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© BRUSSELS - AUGUST 24: Small metallic replicas of Manneken Pis statue to be sold as a souvenir on August 24, 2017 in Brussels, Belgium. This statue is a famous landmark and symbol of Brussels.; Shutterstock ID 1215557236; Purchase Order: -

FAUT QU’ON PARLE: voter extrême-droite, c’est tout sauf ““protéger”” la Belgique

Kathleen Wuyard

On nous avait prédit une vague verte, il semblerait plutôt que ce soit une véritable marée noire qui soit en train de déferler sur la Belgique. Percée triomphante de l’extrême-droite, suivie de près par les nationalistes N-VA au Nord du Pays. Blâmer les Flamands? Le raccourci est trop facile, car la situation concerne toute la Belgique.


Quand les Américains avaient élu Donald Trump au pouvoir, on avait ricané. Qu’ils étaient sots, quand même, ces mangeurs de burgers: il fallait vraiment être décérébré pour élire un tel gugusse, aux opinions aussi ridicules que sa perruque. Puis ça s’était rapproché, et on avait commencé à grincer des dents, même si ça concernait toujours les “autres”, heureusement. Les dérives nationalistes en Hongrie, la montée du FN chez nos voisins français... Regrettable, mais chez nous, ça ne se passerait pas comme ça, on en était certains. Fast-forward au 26 mai 2019, et l’ambiance est à la liesse au QG du Vlaams Belang. Et comme on les comprend: chaque nouveau bureau dépouillé semble confirmer le triomphe annoncé de l’extrême-droite flamande, suivie de près par la N-VA, officiellement plus “respectable”, à condition toutefois d’ignorer le fait que ses leaders se vantent de leurs “rafles” de migrants, quand ils ne bafouent simplement pas les lois belges. Au Sud, pendant ce temps, on s’étrangle avec le cordon sanitaire, bien inutile aujourd’hui pour maintenir les extrémistes loin du pouvoir. Et forcément, la tentation est grande de blâmer les “autres”, les Flamands, d’ailleurs, la N-VA ne s’est-elle pas réjouie de se remettre immédiatement au travail “pour la Flandre”, comme si la Belgique appartenait déjà au passé?

Retour vers le passé


Parlons-en, du passé, justement. Ainsi que Charles Michel l’a souligné, les résultats électoraux montrent que “la Belgique n’est pas épargnée par la montée en puissance des populistes extrémistes”. Comme si ces mêmes populismes n’avaient pas coûté la vie de milliers de soldats et résistants belges lors de la Seconde Guerre Mondiale. Amnésie collective? Contrairement à 1933, où les Nazis avaient séduits les électeurs en leur promettant de sortir le pays d’une situation économique catastrophique, en 2019, en Flandre, aucune circonstance atténuante. La région fait en effet partie des plus riches d’Europe, avec un taux de chômage de 6.1% seulement, le plus bas depuis 10 ans. Prospère, active, la Flandre a tout pour elle, si ce n’est des démons qui rongent une partie de sa population. Qu’importe s’il n’y a pas si longtemps encore, c’est la Flandre qui avait besoin de la Wallonie, tant pis si les recherches montrent que les immigrés ne présentent une menace ni pour la sécurité, ni pour les emplois des “vrais belges”, certains électeurs n’en démordent pas: “Walen buiten”, et tant qu’on y est, les allochtones avec. Sauf que penser comme ça, et avoir l’audace de ne pas garder ces opinions immondes pour l’intimité mais bien les revendiquer dans l’isoloir, c’est tout sauf Belge.

Déni complet des valeurs belges


La Belgique est un petit pays, certes, relativement jeune aussi à l’échelle de l’Histoire mondiale, mais une grande nation tout de même. De tous temps, les Belges ont lutté pour défendre les libertés individuelles et le respect de valeurs qui définissent le pays. Tolérance, solidarité, respect de la dignité et des droits de l’Homme. Être Belge, ce n’est pas une question de couleur de peau ou de prénom mais bien de respect de ces valeurs. En votant pour des partis extrêmes, qui défendent le fait que “les femmes qui portent le hijab ont signé leur contrat d’expulsion” et la sécession de la Belgique (Vlaams Belang) ou la suppression de la Chambre et du Sénat (N-VA), ce sont les fondations mêmes de la Belgique qu’on renie. Autrement dit, les nier revient à renier l’essence même de ce que signifie être Belge. Ces électeurs ne veulent pas d’un pays libre, où les droits de l’homme sont respectés, où trois Régions se battent pour un équilibre, certes fragile, mais précieux, et où racisme et intolérance n’ont pas leur place. Seule consolation, à l’heure d’écrire ces lignes? Les résultats se font encore attendre en Wallonie, laissant espérer que les populistes, racistes et autres “-istes” seront maintenus loins du pouvoir. Même si, rien n’est moins certain: à la question de savoir s’il était prêt à négocier avec le Vlaams Belang, Bart De Wever à répondu que les seuls partis auxquels ils mettaient son véto étaient le PS et Ecolo.

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NB: cet article a été édité. Une version précédente mentionnait une invective envers les Flamands, afin de dénoncer le raccourci trop facile constituant à les blâmer pour la situation actuelle. Afin que l’article ne soit pas compris comme une attaque envers nos compatriotes du Nord (ce qu’il n’est pas), nous l’avons adapté. 

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