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© French singer and musician Claire Pommet aka Pomme, poses during a photo session on February 3, 2020. (Photo by Martin BUREAU / AFP) (Photo by MARTIN BUREAU/AFP via Getty Images)

La chanteuse Pomme révèle les violences et le harcèlement sexuel dont elle a été victime

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

À la veille des Victoires de la Musique, auxquelles elle est nommée dans la catégorie meilleure artiste féminine, la chanteuse-compositrice-interprète Pomme a révélé la face moins glamour du monde musical en dénonçant les violences sexistes qui y font rage.


Ce 11 février, à la veille des Victoires de la Musique, Pomme, artiste francophone de 24 ans, a publié une lettre ouverte sur le site Mediapart. Une lettre pour dénoncer le harcèlement et autres violences sexistes dont elle a été victime, mais aussi pour montrer à quel point cette façon de faire est omniprésente dans le monde de la musique. Rappelons qu’en décembre dernier, Mediapart, toujours, s’en était pris à l’univers de la musique en relayant une centaine de témoignages, sous le hashtag #Musictoo, qui décrivaient une industrie où le sexisme est malheureusement un refrain bien connu.

Lire aussi: #MusicToo dévoile l’ampleur des violences sexistes dans le monde de la musique.

“De là où je suis, j’ai décidé de dire les choses. De ne plus laisser régner la peur, la peur de quoi, je sais même pas. (…)

De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment. J’ai été l’objet de quelqu’un, façonnée selon ses fantasmes et déviances psychologiques.


Je ne choisissais rien de ma vie (comportements, fréquentations), ni de mon apparence (vêtements, maquillage, épilation), ni de la direction artistique de mon propre projet musical naissant à l’époque. J’ai été manipulée jusqu’à en perdre totalement confiance en moi, confiance si fébrile à cet âge-là. Être un adulte de 30 ans face à une adolescente de 16 ans et la briser. Réussir à lui faire croire qu’elle est le problème, en la sexualisant, en la rabaissant, en la contrôlant. Partir en marchant à pieds joints sur les débris d’une santé mentale détruite. Ne plus jamais donner de nouvelles.

‘Sois plus sexy, moins enfant.’

‘J’aurais dû te baiser .’

‘Reprends tes chansons de merde et casse-toi, débrouille-toi.’


 

Des comportements toxiques et omniprésents


Selon l’interprète de « Grandiose », un nombre inimaginable d’hommes qui évoluent dans le secteur de la musique sont en fait des harceleurs, agresseurs et violeurs. Dans son témoignage, elle appuie sur le fait qu’elle n’est certainement pas un cas isolé et que les prédateurs sont partout :

Prenez conscience d’une chose : vous les voyez à la télé, vous les entendez à la radio, vous les applaudissez en concert (avant la pandémie). Vous les acclamez. Vous consommez leur musique, je la consomme aussi sûrement, sans le savoir”.


“Si la justice et le système les protègent, si le gouvernement ne fait rien, il est temps que nous parlions. Il est temps que la honte et la peur changent de camp. Nous sommes capables d’identifier ces comportements et agressions. Donc nous sommes capables de les renverser et de changer les choses.”

Même si elle n’a pas souhaité donner de nom, elle a au moins fait savoir qu’elle se tenait désormais prête à aider toutes les filles victimes comme elle du sexisme dans le milieu musical.

“Je n’ai pas l’intention de me faire plus petite. Je n’ai pas l’intention de la fermer. Je n’ai pas l’intention d’être de celles.eux qui cautionnent. Je ne parlerai pas pour mes sœurs ou mes frères, je ne donnerai pas de noms à des histoires qui ne m’appartiennent pas. Je peux simplement raconter la mienne. Mais maintenant vous connaissez mon camp.

Je marche les mains tendues vers toutes les personnes qui ont peur, quand elles tombent, quand elles souffrent, quand le courage les déserte. Je suis toujours, toujours prête à les écouter, je les comprends, oh comme je les comprends.


Et si je collabore, m’associe avec l’un d’eux, s’il vous plaît, dîtes le moi. Ça suffit. C’est assez.” Une lettre qui, on l’espère, résonnera assez fort et fera office de caisse de résonance pour que d’autres voix se lèvent.

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