Dix ans après la Convention d’Istanbul, où en est la lutte contre les violences faites aux femmes?
Cela fait dix ans aujourd’hui que le Conseil de l’Europe a ratifié la Convention d’Istanbul, un traité sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Un anniversaire doux-amer alors que la Turquie vient de se retirer de la Convention et que ses pays membres s’illustrent par une recrudescence de la violence de genre.
Six féminicides en cinq semaines en Suède. Une femme de 31 ans, maman de trois enfants, brûlée vive en pleine rue par son compagnon ce 4 mai en France. Plus de 45.000 dossiers de violence envers les femmes enregistrés chaque année par les parquets belges. 35 femmes tuées par leurs (ex-)compagnons depuis début 2021 en Italie. Une mère de deux enfants âgée de 35 ans tuée par balles par son ancien compagnon ce jeudi 6 mai à Vienne, le 9e féminicide dans le pays depuis le début de l’année, soit une femme assassinée toutes les deux semaines environ.
La liste est longue, tragique, injuste et consternante, car aucun des 47 Etats membres ne se distingue en matière de violence à l’égard des femmes, ou bien négativement peut-être, mais il est compliqué voire impossible d’en épingler l’un ou l’autre en exemple. La Convention d’Istanbul n’aurait-elle donc servi à rien?
Dix ans en dents de scie pour la Convention d’Istanbul
Si un traité international est bien à mal de lutter contre la violence des hommes, tout n’est pas à jeter ces dix dernières années. Ainsi que le soulignent les Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS) et la Fédération des Centres de Planning familial des FPS (FCPF-FPS), depuis que la Belgique a ratifié la Convention d’Istanbul en 2016, de nombreuses avancées ont été entreprises par les pouvoirs publics pour tenter d’aboutir à une lutte efficace et coordonnée contre les violences faites aux femmes. Par exemple?
La création en 2019 d’une conférence interministérielle (CIM) « Droits des femmes » regroupant l’ensemble des niveaux de pouvoir en Belgique ainsi que l’adoption de différents plans d’action, tels le « Plan bruxellois de lutte contre les violences faites aux femmes 2020-2024 », sont autant de dispositifs témoignant d’une prise de conscience politique et d’une volonté d’agir de manière concrète, en concertation” – FPS.
Et d’ajouter toutefois que “la lutte est encore longue et le combat doit continuer”.
C’est qu’ainsi que le rappellent les Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS) et la Fédération des Centres de Planning familial des FPS (FCPF-FPS), “la crise du COVID-19 a accentué la vulnérabilité des femmes face aux violences dont elles sont victimes quotidiennement, qu’il s’agisse de violences intrafamiliales, de harcèlement dans l’espace public ou en ligne”.
De nombreuses initiatives ont été mises sur pied par les structures et services de terrain spécialisés ainsi que les instances locales, telle que la mise à disposition d’hôtels pour les victimes et leurs enfants, mais les réponses apportées méritent d’être globalisées, pérennisées et financées en conséquence”.
Des réponses auxquelles les deux associations appellent à l’occasion des dix ans de la Convention d’Istanbul, urgeant les différents gouvernements “à respecter de manière stricte la Convention et à, notamment, créer sans attendre de nouvelles places en structures d’accueil d’urgence, à garantir la formation des professionnel·le·s de première ligne, dont les forces de l’ordre ainsi qu’à dédier des budgets spécifiques à la prévention tel que le requiert le rapport du GREVIO, le groupe d’expert·e·s indépendant·e·s en charge d’évaluer la mise en place et le respect de la Convention dans les pays qui l’ont ratifiée”. Pour que le triste décompte des féminicides ne soit plus qu’un mauvais souvenir d’ici au prochain anniversaire de la Convention.
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