Les Iraniennes se rebellent contre le port du voile
Depuis deux mois, l’agitation gronde en Iran, et les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’afficher en public sans hidjab pour protester contre son port imposé. Un mouvement de contestation que le régime voit d’un mauvais oeil.
La preuve: les images violentes de l’altercation entre Mariam Shariatmadari et un policier. Avec ses longs cheveux blonds libérés du carcan de son voile blanc, cette jeune iranienne est devenue bien malgré elle le visage d’un mouvement lancé il y a deux mois et qui ne montre pas de risque de s’essouffler. Sur les images, on voit Mariam cheveux au vent, juchée sur une armoire électrique en pleine voie publique, argumentant avec un policier qui lui demande de descendre. Loin de se laisser démonter, la jeune femme lui demande ce qui lui est reproché, ce à quoi le fonctionnaire de police lui répond qu’elle perturbe l’ordre public. Pas de quoi pousser Mariam à descendre de son perchoir. La solution trouvée par le policier? Grimper dans un arbre adjacent et faire tomber la jeune femme à coup de pied. Des images violentes, qui bien loin de faire vaciller le mouvement, lui ont donné un nouveau souffle.
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C’est à l’initiative de Vida Movahed que la vague de protestation a été lancée le 27 décembre dernier. Elle avait alors grimpé sur une armoire électrique en plein coeur de Téhéran, et elle ôté son voile blanc. Depuis, ce ne sont pas moins d’une trentaine d’autres femmes qui ont suivi son exemple et défié le pouvoir en imitant Vida. Une défiance vue d’un très mauvais oeil par les autorités. En effet, pas question de badiner avec le port du voile dans la République islamique d’Iran, où la charia fait la loi. Il y a peu encore, les femmes qui osaient s’aventurer en public sans hidjab risquaient une amende allant jusqu’à 50 000 tomans (environ 9 euros) ou une peine de prison allant de dix jours à deux mois. Mais face aux femmes qui osent le défier, le gouvernement iranien a décidé de sévir. Celles qui s’afficheraient les cheveux au vent seraient désormais accusées d’encouragement à la corruption, un délit passible de dix ans de prison dans le pays. Une peine très lourde, qui a pour visée de décourager celles qui oseraient rejoindre le mouvement et se dévoiler. De quoi décourager les activistes? Seul le temps le dira, mais une chose est certaine: que cela plaise ou non au régime, un vent de changement souffle sur l’Iran.
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