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© Cinq métisses assignent la Belgique en justice - Getty Images

Cinq métisses enlevées au Congo accusent la Belgique de crimes contre l’humanité

Kathleen Wuyard

Elles s’appellent Léa Tavares Mujinga, Monique Bitu Bingi, Noëlle Verbeeken, Simone Ngalula et Marie-José Loshi, et elles viennent d’assigner la Belgique en justice pour crimes contre l’humanité. Quels crimes? L’enlèvement systématique des enfants métis entre 1911 et 1960 au Congo.


L’affaire, révélée ce mercredi 24 juin par nos confrères du Vif l’Express conjointement avec Le Soir et la RTBF, est appelée à faire grand bruit dans le pays. C’est que le passé colonial belge est un sujet sensible, tissu cicatriciel historique cousu de nombreuses plaies mal refermées, rouvertes douloureusement à intervalles réguliers. Hier, la révélation de la présence d’artefacts volés au Africa Museum de Tervueren ou les demandes de décoloniser l’espace public, aujourd’hui des révélations qui font froid dans le dos: selon les plaignantes, âgées de 2 à 4 ans au moment des faits et nées d’un père blanc et d’une mère noire au Congo belge, elles auraient été enlevées pour être placées de force dans une mission catholique. Avant d’être abandonnées par les soeurs en charge de l’organisation lorsque les Belges ont quitté le pays en masse après l’indépendance.

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20 000 métis enlevés à leurs parents


Un abandon qui aurait également rendu les fillettes vulnérables à des abus sexuels. Des préjudices dont les plaignantes demandent qu’ils soient évalués par la cour, notamment le préjudice moral subi. Les cinq femmes réclament également chacune 50 000 euros de dommages et intérêts à l’Etat. Des accusations infondées? Pas s’il faut en croire la Chambre, l’instance législative ayant reconnu en 2018 la pratique des enlèvements forcés dans les colonies belges. Selon les estimations des experts qui se sont penchés sur le sujet, environ 20 000 métis nés de colons belges en RDC ainsi qu’au Burundi auraient été enlevés à leurs parents car considérés comme une “menace pour le système colonial”. Une pratique pour laquelle Charles Michel avait demandé pardon au nom de l’Etat belge au printemps dernier, faisant part de sa compassion envers “les mères africaines dont les enfants ont été arrachés”. Une compassion insuffisante aux yeux de Léa, Monique, Noëlle, Simone et Marie-José, qui réclament aujourd’hui justice.

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