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© - SŽance plŽnire de la Chambre - Plenaire vergadering van de Kamer * Marie Christine Marghem 14/11/2018 pict. by Didier Lebrun Photo News

Lettre ouverte à Marie-Christine Marghem (même si on aurait préféré qu’elle la ferme)

Kathleen Wuyard

Ce dimanche, des dizaines de milliers de Belges ont bravé la pluie et le froid pour aller manifester à Bruxelles pour le climat. Un rassemblement porteur d’espoir, avec un message clair pour le gouvernement: prenez vos responsabilités en main, et respectez vos engagements vis-à-vis du réchauffement climatique. Problème: notre ministre de l’Environnement, Marie-Christine Marghem, ne semble pas l’avoir compris, donc on a décidé de lui adresser une petite lettre.


Chère Madame Marghem,

Bien qu’on n’en pense pas moins, nous avons décidé de nous adresser à vous avec tout le respect que votre position de Ministre exige. Parce que nos parents nous ont élevées en nous inculquant la politesse, entre autres valeurs de base. On aimerait en dire autant des vôtres, mais après votre sortie remarquée ce mardi au Conseil européen, on n’en est pas certaines. Avouez, vous vous êtes quand même gentiment foutue de la gueule des Belges, non?

Déjà, quand on avait appris que vous alliez vous rendre à Katowice pour quelques heures seulement en avion militaire, on avait questionné votre sens de l’humour. On peut rire de tout, ok, mais une ministre de l’Environnement qui montre un mépris total pour son bilan CO2, avouez tout de même qu’elle est saumâtre.

Vous connaissez la blague de la ministre de l’Environnement qui rejette 26 tonnes de C02 en une demi-journée? Elle est belge, elle s’appelle Marie-Christine Marghem, et elle ne fait rire personne.


Et encore, c’était avant que les nouvelles de votre participation au sommet ne nous parviennent. Désormais, ce n’est plus qu’on n’a pas envie de rire, c’est juste qu’on a envie de pleurer. De désespoir, et puis beaucoup de rage aussi. Parce que non contente de rejeter avec votre déplacement l’équivalent de 110.000 kilomètres en voiture, il a fallu en plus que vous ajoutiez l’insulte à l’injure en vous (et nous, malheureusement) dissociant des ambitions européennes sur le climat.

Nous aussi on adore se faire remarquer, c’est pas ça hein, mais on préfère le faire en bien. Et pas, comme vous, en faisant partie des deux seuls pays avec la Tchéquie à avoir voté contre la directive sur l’efficacité énergétique. Par ailleurs, on dit que “qui ne dit mot consent”, mais pour info, cela ne s’applique pas en politique. Dommage, donc, que vous ayez également profité de votre présence à Katowice pour vous abstenir de voter la directive concernant les énergies renouvelables. Autrement dit, presque un tiercé gagnant dites: il vous suffisait de refuser une mesure de plus et grâce à (ou plutôt à cause de) vous, la Belgique aurait renié en bonne et due forme les trois mesures du paquet énergie propre.

Au-delà de l’irrespect total pour l’environnement dont vous avez fait preuve lors de votre déplacement (26.tonnes.de.CO2.), on ne peut s’empêcher de voir dans ces votes un irrespect complet de l’engagement et des volontés des citoyens belges. Peut-être que telle un certain Donald T. vous faites partie de ces dirigeants climatosceptiques, mais auquel cas, on aurait préféré que vous soyez affectée à un autre poste de ministre. Même si, ainsi que vous vous êtes empressée de le dire, ce n’est pas votre faute.

Ben non, forcément, c’est la faute des Flamands. C’est pratique, le système des Régions, finalement, ça permet d’avoir toujours un coupable désigné lorsqu’on prend une mesure qui n’est pas populaire. En l’occurence, vous, évidemment que vous vouliez voter “oui” à tout mais ainsi que vous l’avez souligné “ce sont les régions qui ont 90 % des compétences en matière d’énergie donc ce sont les trois régions qui décident et nous, au niveau fédéral, ne pouvons que transmettre les volontés de ces régions“. Et justement, donc, la Flandre était opposée aux mesures climatiques, donc vous avez dû voter contre, contre votre gré.

Sauf votre respect, mais en utilisant cette ligne de défense, vous affirmez donc n’être rien de plus qu’un porte-parole glorifié, chargée de répercuter les opinions des autres. Pour un salaire mensuel de 10 482 euros, reconnaissez que ça fait cher payé l’inutilité. Et en l’occurence, l’addition est d’autant plus difficile à avaler que les guéguerres entre Fédéral et régions n’auront plus aucune espèce d’importance quand on aura franchi la limite du réchauffement climatique et qu’il n’y aura plus de retour en arrière possible. La Flandre et la Wallonie ne seront plus que deux régions parmi tant d’autres à souffrir d’un climat sans pitié, et vous, vous entrerez dans l’Histoire comme une de celles qui a laissé ça arriver.

Cet hiver, grâce notamment à votre mauvaise gestion du parc énergétique belge (oui, oui, on vous entend d’ici, c’est la faute des Flamands aussi), il va falloir faire du délestage d’électricité. Et tant qu’à faire, puisque vous ne servez visiblement à rien sauf à polluer, on vous délesterait bien avec. Avec tout le respect qu’on vous doit, évidemment, Madame la ministre.

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