Comment les influenceurs ont perdu leur influence
Dans “influenceurs”, il y a “urs”, certes, mais aussi et surtout “influence”, et c’est là l’essence même de ce drôle de statut qui plaît tant aux marques qu’aux followers. Sauf que justement, à force de rassembler des troupeaux toujours plus grands, il semblerait qu’ils perdent de plus en plus de moutons suiveurs en route, et leur influence au passage.
Tarif pour une photo sponsorisée postée sur Instagram par Kim Kardashian? 500 000$, une rançon à la hauteur de son nombre ahurissant de followers, 143 millions pour être exactes. Beyoncé, quant à elle, pourrait gagner jusqu’à 1 million d’euros par post. Et si elles exercent l’une et l’autre d’autres activités professionnelles sur le côté, pour certains, les réseaux sociaux sont devenu leur carrière à part entière, et un métier plutôt lucratif qui plus est. La UK Bloggers Survey, centrée sur 2019, a ainsi révélé que la majorité des influenceurs britanniques (30%) se faisaient payer entre 100 et 250 livres (111-278 euros) par post sponsorisé. Multipliez ça par 3 posts/semaine, ce qui reste une proportion relativement raisonnable par rapport à certaines qui spamment leurs followers à coups de #ads, et vous obtenez un joli montant à la fin du mois. Montant qui peut gonfler au rythme du following: jusqu’à 1000 euros par posts pour les bloggers et Instagrammers les plus suivis du Royaume-Uni. Tentant, donc, de vouloir accroître son nombre de suiveurs à tout prix. Sauf que justement, cette croissance effrénée en a un, de prix, et c’est l’influence.
Selon une étude réalisée par MobileMarketer, le taux d’engagement (likes et commentaires) envers les influenceurs toute catégorie confondue, qu’il s’agisse de beauté, voyage ou acceptation de soi, a baissé dramatiquement au cours de l’année écoulée. Selon InfluencerDB, c’est parce que les utilisateurs du réseau sont bombardés de posts sponsorisés, qu’ils ont donc tendance à skipper sans même un regard, et encore moins un like.
Perdus en chemin
Autre constat, que l’on doit cette fois à une enquête publiée par Hypebeast: les influenceurs “de masse” sont en perte d’influence, les influenceurs n’ayant “que” 1000 à 5000 followers ayant un taux d’engagement plus élevé que celui de ceux pouvant se vanter d’avoir plus de 5000 followers. Logique, selon We Are Social: l’agence, spécialisée comme son nom l’indique dans les réseaux sociaux, souligne à quel point, désorientés par l’appât du gain, les influenceurs se sont perdus en chemin.
La seule raison d’être des influenceurs était l’authenticité. Des personnes à qui les consommateurs pouvaient faire confiance, qui partageaient des produits et adresses qu’ils adoraient sincèrement, plutôt que des recommandations rémunérées.
Autrement dit, dès l’instant où les influenceurs usent de leur influence pour faire de la publicité, ils la perdent. Particulièrement auprès des consommateurs de la Génération Z (nés après 1995), particulièrement en quête d’authenticité. Et We Are Social d’ajouter que “l’époque où des annonceurs pouvaient cultiver une relation privilégiée avec un seul influenceur au following conséquent sont révolus. Aujourd’hui, il va plutôt falloir miser sur l’impact du collectif, et aller chercher plusieurs micro-influenceurs”. De là à dire que bientôt, votre mère sera la queen de la hype avec ses 80 followers sur Instagram...
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