Morts au Capitole: que s’est-il passé hier soir à Washington?
Ce mercredi 6 janvier, des partisans de Donald Trump ont pris d’assaut le Capitole, à Washington, afin d’interrompre la session chargée de confirmer l’élection de Joe Biden. Si la confirmation aura finalement eu lieu ce jeudi, c’est après des heures de fracas, 52 arrestations et quatre morts.
Une tragédie américaine orchestrée par le bientôt ex-locataire de la Maison Blanche. Dès les premiers moments de l’élection présidentielle en novembre dernier, Donald Trump avait en effet clamé qu’elle était truquée et que la victoire lui avait été volée, multipliant les recours, demandes de recompte des voix et accusations de fraude électorale. Ces derniers jours, il avait utilisé le mégaphone géant offert par son compte Twitter, suivi par 88 millions de personnes, pour appeler à stopper la confirmation de la victoire électorale de Joe Biden au Congrès. Problème: certains de ses partisans l’ont pris au mot.
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“Nous ne céderons jamais”
“Nous n’abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais (...) Nous avons remporté cette élection et nous l’avons remportée largement” clamait-il devant une foule de partisans quelques heures avant que certains ne décident d’agir et d’empêcher à tout prix la certification du président Joe Biden. Une marée humaine de plusieurs milliers (“des centaines de milliers” selon Donald Trump) a ainsi déferlé sur Washington, avec un objectif clair: prendre d’assaut le Capitole et arrêter la confirmation de la victoire de celui que Donald Trump n’a eu de cesse d’insulter, “Sleepy Joe” alias Joe Biden.
Dans la foulée, plusieurs centaines de partisans de Trump se sont introduits dans le Congrès et ont pris d’assaut le bâtiment durant plusieurs heures afin de tenter d’empêcher la séance de confirmation de se poursuivre. Une offensive qualifiée “d’insurrection” et “d’attaque sans précédent envers la démocratie américaine” par Joe Biden, les manifestants n’ayant finalement été dispersés qu’après plusieurs heures par la police. Dans un Tweet ultra controversé, qui a contribué à lui valoir d’être banni de Twitter et Facebook, Donald Trump a appelé ses partisans à “ne pas recourir à la violence” car “nous sommes le parti de la loi et de la justice et nous respectons ceux et celles qui portent l’uniforme”. Un tweet ne condamnant toutefois pas l’invasion du Capitole, et pris un peu trop littéralement par certains, une vidéo polémique montrant notamment un policier se prêtant au jeu du selfie avec des manifestants.
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Avant que la séance du Congrès ne soit interrompue par les manifestants, le chef des sénateurs républicains, Mitch Mitchell, avait mis en garde contre précisément ce type d’initiative.
Si cette élection était invalidée sur la base de simples allégations des perdants, notre démocratie entrerait dans une spirale mortelle”.
Il ne croyait malheureusement pas si bien dire: à l’heure d’écrire ces lignes, 52 personnes ont été interpellées, la majorité pour violation du couvre-feu de Washington et les autres, pour port illégal d’arme à feu, et quatre personnes ont perdu la vie, dont une femme venue spécialement de Californie pour l’occasion et touchée par un tir de police au sein même du Capitole.
“Trump a mis le feu au Capitole”
Des pertes humaines aussi tragiques que parfaitement inutiles puisqu’une fois les insurgés dispersés à coup de gaz lacrymogène, le Congrès a repris sa séance et confirmé la victoire de Joe Biden à la présidentielle de 2020. Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, a tenu à poursuivre la procédure après concertation avec le Vice-président sortant Mike Pence. Si Donald Trump s’est contenté d’appeler au “calme” sans jamais condamner l’invasion du Capitole, la communauté internationale a fermement condamné les évènements de ce mercredi, appuyée par des élus républicains (“la violence est toujours inacceptable” a rappelé le sénateur Ted Cruz) ainsi que les trois derniers présidents américains. “Insurrection digne d’une république bananière” selon George Bush, “moment de déshonneur et de honte” pour Barack Obama, tandis que Bill Clinton, lui, a pointé la responsabilité de Donald Trump du doigt.
Il s’agit d’une attaque sans précédent, nourrie par plus de quatre ans de politique empoisonnée (...) La mèche a été allumée par Donald Trump”.
Avant que Facebook et Twitter ne suspendent ses comptes et que ce dernier ne supprime quelques Tweets dans la foulée, l’élu républicain avait adressé un message vidéo à ses partisans. Message dans lequel il les qualifiait de “grands patriotes” et leur conseillait de “rentrer chez eux” avant de marteler à nouveau que l’élection avait été “volée”. Des accusations qui sonneront encore plus creux maintenant que le Congrès a confirmé la victoire de Joe Biden, dont la cérémonie d’investiture aura lieu le 20 janvier prochain. Avec, en toile de fond, la peur d’autres soulèvements pour marquer la transition entre les deux présidents.
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