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Dans 100 ans, les insectes pourraient avoir disparu de la planète, et c’est tout sauf une bonne nouvelle

Kathleen Wuyard

Déjà parce que contrairement aux idées reçues, les araignées ne sont pas des insectes, et on n’en serait donc pas débarrassés. Plus sérieusement, parce que cette disparition programmée mettrait en péril les écosystèmes, et avec eux, la survie même de l’humanité.


Alarmiste? Peut-être, mais nécessaire. C’est dans son dernier numéro, sorti il y a quelques semaines, que la revue scientifique Biological Conservation tire la sonnette d’alarme. L’occasion d’apprendre notamment qu’au cours des trente dernières années, la masse totale des insectes existant sur terre a diminuée de 2.5% par an. Ce qui veut dire, concrètement, que plus de 40 % des espèces d’insectes sont en déclin et un tiers d’entre elles sont menacées, leur taux de mortalité étant huit fois plus rapide que celui des mammifères, oiseaux et reptiles.

Dans dix ans, il y aura un quart d’insectes de moins, dans cinquante ans, plus que la moitié, et dans cent ans, il n’y en aura plus.


Oui mais bon, les insectes, ce sont des nuisibles non? Loupé, et s’ils disparaissent, il y a de grandes chances que l’humanité les suive de près. En effet, ainsi que l’expliquent les auteurs de l’étude, Francisco Sánchez-Bayo (université de Sydney) et Kris Wyckhuys (Académie des sciences agricoles de Beijing), l’extinction des insectes provoquera un “effondrement catastrophique des écosystèmes naturels”. Des écosystèmes au bon fonctionnement desquels les insectes sont essentiels: ce sont en effet eux qui pollinisent les plantes, recyclent les nutriments mais aussi qui servent de nourriture aux autres animaux. En d’autres mots:

La disparition des insectes aura des conséquences catastrophiques à la fois pour les écosystèmes de la planète et pour la survie de l’humanité.


Bien fait? On vous passe le suspense insoutenable, c’est sans surprise l’Homme qui est à l’origine de cette extinction massive. Parmi. les causes de la disparition des insectes, on retrouve en premier lieu l’agriculture intensive, et l’utilisation massive de pesticides qu’elle entraîne, suivie de l’urbanisation et du changement climatique. Concrètement, à Porto Rico, la population des insectes terrestres a chuté de 98% en trente-cinq ans, les colonies d’abeilles sont passées de 6 millions en 1947 à 2.5 millions de nos jours, et le nombre d’espèces de papillons a chuté de 58% en Angleterre. Des chiffres glaçants, face auxquels les auteurs de l’étude appellent à changer nos habitudes.

Si nous ne changeons pas nos méthodes de production alimentaire, les insectes dans leur ensemble s’engageront sur la voie de l’extinction dans quelques décennies.


Et si les insectes s’éteignent, les nombreux oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons qui se nourrissent d’insectes partiront à leur suite, puis ce sera auteur des prédateurs qui mangeaient ces animaux-là, et puis, in fine, du reste de l’humanité.

Consommation durable et hôtels à insectes


S’il est tentant de paniquer, heureusement, des mesures concrètes peuvent être prises individuellement pour tenter d’inverser la tendance. D’abord, en soutenant une agriculture locale et raisonnée, plutôt qu’en donnant notre argent pour soutenir l’agriculture de masse. D’autant que manger bio (et donc sans pesticides) ne veut pas forcément dire exploser son budget, la preuve avec cette enquête explicative réalisée par Justine, notre journaliste bon plan. Autre bon plan? Cesser de contribuer au gaspillage alimentaire, qui est autant une cause qu’une conséquence de l’agriculture de masse, par exemple en achetant fruits et légumes via la plateforme Graapz, où les invendus des commerces de votre quartier sont proposés à prix bradés pour faire du bien à la planète et à votre portefeuille tant qu’on y est. Envie d’une action plus concrète? Pourquoi ne pas installer un hôtel à insectes dans votre jardin ou sur votre balcon urbain? Non seulement ces structures en bois sont plutôt jolies et contribuent à décorer l’espace, mais en prime, elles facilitent la survie hivernale des insectes dans des écosystèmes où on veut préserver la pollinisation et la biodiversité. Une initiative qui devrait faire mouche pour éviter que la population des insectes ne pique définitivement du nez.

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