Avoir mal n’a rien de normal: L’endométriose, une maladie qui touche une femme sur dix
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Règles douloureuses, rapports sexuels douloureux, problèmes digestifs… L’endométriose touche, en Belgique, une femme sur dix1. Encore trop invisibilisée, elle a pourtant un impact non négligeable sur la qualité de vie de celles qui en souffrent. Le Dr. Stavros Karampelas, Chef de Clinique Chirurgie Gynécologique du CHU Brugmann et coordinateur de la clinique de l’endométriose de l’hôpital, apporte un éclairage sur cette affection et ses symptômes les plus fréquents.
L’endométriose désigne le développement hors de la cavité utérine de tissu semblable à celui de la muqueuse utérine, appelée endomètre. « L’endométriose est très difficile à diagnostiquer, explique le Dr. Karampelas. En Belgique, cela prend en moyenne sept ans2 », ajoute-t-il, en s’appuyant sur une étude de l’UZ Leuven. Mais comment expliquer que le diagnostic de l’endométriose puisse prendre autant de temps ?
Une symptomatologie complexe
L’endométriose est difficile à détecter, c’est non seulement car ses symptômes sont nombreux et différents chez chaque patiente, pouvant évoquer d’autres pathologies. « On décèle habituellement trois symptômes principaux », explique le Dr. Karampelas. « Tout d’abord, la dysménorrhée, qui désigne les douleurs liées au cycle menstruel, pouvant aussi se manifester, avant ou après les règles, de façon chronique.
Le deuxième symptôme est celui de la dyspareunie, à savoir les douleurs profondes durant les rapports sexuels, causées par les lésions endométriales. Enfin, le troisième symptôme prend la forme de problèmes digestifs divers, comme le ballonnement abdominal, des alternances entre diarrhées et constipation lors des règles et des douleurs à la défécation. »
Si ces trois symptômes sont considérés comme les principaux, d’autres existent également, telles que des douleurs non menstruelles chroniques, des douleurs au moment de l’ovulation, des douleurs dans l’épaule ou dans les côtes pendant les règles, de la fatigue chronique ou des symptômes plus rares commes des saignements de nez lors des règles ou encore des problèmes respiratoires… Ces symptômes ont un impact majeur sur la qualité de vie des personnes atteintes d’endométriose avec un retentissement important sur leur vie personnelle et conjugale, mais également professionnelle et sociale.
Améliorer la qualité de vie
Vivre avec ces symptômes au quotidien s’apparente pour de nombreuses femmes à de la torture. C’est pourquoi au plus vite la patiente sera diagnostiquée, au mieux il sera ensuite possible de l’accompagner. Dès le moment où le médecin traitant ou le gynécologue a un doute, il s’agit alors de diriger la patiente vers un pôle spécialisé en endométriose afin de lui proposer un traitement adapté à ses douleurs.
Plusieurs solutions existent ainsi pour soulager la personne atteinte d’endométriose. Le choix d’un traitement doit d’ailleurs toujours résulter d’un dialogue entre patiente et médecin, notamment selon l’envie de grossesse ou non de la patiente. C’est pourquoi, quel qu’il soit, le traitement doit être individualisé et adapté à chaque patiente car chaque endométriose est unique.
« Comme l’endométriose est une maladie hormono-dépendante, très souvent, nous commençons par l’hormonothérapie, dont le but premier est d’atténuer les douleurs cycliques de la patiente à l’aide d’une pilule et avec des antalgiques »
L’idée est alors de trouver un juste équilibre entre une douleur supportable et une prise en charge médicamenteuse afin que la patiente puisse jouir d’une amélioration de sa qualité de vie. « Il existe également des médicaments de deuxième ligne » ajoute-t-il. Cette option sera surtout intéressante pour les patientes ne désirant pas de grossesse. « Ce sont des molécules qui permettent de mettre les ovaires en pause. Il s’agit d’un traitement qui endort les lésions d’endométriose et qui permet de diminuer ou d’arrêter les douleurs de la patiente et d’améliorer sa qualité de vie. »
Enfin, la chirurgie, qui permet d’éliminer les lésions d’endométriose, existe également, même si elle est plutôt choisie en dernier recours et réservée pour les patientes qui ne répondent pas au traitement médical.
Et si chirurgie il y a, en cas de récidive, l’opération ne sera pas forcément à nouveau privilégiée. « Si la patiente se fait opérer et qu’après trois, ou cinq ans, par exemple, elle fait une récidive, on la redirigera plutôt vers un médicament de deuxième ligne », précise le Dr. Karampelas.
Ne perdez plus une seconde
Si vous présentez des symptômes semblables à ceux précités, et/ou que vous souffrez de douleurs qui vous semblent anormales, sachez qu’il peut s’agir d’endométriose. C’est pourquoi il est important de consulter votre médecin généraliste ou votre gynécologue, de manière à recevoir de suite l’accompagnement qui s’adaptera au mieux à vos besoins ainsi qu’à l’étape de vie dans laquelle vous vous trouvez.
Avec le soutien de
2024-022, date de révision 03/2024.
1. Zondervan KT et al. N Engl J Med. 2020: 382(13):1244-1256
2. Ellis K et al. Front Glob Womens Health. 2022;3:902371.