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Comment une chanson a poussé les maîtresses à déclarer la guerre aux femmes mariées

Kathleen Wuyard

La société veut qu’elles soient des femmes de l’ombre, contraintes de vivre leur romance interdite dans le secret pendant que leur amant fait tout pour garder séparée sa double vie. Mais en Afrique, les maîtresses ont fini de se cacher, et elles s’en prennent ouvertement aux femmes mariées.


A l’origine du mouvement, Shan’l, une chanteuse originaire du Gabon, et à qui on doit la révolte des “tchiza”, les maîtresses. Qui affichent désormais leur statut de concubine, en se moquant ouvertement des femmes dont elles partagent les maris, l’adultère n’étant plus un pêché secret mais bien un étendard qu’on parade fièrement au son de Tchizabemgue, la chanson par laquelle tout a commencé.

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Tu me traites de Tchizambengue, mais je suis la seule qui le rend dingue (...) Tu chantes partout que c’est toi madame, garde le titre, je m’en fous, je viens du macadam (...) Tu viens viens, pousse toi, c’est aussi mon homme, le miel  iel et la joie, c’est moi qui lui donne.


Les paroles de la chanson sont sans équivoque, et justement, elles ont libéré la parole dans une société où les apparences restent primordiales, même s’il est fréquent d’avoir une “officielle” et l’une ou l’autre maîtresse qu’on entretient sur le côté, avec parfois plusieurs familles en parallèle. Tant et si bien qu’il existe des classements sur Internet rassemblant le “top des maîtresses”, ces “briseuses de foyers qui mettent le coeur des hommes riches en pièces”. Objectifiées et honnies, ces dernières ont décidé de riposter par le biais de la moquerie.

Pour le magazine en ligne Africa Top Success, la “tchiza” est “le fléau qui arrange et dérange le continent africain”. Connu également sous le nom de “deuxième bureau”, le statut de maîtresse y serait en effet plus désirable que jamais.

D’après elles, un homme déjà marié est mature, responsable et sait valoriser une femme. On ferme les yeux sur l’infidélité de ce dernier. Ce qui est l’opposé des jeunes hommes célibataires qui n’ont pas une idée définie de leur plan de vie et de carrière, et qui sont pour la plupart au chômage.


Et tant pis si à travers sa chanson, Shan’l ne voulait pas tant faire l’apologie de l’infidélité que mettre en garde contre la fragilité du couple et les tentations qui rôdent, ainsi qu’elle l’a expliqué au Cameroon Tribune.

La Tchizambengue est un phénomène que personne n’ignore. Il n’épargne personne. Sans vouloir faire l’apologie de cette situation, j’exhorte les couples à être vigilants et à entretenir leurs foyers. Rien n’est acquis parce qu’il y a toujours un loup dehors, une tchiza aux aguets.


En attendant, même si le message se répand et que la chanson semble avoir donné à certaines concubines le pouvoir de s’afficher, cela ne plait pas à tout le monde pour autant. L’éditorialiste de Burkina 24, Kanadèle, souligne ainsi que “les bonnes moeurs n’ont jamais été autant à l’agonie dans nos sociétés”. Et met en garde: “on peut dire que l’homme contrairement à ce que la société pourrait qualifier de sexe fort, est plutôt devenu “sexe objet” à la merci de femmes légères qui ne cherchent qu’à assouvir un besoin ponctuel et passer ensuite au plus offrant!”. A bons entendeurs...

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