Varsovie quitte le traité européen contre les violences sexistes pour esquiver la question de genre
Tandis que la Hongrie n’en finit pas de s’en prendre aux droits des personnes LGBTQIA+, en Pologne, c’est aux femmes qu’on fait un pied-de-nez, avec l’annonce ce vendredi par Varsovie de sa volonté de se retirer d’un traité européen condamnant les violences faites aux femmes.
Selon les statistiques avancées par les associations féministes, entre 400 et 500 femmes polonaises mourraient chaque année sous les coups de leur (ex-)compagnon, tandis que l’Agence d’État polonaise pour la prévention des problèmes liés à l’alcool faisait état en 2008 de 81 985 femmes victimes de violences conjugales dans le pays. De quoi pousser le gouvernement à mieux les protéger? Pas s’il faut en croire l’annonce récente du ministre de la Justice polonais, Zbigniew Ziobro, qui a fait écho ce samedi de la volonté annoncée la veille pour la Pologne de sortir de la Convention d’Istanbul. Soit, ainsi que le rappelait “The Independent” dans la foulée, le cadre juridique européen le plus complet pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles. Ratifiée par 34 pays européens, la convention couvre en effet les violences domestiques mais aussi le viol, les agressions sexuelles, les mutilations génitales féminines, ou encore le mariage forcé. Misogyne, Varsovie?
La question (de genre) qui dérange
Du côté du gouvernement, on avance comme motif du retrait les “éléments idéologiques” contenus dans la Convention d’Istanbul, et notamment la “construction d’un supposé genre socio-culturel en opposition au sexe biologique”. En d’autres termes, la question de (trans)genre, que la Pologne refuse de voir enseignée à l’école. Et la protection accordée aux femmes contres les violences alors? Selon Zbigniew Ziobro, non seulement la loi polonaise leur offre un soutien suffisant, mais elle irait même “au-delà des exigences de la Convention d’Istanbul”.
Une opinion loin d’être partagée par les Polonaises, qui ont été plus de 2000 à manifester à Varsovie ce vendredi 24 juillet. De son côté, Marija Pejcinovic Buric, la secrétaire générale du Conseil de l’Europe, a souligné que quitter la Convention “serait fortement regrettable et serait un important recul dans la protection des femmes contre la violence en Europe” et s’est dite prête à clarifier les éventuelles idées fausses qui circuleraient à propos de ce traité de la plus haute importance.
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