Non, dormir avec un doudou à l’âge adulte n’est pas une honte (au contraire, même)
D’aucuns les ont abandonnés dès l’entrée à l’école primaire, d’autres à l’âge des amourettes, mais pour la plupart des adultes, le doudou tant aimé appartient aux souvenirs de l’enfance. La plupart, mais pas tous. Et quoi qu’en disent les mauvaises langues, dormir encore avec sa peluche à l’âge à d’adulte est tout sauf une honte.
Pour Norah, c’est un moyen des plus efficaces de lutter contre le chagrin. Après une journée particulièrement pénible ou un rendez-vous décevant de plus, cette trentenaire bruxelloise sort Pinpin du placard. Le lapin bleu vif a beau être des plus élimés et être passé du bleu roi au bleu pastel au fil des lavages et des années, il a toujours sur elle un effet apaisant. “Je l’avais un peu oublié à vrai dire, mais en rhéto, je me suis faite larguer par mon amoureux. Aujourd’hui, j’en ris, mais à l’époque, je croyais que c’était l’amour toujours, et j’en ai vraiment souffert. Un soir où je pleurais encore toutes les larmes de mon corps dans mon lit, j’ai décidé de sortir Pinpin de son tiroir. Il m’a suffi de respirer ses oreilles toutes rapées et de le frotter contre ma joue comme quand j’étais petite pour me sentir mieux et arriver à me calmer. Depuis, je le garde précieusement dans une jolie boîte, dont il ressort en cas d’absolue nécessité”. Une nécessité quotidienne pour Louise, 31 ans, pour qui il est tout simplement impensable de s’endormir sans son Dodo.
Je l’ai depuis que je suis toute petite, et il m’aide vraiment à m’endormir. Je ne l’ai jamais mâchouillé comme certains peuvent le faire avec leurs doudous, je me contente juste de le caler sous mon menton et de le respirer en douce au moment de m’endormir. Au début, mon mec trouvait ça un peu rigolo, mais depuis, il s’est habitué, et c’est même lui qui me rappelle de le prendre avec quand on part en voyage. Comme si je risquais d’oublier!
Et s’il n’existe pas de chiffres pour quantifier combien d’adultes belges ressentent comme elles le besoin épisodique ou quotidien d’un doudou pour s’endormir (aux USA, par contre, ce chiffre atteindrait les 40% de la population), selon le psychiatre Michaël Larrar, le phénomène est plus fréquent qu’on ne le croit. Qu’il soit conscient ou pas: vous n’avez peut-être pas besoin d’une peluche délavée ou d’une couverture usée jusqu’à la corde pour vous endormir, mais votre doudou peut aussi prendre la forme d’un pyjama fétiche, voire même, d’un.e Chéri.e sans qui il vous est impossible de vous endormir.
Les chats aussi adorent les doudous
Parce que les doudous ne sont pas simplement un héritage de l’enfance mais bien un symbole de sécurité, qui rassure au moment de faire la transition entre le jour et la nuit, moment auquel les angoisses se réveillent. Et pour la psychologue Catherine Pierrat, il ne faut surtout pas voir là un signe d’immaturité.
A sa manière, l’adulte fait de même. Le doudou nous protège des difficultés de la vie. Chacun lui attribue et projette ce qu’il en attend. Ce n’est en aucun cas un signe d’immaturité, plutôt le symbole de toute l’émotion que l’on a enfoui dans notre cerveau profond.
Voire même, ainsi que l’a confirmé une étude récente de l’UV University d’Amsterdam, un allié pour la santé. Selon les chercheurs, le toucher (par exemple, celui d’un animal en peluche) a un impact sur la santé mentale, particulièrement en ce qui concerne l’allègement des angoisses existentielles. Autrement dit, les pouvoirs apaisants et réparateurs de votre doudou ne sont pas un simple effet de votre imagination mais bien un véritable phénomène scientifique. Avec, en prime, des effets secondaires absolument inexistants, contrairement à la majorité des médicaments antianxiolytiques. Nul raison donc d’avoir honte de votre doudou, au contraire: il est l’allié de votre santé.
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