““Les communicants sont les oubliés de la crise””, le coup de gueule d’une indépendante
À la fois consultante en communication, attachée de presse et formatrice, Florence Delvaux en connaît un rayon niveau communication. Et pour la Liégeoise, cela ne fait aucun doute: les communicants font partie des grands oubliés de cette crise sanitaire.
Souriante et chaleureuse, mais aussi dotée d’un sacré tempérament (elle est Liégeoise ET bélier), cette indépendante n’a pas sa langue dans sa poche, et après avoir encaissé dans un silence relatif durant les douze semaines du confinement, aujourd’hui, elle pousse un coup de gueule. Pour elle, cela ne fait pas un pli, les communicants ont été les grands oubliés de cette crise sans précédent.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne pense pas que ce soit facile pour les autres secteurs. Je sais que nous ne sommes pas les seuls à être totalement zappés des mesures qui ont été prises, mais c’est toujours plus facile de parler de ce que l’on connaît”.
“Cette jolie prime des 5000 euros finira-t-elle par atterrir sur mon compte pro ? Vais-je devoir encore justifier mon métier ?...” s’interroge la jeune femme. “Le système qui semblait simple au demeurant se transforme en véritable parcours du combattant. En bref, les codes NACE, tu les as ou tu ne les as pas. Pour le savoir, c’était très simple, tu devais te connecter sur la plateforme dédiée et savoir si tu avais le feu vert ou non”. Par chance, Florence l’a, mais alors que son dossier a été introduit le 31 mars dernier, “le 24 avril, je reçois un mail me demandant un complément d’information m’invitant à prouver de manière probante mon métier” et depuis, silence radio.
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Tu appelles, tu cherches à avoir des nouvelles, mais là on te répond gentiment que tu as malheureusement le code NACE que beaucoup de gens prennent malgré que ce ne soit pas leur métier. Alors, ils sont un peu obligés de vérifier. Super, ça me fait une belle jambe. J’ai beau être une grande adepte de la visualisation créative… Mais là j’attends toujours. Payera ou ne payera pas ? Aura droit ou n’y aura pas droit ?”.
“Et quant aux autres communicants et bien, ils n’auront droit à rien. Logique quoi, la crise nous a tous permis de tirer notre épingle du jeu et de gagner notre vie comme des cochons” ironise Florence, pour qui dénoncer la situation était une évidence. “Je sais plus à quel saint me vouer. J’ai passé différents coups de téléphone, j’ai parlé à des parlementaires… Mais je n’ai pas le sentiment que ça bouge. Je trouve ça vraiment dommage ce manque cruel de communication. J’ai donc décidé d’utiliser l’un de mes outils de travail, ma plume, pour me faire entendre”.
Des dommages collatéraux
Et elle n’est pas la seule du secteur à penser ainsi, son billet ayant notamment été salué comme un “légitime coup de gueule” par une commentatrice. D’autant que le rôle des communicants est plus important que jamais: mi-mai, une enquête réalisée par Bepublic Group dévoilait ainsi que 36% des grandes entreprises belges n’avaient pas de plan de communication de crise avant l’arrivée du Coronavirus... Quant à celles qui en avaient un, une sur vingt a dû reconnaître que le plan existant était obsolète, car jamais été actualisé... Un constat qui n’étonne malheureusement pas Florence.
En temps de crise, les entreprises généralement suppriment ou postposent leurs budgets de communication. Et donc pour moi, tous communicants sont finalement des dommages collatéraux. Il y a peu de reconnaissance et une vraie méconnaissance de notre métier. Non ce n’est pas voué à tout le monde de communiquer. Oui c’est réellement un métier qui requiert une réelle expertise”.
“Et quand je vois les codes NACE de nos secteurs d’activité, ça en dit long, c’est tellement vaste que finalement tout et rien rentrent dedans, regrette encore la communicante. Pourquoi ils n’ont pas débloqué des fonds exceptionnels pour nos secteurs ? Pourquoi quand tu as finalement droit à une prime, nous sommes obligés de nous justifier ? Pourquoi sommes-nous redevables de charges sociales, TVA… alors que nous subissons (comme tous les autres secteurs, j’en conviens) des pertes de chiffres d’affaires importantes ?...”. Autant de questions, à l’heure actuelle, sans réponse. Un comble, pour le secteur de la communication...
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