Gen F

En rejoignant la communauté, vous recevez un accès exclusif à tous nos articles, pourrez partager votre témoignage et…

Témoignage: ““J’ai été anorexique et je m’en suis sortie””

Justine Rossius
Justine Rossius Journaliste
Céline, 18 ans, a été anorexique. Elle pesait 42 kilos pour 1 m 72. Elle est ensuite passée par une phase de boulimie. Aujourd'hui, elle va mieux et elle a écrit le livre "Point-Virgule", qui retrace son parcours, de sa descente aux enfers jusqu'à sa guérison.

"Au départ, j'étais une jeune ado un peu ronde. Je recevais beaucoup de remarques d'amis sur mon physique. On me taquinait beaucoup avec mon poids. Je n'étais pas très bien dans ma peau à cause de ça... L'image des médias avait aussi une forte influence sur moi. Ils montrent une image de la femme qui n'est pas la vraie et à laquelle on essaye pourtant de s'identifier.

Lors d'une visite médicale en deuxième secondaire, j'ai rencontré une doctoresse qui m'a dit: 'Tu ne dois plus prendre un seul kilo, tu es déjà assez ronde comme ça'.

Suite à cette remarque, j'ai commencé à faire attention. J'ai évité les aliments trop gras, trop sucrés et trop salés jusqu'à les bannir totalement de mon alimentation.

 

Avoir froid en permanence

 Je maigrissais à vue d'œil et je considérais vraiment de plus en plus la nourriture comme un ennemi. Je me réfugiais dans mes études, je ne voyais plus beaucoup mes amis. Je n'avais pas envie de devoir manger avec des gens à côté de moi donc je ne sortais plus beaucoup. J'avais toujours extrêmement froid. Je grelottais même à côté d'un radiateur. J'avais mal en m'asseyant parce que je n'avais plus de graisse sur les fesses.

J'avais toujours la tête remplie: je calculais toutes les calories tout le temps. Et dès que j'avais fini de compter les calories de ma journée, je recommençais.

J'étais aussi très fatiguée, je n'avais plus aucune force. Même faire trois pas devenait compliqué. Au début, je mesurais 1 m 64 pour 56 kilos. Et puis ensuite, je pesais 42 kilos pour 1,72 m. À côté de ça, j'avais aussi développé des TOC. Quand je dressais la table pour le petit-déjeuner, par exemple, la planchette devait être parfaitement parallèle au bord de la table. C'était l'enfer.

 

Remonter la pente

Ma maman a ensuite remarqué que ça n'allait pas. Je commençais à pleurer à table si je devais manger une frite. Elle a contacté un médecin qui lui a expliqué qu'elle devait me préparer mes repas. C'était horrible. J'étais forcée à manger. Mais pour moi, manger une clémentine après le petit-déjeuner alors que je ne l'avais pas prévu dans ma journée était un véritable supplice. Mais ma maman a bien fait: elle a compris que c'était grave. C'est ce que je donnerais comme conseil aux parents qui ont un enfant anorexique: il ne faut surtout pas penser que c'est un caprice. Il faut se montrer ouvert et comprendre que ce n'est pas notre faute. Nous sommes les victimes de cette maladie. Il faut aussi montrer que vous aimez toujours votre enfant. Et demander l'aide de spécialistes. Ça a marché pour moi, et petit à petit, j'ai été mieux, j'ai commencé à sortir.

 

De l'anorexie à la boulimie

J'avais beaucoup plus d'amis. Je revivais. Ça a duré 6 mois... Jusqu'à ce que je tombe dans la boulimie. J'ai redécouvert les joies de la nourriture jusqu'à ce que ça devienne des pulsions. Je mangeais tout. J'ai voulu m'en sortir toute seule donc je n'en ai parlé à personne.

Je devais me cacher tellement les quantités ingurgitées étaient importantes. Je dévorais tous les paquets de biscuits de l'armoire. Je trouvais des excuses, je mentais à mes parents.

Et j'ai commencé à écrire mon livre "Point-Virgule" pour m'aider à aller mieux. Je me lançais des défis par écrit et j'ai réussi à diminuer la fréquence des crises.

 

Apprendre à s'accepter

Aujourd'hui, j'ai un rapport à la nourriture tout à fait normal. Je ne compte plus les calories, je mange la même chose que tout le monde... Je n'ai gardé aucune séquelle de cette phase d'anorexie. Je me rends compte de la chance que j'ai, je n'ai pas envie de décevoir mon amoureux. Je me laisse vivre, je n'essaye plus de tout prévoir. Il faut s'accepter tel que l'on est. Surtout quand on sait que la taille moyenne d'une femme est 42-44. Il faut être soi-même et profiter de la vie sans se prendre la tête."

 

"Point-Virgule", de Céline Sizaire, Ed. Poussière de Lune, 12,50 €.

 

Pour aller plus loin:

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Nos Partenaires