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© MANJRI VILLAGE , MAHARASHTRA, INDIA - 30 JANUARY 2017 : Unidentified happy Indian rural school girl going to school together from their village to urban area for education.; Shutterstock ID 569381734; Projectnummer/WBS-nummer: -; Uitgave/Naam lesmethode: -; Redacteur/Traffic manager: -; Anders: -

L’Inde, le pays des hommes qui n’aimaient pas les femmes

Kathleen Wuyard

Trois adolescentes violées et brûlées vives en une semaine. On dirait le résumé d’un mauvais film gore, c’est malheureusement la triste réalité en Inde, où il ne fait décidément pas bon être une jeune fille aujourd’hui. D’autant que la violence sexuelle a beau augmenter, elle reste bien trop légèrement punie.


Jeudi 3 mai 2018, dans un petit village de l’état de Jarkhand, c’était jour de mariage. Une célébration familiale à laquelle une ado de 16 a choisi de ne pas assister, préférant rester à la maison. Une décision fatale : alors que sa famille assistait au mariage, deux hommes sont venus l’enlever chez elle pour la violer dans une forêt toute proche. Un crime abject pour lequel ils ont été condamnés à une peine risible par le conseil des anciens du village de la jeune fille : cent abdominaux et le versement d’une amende de 50 000 roupies soit environ 750 euros. En Occident, un tel jugement susciterait l’incompréhension et la colère de l’opinion publique. En Inde, ce sont les violeurs qui se sont offusqués d’être condamnés de la sorte. Et après avoir roué de coups les parents de leur victime, ils se sont précipités à son domicile, où ils l’ont brûlée vivante.

Au moins 40 000 viols par an


Quelques jours plus tard, c’est une autre jeune fille de 16 ans qui mourait de ses blessures dans le district de Saghar, après avoir été violée par son cousin et un complice de ce dernier. Quand elle a menacé de les dénoncer, les deux hommes l’ont brulée vive pour s’assurer qu’elle ne puisse pas parler. Une autre ado âgée de 17 ans, est quant à elle toujours entre la vie et la mort après avoir été aspergée d’essence et brûlée par un homme de 19 ans. L’horreur quotidienne dans un pays où 40 000 viols ont été signalés en 2016, le mot clef étant “signalé”, et le nombre réel de viols étant vraisemblablement bien plus élevé.

Des femmes traitées comme des objets


Et pourtant, même si les conseils d’anciens dans les villages sont relativement laxistes envers les violeurs, le gouvernement indien durcit les peines, et a notamment instauré le mois dernier la peine de mort pour les violeurs d’enfants de moins de 12 ans. Une décision prise suite au viol collectif et au meurtre d’une fillette musulmane de huit ans à Kathua. Autant d’affaires sordides qui donnent de l’Inde une image de plus en plus ternie. Et s’il faut bien sûr garder un oeil critique face au battage médiatique qui donne parfois trop d’importance à certains phénomènes, il n’empêche qu’en Inde, le problème de la place des femmes dans la société reste un vrai problème. Dans la société indienne patriarcale, la femme est considérée comme un objet utilitaire, juste bonne à faire des enfants puis à les élever tout en prenant soin du ménage. Si l’on ajoute à cette objectification le fait que les hommes sont en surnombre dans le pays (un peu plus de 900 femmes pour 1000 hommes), on obtient une situation où ces derniers considèrent comme un dû le fait de s’emparer des corps des femmes pour assouvir leurs pulsions. Le mouvement #MeToo a beau avoir remporté quelques victoires en Occident, il reste encore clairement de nombreux combats à mener.

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