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TÉMOIGNAGE: ““J’ai 25 ans et je vis une crise existentielle””

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste

Entre la crise d’ado et celle de la quarantaine, il existe un autre trouble, plus discret, qui fait des ravages sur toute une génération. On l’appelle la crise du quart de vie. Remise en question, blues, angoisse: voici le lot d’un tas de jeunes, comme Caroline, 25 ans.

“Après un stage, j’ai décroché un CDI dans une boîte de publicité renommée. J’ai hésité, je m’étais rendue compte que ce n’était pas ce que je voulais faire. Mais refuser un CDI aujourd’hui relève presque de la folie. J’ai donc fini par accepter. Je ne voulais pas vivre chez mes parents, je voulais m’assumer. Ça a été mon premier choix important, avant, je n’avais qu’à suivre un chemin déjà tracé pour moi. Mais la confrontation avec le monde du travail a été violente. J’ai l’impression de n’être qu’un petit poisson dans un océan.

Chaque jour, un gouffre se crée entre mes envies, mes ambitions et la réalité. Et pour la première fois de ma vie, je vois à quelle vitesse le temps file. Je dois me dépêcher d’être heureuse.

Je ne veux pas me réveiller dans 20 ans en réalisant que j’ai abandonné mes désirs d’enfant. J’ai donc décidé de suivre une formation de graphisme, pour me rapprocher de mes rêves. C’est maintenant ou jamais que je dois foncer.

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Enfant vs. adulte

Toutes ces décisions sont si difficiles à prendre. J’ai l’impression qu’elles influenceront toute ma vie. Chaque fois, c’est l’enfant en moi qui se bat avec l’adulte. Quand j’ai accepté ce CDI, c’est la raison qui a gagné, je devais payer mes factures. J’ai eu l’impression d’abandonner ma part d’enfant. Jamais je n’aurais imaginé que devenir adulte serait une telle déchirure. Tu te retrouves face à toi-même, à te remettre en question sans cesse. Ça prend du temps et j’espère que ça n’ira pas trop vite.

Quand j’étais petite, je m’imaginais à 25 ans, mariée avec un enfant, comme ma maman. Mais les temps ont changé.

Avant, c’était simple: tu sortais des études, tu avais un job, un mari, des enfants. Aujourd’hui, tout est théoriquement possible. On peut décider d’aller vivre au bout du monde, de lancer une start-up… Il suffit de le vouloir, mais qu’est-ce que je veux? C’est difficile de se conforter dans le fait qu’on a fait le bon choix. Mais je pense qu’il faut se laisser vivre, en gardant ses rêves d’enfant.”

Nous avons posé 3 questions à Peter Cogen, psychothérapeute

Qui sont les personnes les plus susceptibles d’être touchées par cette crise?

“Des personnes sensibles, intelligentes et perfectionnistes qui ont fait un “parcours sans faute”. Études, vie affective, professionnelle, tout cela avait été parfaitement bien mené.”

Par quelles phases passent ceux qui vivent cette crise?

“Dans un premier temps, la personne va s’isoler, éviter le contact avec celles et ceux dont elle subit une pression. Explicite: des parents qui posent sans cesse des questions sur les projets de vie. Ou implicite: les réseaux sociaux où la personne voit tous ses amis réussir. Ensuite, la personne ira jusqu’à rompre des engagements privés ou professionnels pas tellement parce qu’ils sont contraignants (comme le ferait un ado ou un quadra) mais parce qu’elle a peur de faire le mauvais choix. La troisième phase est celle de l’exploration d’autres options dans la vie affective et professionnelle. Cette phase lui permettra de formuler des projets plus clairs basés sur des valeurs plus personnelles. La dernière étape est marquée par de nouveaux engagements stables avec une finalité claire. La personne se sent en accord avec le parcours qu’elle choisit.”

Comment y faire face?

“Reconnaître qu’elle n’est pas anodine, qu’il ne suffira pas d’attendre que ça passe. Savoir aussi que toute crise est une opportunité, si on résiste à la tentation du repli sur soi. Il ne faut pas hésiter à parler de ses doutes à des personnes qui peuvent aider en partageant leur expérience.”

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