J’ai passé le Doudou avec un Namurois et voilà ce qu’il en retire
Ein v’la co pou ein an! Hier midi, Saint Georges a terrassé le dragon, prouvant encore une fois que le bien triomphe du mal. Alors que le Doudou bat encore son plein, j’ai passé le week-end à Mons avec un Namurois. Et comme beaucoup de non-Montois, il n’a pas tout compris.
Chaque année, le Doudou de Mons attire de plus en plus de personnes venues du monde entier pour assister aux festivités. Tendance 2.0 oblige, nous sommes nombreux à partager ces beaux moments sur les réseaux sociaux. Entre la Retraite aux Flambeaux, le combat sur la Grand-Place et le feu d’artifice final, il y a de quoi illuminer nos comptes Facebook et nos stories sur Instagram de rouge et de blanc. Une façon de garder un souvenir jusqu’à l’année prochaine en quelque sorte.
Évidemment, ce partage avec nos contacts non-montois induit une certaine forme d’incompréhension, parfois de fascination.
Je vis à Bruxelles depuis près de dix ans, et je suis Montoise. Pourtant, chaque année, une force invisible me pousse jusqu’à la Grand-Place de ma ville de toujours. Il est tout simplement impossible pour moi de ne pas retourner à Mons en cette période festive. Ça fait comme un trou dans le coeur de manquer le Doudou, comme si on n’était pas au bon endroit au bon moment. Je suis prête à parier que les nombreux Montois qui ne peuvent pas se rendre à la Ducasse regardent le combat sur TéléMB, la chaîne de télévision locale. Parce qu’on a un besoin vital de se rattacher à nos traditions, ça coule dans nos veines.
Tout ça pour du crin de cheval?
Cette année encore, je n’ai pu me résoudre à rester dans la Capitale. Mons m’appelait à grands coups de tambours. Et évidemment, je n’ai pas pu m’empêcher de partager ces moments hors du temps avec ma communauté sur Instagram. Le constat est le suivant: de l’extérieur, le Doudou est “incompréhensible”. Même quand il est expliqué par les plus passionnés, les regards curieux et emprunts de doute sur l’utilité de tout ça se font sentir. “Je ne comprends pas d’où vient cet engouement”, “il y a vraiment des centaines de milliers de personnes qui vont voir ça?”, “mais pourquoi tout le monde se pousse pour du crin de cheval? Ça a l’air dangereux”.
À chaque fois, ces réactions me font rire. Parce que je sais que les Montois comprennent, je sais qu’ils ont les poils qui se dressent dès que l’hymne de la Ducasse se fait entendre. C’est comme un trésor qu’une population entière partage dans la joie et la bonne humeur. Mais il faut bien reconnaître que nos traditions peuvent sembler saugrenues ou au moins rigolotes vues de l’extérieur. J’ai amené un Namurois faire la fête avec moi ce week-end et voilà les différentes remarques que j’ai pu entendre:
- Tout le bonheur de la ville repose sur la montée d’une traite d’un char de 4 tonnes?
- Et tu penses vraiment que s’il ne monte pas, ça sera la guerre?
- Des dizaines de milliers de personnes se montent dessus pour un morceau de crin de cheval? (Classique)
- Le fameux Saint Georges a cinq armes différentes et il choisit le pistolet en dernier? Tu pensais vraiment qu’il allait tuer un dragon avec une lance en carton?
- D’ailleurs, vous êtes quand même au courant que les dragons n’ont jamais existé, hein?
C’est certain que vu comme ça, ça peut sembler un peu bizarre. Je peux comprendre que l’on se sente un rien dépassé devant notre folklore. Même si chaque costume, chaque couleur, chaque morceau de ruban, chaque minute du combat a sa signification lourde de symboles.
En emmenant mon Namurois au combat, j’ai quand même réussi à lui transmettre toutes les valeurs chères aux Montois, chères à mon coeur aussi. À la fin de la soirée, devant un groupe de personnes toutes de rouge et blanc vêtues, chantant à tue-tête et donnant forcément le sourire à tout le monde, il a eu des paroles qui m’ont rendue plus fière que jamais:
“Franchement, le Doudou, c’est vraiment votre truc à vous et personne ne pourra jamais vous l’enlever. Vous les Montois, vous êtes à part. Vous avez cet esprit festif mais bienveillant, un petit truc en plus que je n’ai vu nulle part ailleurs, même dans les autres folklores. Une ferveur populaire, un attachement énorme à vos traditions, une faculté à parler à des inconnus comme si vous étiez amis depuis toujours, un sens du partage qui fait plaisir à voir. Je ne comprends pas tout mais je ressens votre émotion“.
Bien évidemment, vous vous doutez bien qu’il reviendra l’année prochaine. Non seulement il n’a pas le choix parce qu’il est amoureux d’une Montoise mais en plus, il a réussi à donner un petit morceau de son âme à notre belle ville et à ses habitants. Faire le Doudou, ça vous change un homme!
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