ajouter que
L’accompagnement des personnes en situation de fragilité et de vulnérabilité que sont les jeunes enfants ne s’improvise pas.
Une pétition a d’ailleurs été lancée, “Marlene Schiappa, non à la dévalorisation de la petite enfance”, avec pour objectif de “faire comprendre que le monde de l’enfance n’est pas exempt de rigueur et de connaissances intellectuelles”, et déjà près de 10 000 signatures récoltées.
“Stratégie médiatique”
Et du côté des associations féministes, l’idée de Marlene Schiappa n’a pas non plus été applaudie. Motif: le projet ne reconnaît pas le travail des mères en tant que parent, et ne les soutient pas non plus dans celui-ci. Selon Raphaëlle Rémy-Leleu, porte-parole de l’association Osez le Féminisme, la proposition de Marlene Schiappa n’est rien d’autre qu’une “stratégie médiatique pour dissimuler les débats concernant les moyens alloués aux droits des femmes”. Des critiques sans pitié envers celle qui s’est pourtant fait connaître grâce au réseau Maman travaille, et affirme vouloir “améliorer la conjugaison vie professionnelle-vie familiale via l’égalité femmes-hommes dans toutes les sphères, du foyer au monde du travail”.
3.500 euros par mois
En Belgique, pas de diplôme à l’horizon pour celles qui choisissent de mettre leur travail de côté pour se consacrer à leur foyer. Et pas de rémunération non plus, même si celle-ci devrait pourtant être conséquente. Ainsi que l’avait révélé une étude diffusée par Jobat en 2015, les mères au foyer travaillent jusqu’à 70h par semaine, et devraient toucher une rémunération de 3.500 euros par mois. Un chiffre utile à mentionner la prochaine fois qu’on vous fait remarquer que vous avez “vraiment de la chance de ne pas travailler”.
Pas de répit:
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