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L’effet inattendu de #MeToo sur les romances entre collègues

Kathleen Wuyard

Il y a quelques semaines, le licenciement du directeur général de McDonald’s a fait la une des médias après que ce dernier ait eu une liaison consentie avec une employée de l’entreprise. Une conséquence indirecte du mouvement #MeToo et de sa dénonciation des rapports de force au sein des relations entre hommes et femmes. Résultat: les romances entre collègues se font rares.


Bien avant que la première vague de balance de porcs n’envoie une onde de choc sur les réseaux, de nombreuses entreprises adoptaient déjà une position très stricte sur les amourettes entre collègues. Interdites purement et simplement par certaines boîtes, elles devaient être signalées aux RH pour d’autres, de quoi éviter du drama non nécessaire dans un environnement de travail, mais aussi s’assurer que népotisme et autre éventuelles “promotion canapés” ne trouvent pas leur place. Sauf qu’aujourd’hui, après que le mouvement #MeToo ait méthodiquement déconstruit les rapports déséquilibrés qui existaient entre hommes et femmes au travail, ces dernières étant exposées à des prédateurs abusant de leur pouvoir dans l’industrie du cinéma mais aussi des sommeliers, du tatouage ou encore de l’opéra, il ne s’agit plus simplement de réglementer, mais bien d’être extrêmement vigilant et de redéfinir les règles.

Un terrain émotionnellement chargé


Signes des temps, divers ouvrages ont été consacrés spécifiquement à la question. Miranda Valbrune a ainsi rédigé “#MeToo: Un guide pratique pour naviguer la révolution culturelle de l’entreprise”, basé sur sa connaissance du droit et décortiquant divers scénarios susceptibles d’arriver au boulot (et comment y faire face). L’objectif: “permettre aux employeurs, aux employés et à ‘ceux qui ont peur de faire un faux pas’ de gérer de manière efficace et professionnelle des situations de harcèlement susceptibles d’arriver au travail”. De son côté, Sarah Beaulieu est l’auteur de ‘Breaking the Silence Habit”, un livre visant à “baliser les conversations inconfortable dans l’environnement de travail post #MeToo”. “Parce que les gens ont besoin de plus que de listes de comportements admis ou interdits, ils ont également besoin qu’on les guide pour naviguer ce nouveau terrain émotionnellement chargé”. Un champ de mine psychologique qui complique quelque peu les conversations autour de la machine à café, ainsi que les tentatives de flirt avec ce collègue trop mignon du service IT qui vous fait craquer.

Un sondage réalisé par Harris Interactive pour RTLGirls un an après #MeToo avait ainsi révélé que le mouvement avait changé la façon dont 25% des hommes de moins de 35 ans percevaient la question du harcèlement sexuel. Alors que certaines plumes se sont élevées pour défendre leur “liberté d’importuner” (récemment encore, Louis Sarkozy) et que d’autres ont souligné l’importance de pouvoir “continuer à draguer”, de nombreux lieux de travail ont choisi de simplifier officiellement les choses en interdisant purement et simplement les relations entre collègues. Une fausse solution, ainsi que l’a expliqué la chercheuse en sociologie Marianne Cooper à nos consoeurs du Cosmo US, “interdire les relations entre collègues cimente la croyance qu’il s’agit de désir, sauf qu’il s’agit de harcèlement sexuel et de personnes qui abusent de leur pouvoir, pas d’hommes qui proposent un rencard et se prennent un râteau. Interdire les relations au travail contribue à perpétuer le cliché selon lequel les femmes ne savent pas faire la différence entre des avances et une relation consensuelle”. Et c’est pour changer ces mentalités arriérées qu’il y a encore du travail à faire.

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