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© David Goudreault via Getty

““Lettre aux p’tits gars””, la vidéo virale de David Goudreault

La rédaction

Alors que le nombre de féminicides ne cesse d’augmenter d’année en année, le poète québécois David Goudreault a livré un texte puissant sur les masculinités toxiques et la violence faite aux femmes. Parce qu’il faut que ça cesse.


Un récit percutant, beau et touchant, voilà ce qu’a présenté hier David Goudreault sur le plateau de l’émission “Bonsoir Bonsoir”, une émission canadienne. Un texte fort, aux mots particulièrement bien choisis mais surtout nécessaire puisqu’il appelle “les p’tits gars” à être acteurs du changement pour éradiquer la violence, leur rappelle que ce n’est pas en faisant une place à la sensibilité qu’ils y perdront quelque chose.

Nous avons retranscrit son texte afin d’en faciliter la lecture mais pour vivre l’expérience et les émotions que nous propose David Goudreault, nous vous conseillons vivement de regarder la vidéo ci-dessous.

 Lettre aux p’tits gars


“Je veux qu’on sorte de nos cages, de la cage au sport comme de la cage thoracique. Un tien vaut mieux que deux tu l’auras, mais deux couilles valent moins qu’un coeur à la bonne place. Je suis pas un exemple, mais laisse-moi t’en donner. Quel genre de modèles on propose? Des joueurs de hockey qui s’imposent sur la glace, des batailleurs MMA qui s’imposent sur le ring, des rappeurs un peu misogynes qui s’imposent dans le game, les super-héros qui règlent tout à coups de poing. Pas simple d’être sensible et en contact avec les émotions. (...)

Il y a une vaste palette de mecs que tu peux être, complexe peut-être mais tu peux être sans écraser les autres.


On peut sortir du vieux moule pourri de l’homme fort à tout prix. On s’est fait mettre dans la face nos erreurs et nos errances, c’est rough mais il y a eu trop de viols, trop de violence. L’humanisme pense par le féminisme tant qu’on aura pas atteint l’égalité, tant que la sécurité ne sera pas un bien commun pour toi comme pour elles. Ça t’enlève rien tu sais, ça va juste embellir le monde. Pour tout le monde.

T’as le droit d’être qui tu es. De triper sur les camions, les outils, les lutteurs. T’as le droit d’avoir un pénis, t’as le droit d’avoir envie de t’en servir, d’éprouver du désir et de le nommer. Mais tu peux pas imposer tes fantasmes, toucher sans consentement. Tu peux pas envoyer des photos de ta graine si on te le demande pas explicitement. Même si t’as la plus belle graine de Saint-Hyacinthe. (...) Accepte qu’on te dise non. Apprends à différer la gratification et vivre avec la frustration, même la détresse. (...)

Pour une seule tueuse, tu as 148 hommes aux mains pleine de sang.


Les femmes ne sont pas parfaites mais c’est un fait: nous tuons davantage, nous frappons plus souvent, nous assassinons. Il est temps qu’on s’inquiète. (...) C’est pas digne de la beauté des hommes, de la bonté de la majorité d’entre nous. Mais le danger est là, c’est aussi ça les hommes, p’tit gars. (...) T’as le droit de le ressentir. T’as pas le droit de l’agir. Va crier, va te saouler, va demander de l’aide ou te perdre dans le bois. Serre les dents plutôt que les poings. Sers-toi de ta tête quand ton coeur se brise. Serre-moi dans tes bras. (...) Puis hurle. Puis braille, braille fort comme un homme, mon gars”.



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