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© GUATEMALA CITY, GUATEMALA - JANUARY 12: A demonstrator wearing a black handkerchief covering her eyes with the caption "We're missing 41" takes part in a feminist flash mob performing "Rapist in Your Path" (In Spanish: “Un violador en tu camino”) in protest of violence against women in front of the National Palace of Culture on January 12, 2020 in Guatemala City, Guatemala. Protesters demand justice for the death of 41 girls at a government shelter called "Virgin of the Assumption". The song "Rapist in Your Path", written by Lastesis, a feminist group from Chile, is becoming an international feminist phenomenon. (Photo by Josue Decavele/Getty Images)

L’Espagne passe une loi sur le viol qui ôte tout doute sur le consentement

Kathleen Wuyard

C’est officiel, historique, et révolutionnaire: bientôt, toutes les relations sexuelles non-consensuelles seront traitées comme un viol par les cours espagnoles. Surnommée “il n’y a que ‘oui’ qui veut dire ‘oui'”, la loi ôte tout doute sur le consentement, et ferait bien d’être appliquée en Belgique aussi.


À l’origine du changement de loi, un viol collectif qui avait scandalisé l’opinion publique en Espagne il y a 3 ans, après que 5 hommes ayant violé une jeune femme lors des fêtes de Pampelonne et filmé tout l’acte au téléphone aient été acquittés, faute de preuves de violence de leur part. Et ce, alors qu’ils s’appelaient eux-même “la meute de loups”, s’étaient vantés par messages interposés d’avoir pour dessein de “trouver une fille”, et que la malheureuse en question était clairement en état de détresse sur les images. Un acquittement qui ne sera bientôt plus possible: le projet de loi relatif au viol, adopté par le gouvernement et désormais en attente de validation par le sénat, prévoit que toute relation sexuelle non-consensuelle, c’est à dire pour laquelle les deux parties n’ont pas clairement et verbalement exprimé leur accord, sera traitée comme un viol.

Le consentement au coeur de la loi


En outre, la loi prévoit également la création de tribunaux dédiés uniquement aux cas d’agressions sexuelles, ainsi que la mise en place de services d’aide aux victimes disponibles 24h/24. À l’heure actuelle, la loi espagnole fait en sorte que si une femme n’est pas en état de se débattre ou a trop peur de le faire, l’acte ne sera pas considéré comme un viol. La nouvelle loi abolirait cette approche en se concentrant sur la question du consentement. Une avancée dont s’est réjouie Irene Motero, la ministre espagnole de l’Egalité.

L’approbation de cette loi fera de l’Espagne un pays plus sûr pour les femmes. Leurs droits et leur liberté sexuelle ne seront plus jamais bafoués au fond d’une allée sombre”.


Et en Belgique alors? Selon l’Art. 375 du Code pénal : Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit et par quelque moyen que ce soit, commis sur une personne qui n’y consent pas, constitue le crime de viol. Sauf que chez nous aussi, le consentement pose question au tribunal: en février dernier, à Liège, un Sérésien de 50 ans accusé de viol et attentat à la pudeur par plusieurs étudiantes de l’Académie des Beaux-Arts a été acquitté, alors même qu’il avait déjà été condamné par défaut. Brisée par le jugement, une de ses victimes avait raconté comment “ils ont démarré la lecture en parlant de la similitude des récits, du mode opératoire que l’accusé met en place, de ses manipulations pour amener les jeunes femmes chez lui. De sa façon de jouer de son statut et de ses contacts pour intimider ou donner un sentiment de confiance. De son stratège de pousser à boire et de refuser de les ramener en prétextant un état d’ébriété et de fatigue. De sa façon de rassurer constamment sa victime sur le fait qu’il ne tenterait rien etc… “.

Selon eux, les actes ne sont pas contestés MAIS il est impossible de prouver notre absence de consentement et ce, apparemment, malgré la tonne de preuves. Selon eux, la situation laisse supposer que nous étions consentantes et que nous avons simplement changé d’avis et décidé de vivre cela comme des agressions/viols”.


Et de rappeler par son témoignage que trop souvent encore, en Belgique aussi, “un état de sidération chez la victime, même si vous dites non et que vous vous débattez, constitue un consentement”. En attendant qu’une nouvelle loi vienne rectifier ça?

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