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Bristol veut interdire les clubs de strip-tease pour lutter contre le harcèlement

Kathleen Wuyard

Pour lutter contre le harcèlement des femmes, la ville britannique de Bristol vient de passer une proposition d’interdiction des clubs de striptease en son sein. Et tant pis si au passage, la mesure, pensée pour protéger les femmes, risque d’en mettre des centaines au chômage.


En 2019 déjà, une enquête auprès de la population avait révélé que deux tiers des habitants de Bristol étaient opposés à la fermeture des clubs de strip-tease de la ville, à condition toutefois que ces derniers soient régulés, mais le 8 mars dernier, les conseillers communaux ont voté 7-6 en faveur d’une proposition de fermeture. Un vote (et un timing) perçu comme un camouflet par les principales intéressées, le Central Chambers, un des deux clubs du centre-ville, ayant notamment appelé à ne pas mettre des centaines de femmes au chômage le jour de la Journée Internationale pour les Droits des Femmes.

Clivage idéologique


Las, si les danseuses des clubs ont assuré qu’aucune recherche ne supporte la théorie selon laquelle la présence de clubs de strip-tease encourage le harcèlement des femmes, pour les activistes féministes de la région, la mesure est une bonne chose.

Bristol met fin au phénomène des clubs de strip-tease sur la place publique parce que la ville reconnaît que ça encourage les attitudes qui donnent lieu au harcèlement et à la violence envers les femmes” – Sasha Rakoff, membre du collectif “Not Buying It”.


Un clivage qui n’est pas sans rappeler celui entre les travailleu.r.se.s du sexe (TDS) et les mouvements féministes belges au moment de l’abandon du projet d’Eros Center de Seraing. Une nouvelle saluée à l’époque par les activistes mais dénoncée par les TDS, l’un d’eux ayant souligné se trouver “une fois de plus face à une décision purement idéologique qui n’arrange rien. Quand on parle de choix ou non dans la prostitution, on la retire du monde et de la société dans laquelle on est, parce que ce n’est jamais une question qu’on va poser à quelqu’un qui est éboueur ou caissière”. Et ce alors même qu’il est non seulement possible, quoi qu’en pensent certain.e.s, de choisir de travailler dans le secteur, mais aussi d’y trouver son compte, au propre comme au figuré.

Bristol veut protéger les femmes, mais lesquelles?


Interviewée par la BBC suite au passage de la mesure, Stephanie, une danseuse de 23 ans, confiait avoir pu garder la tête hors de l’eau financièrement lors des confinements grâce à l’argent que son travail au club lui a permis de mettre de côté. En commentaire du post du Central Chambers, une autre soulignait pour sa part la dangerosité de la mesure. “Vous ne vous débarrasserez pas des travailleuses du sexe en fermant ces lieux. Vous allez pousser le secteur dans la clandestinité, vous allez le rendre moins réglementé”. Et donc, plus dangereux pour celles qui y travaillent.

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