Le 6 juin dernier, la créatrice de contenus Aurélie Van Daelen (35 ans) publiait sur Instagram une photo likée aujourd’hui par plus de 100.000 personnes. Sur le cliché en question, l’influenceuse pose en maillot de bain et livre un texte poignant sur l’importance de s’aimer soi. Un message crucial et nécessaire car, Aurélie l’a compris, l’amour de soi: tout commence par là.
Si je vous dis self-love, vous me dites…
« Pas facile. On vit quand même dans une société où l’on est constamment critiqués, jugés par les autres. Ça impacte clairement l’estime de soi, et ce dès notre plus jeune âge. Je trouve qu’on devrait apprendre aux enfants à s’aimer. Que ce soit à l’école ou à la maison. »
Avoir une haute estime de soi ne se limite pas à aimer son reflet dans le miroir le matin.
C’est ce que vous enseignez à Pharell, votre fils de 7 ans?
« Oui. Je lui apprends à être son propre meilleur ami. Je lui fais comprendre qu’à partir du moment où tu t’aimes pleinement, avec tes qualités et tes défauts, la vie est plus simple. Avoir une haute estime de soi ne se limite pas à aimer son reflet dans le miroir le matin. S’aimer, c’est être en accord avec la personne que l’on est, c’est respecter ses valeurs, son corps, se sentir libre. »
Qu’auriez-vous aimé entendre à son âge?
« J’aurais aimé qu’on me dise que la beauté intérieure est aussi, voire plus importante, que la beauté extérieure. J’étais une petite fille très gâtée. On m’emmenait en voyage, on m’offrait de belles choses. Ma mère était très belle, on me disait que je l’étais aussi. Et puis, j’ai commencé à prendre un peu de poids et on s’est mis à se moquer de moi à l’école. Ma mère me faisait aussi des réflexions quand je grossissais. C’était très dur car, durant mon enfance, on m’a fait croire que mon apparence comptait plus que toute autre chose. On ne se rend pas compte des blessures que l’on peut créer très tôt chez un enfant qui l’amèneront à ne pas réussir à s’accepter plus tard. »
Comment avez-vous réussi à guérir ces blessures du passé?
« Il a fallu que je me rende compte que j’étais toxique pour moi-même. Je ne m’aimais que lorsque je ne dépassais pas un certain poids sur la balance. Je ne m’aimais que lorsque je parvenais à décrocher des collaborations avec des marques qui me faisaient rêver. Je ne m’aimais que lorsque je me trouvais parfaite par rapport aux critères de beauté que je m’imposais. Je me mettais constamment la pression. J’étais fatiguée moralement et ma dernière séparation m’a complètement anéantie. J’ai perdu toute estime de moi. J’ai pris beaucoup de kilos émotionnels pour me protéger. J’ai donc décidé d’entamer un long cheminement pour comprendre comment j’avais pu tomber aussi bas et, surtout, me relever. »
Quelles ont été les étapes de ce processus?
« J’ai commencé par lire beaucoup de bouquins de développement personnel comme Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même et Écoute ton corps, de Lise Bourbeau ou encore Kilomètre Zéro et Respire! de Maud Ankaoua. J’ai réalisé que j’étais beaucoup trop dure avec moi-même et que je ne pourrais jamais être aimée pour qui je suis réellement si moi-même je ne m’aimais pas. J’ai tout déconstruit pour reconstruire. Je me suis auto-analysée. J’avais un carnet dans lequel j’écrivais entre 1 h à 2 h par jour et dans lequel j’inscrivais des souvenirs de mon enfance qui pouvaient expliquer pourquoi j’avais à ce point besoin d’être parfaite. J’y ai déversé tout ce que je ressentais. Je suis quelqu’un qui a besoin de comprendre pour avancer. »
Je trouve mon corps beau. J’aime mes valeurs, j’aime mon authenticité, j’aime l’amie et la maman que je suis.
Qu’avez-vous appris sur vous-même?
« J’ai appris à aimer mon enveloppe charnelle. Je trouve mon corps beau, lui qui m’a permis de traverser tant d’épreuves. J’aime la femme que je suis. J’aime mes valeurs, j’aime mon authenticité, j’aime l’amie que je suis, la maman que je suis. Bien sûr, j’ai des défauts, mais ils font partie de qui je suis et je les accepte. »
Quels défauts?
« Mon impulsivité, peut-être? (Elle réfléchit) En fait, à une époque, j’avais du mal à dire ce que j’aimais chez moi et, aujourd’hui, j’ai du mal à dire ce que je n’aime pas chez moi (rires). Ce n’est pas de la prétention, j’ai simplement appris à aimer mes complexes. Avant, par exemple, j’avais horreur de mes bourrelets dans le dos et, aujourd’hui, je les trouve beaux. La seule chose que je n’aime vraiment pas chez moi, ce sont les tatouages que j’ai faits à 18 ans et dont j’ai envie de me débarrasser. »
Faire un métier d’image, être constamment soumise au regard des autres… Ça peut entacher l’estime de soi?
« Ça m’a fait beaucoup de mal, oui. À 20 ans, quand on m’a proposé de faire la télé, j’ai foncé parce que j’ai toujours été animée par ce besoin de transmettre, de partager des choses. Sauf que je n’avais pas compris qu’il fallait que je sois en accord avec moi-même pour y arriver. Je ne vais pas cracher dans la soupe car je n’en serais pas là où j’en suis aujourd’hui sans la télé, mais ce n’était pas sincère, vrai... Ce n’était pas un univers bienveillant. Quand on me critiquait, ça me rendait malade. J’avais la boule au ventre. Aujourd’hui, les gens ont compris que la seule approbation dont j’ai besoin, c’est la mienne, et je crois que ça force le respect. »
Même si les choses sont en train de changer, les filles qui assument leurs rondeurs sur Instagram sont encore minoritaires. Le ressentez-vous lorsque vous êtes entourée par d’autres influenceuses?
« Je vais être tout à fait honnête: ce n’est pas facile à gérer. Il y a peu, je suis partie en voyage avec d’autres influenceuses, des nanas superbes, comme Iris Mittenaere. Se retrouver devant les caméras à côté de Miss Univers quand on fait une taille 42-44, ce n’est pas évident. J’ai dû accepter le fait d’être filmée, avec ma cellulite, à côté d’un mannequin. Durant cette semaine de vacances, j’ai tout fait pour chasser mes idées noires. J’ai réussi à les mettre de côté, à accepter mon corps. Je l’ai fait et j’en suis fière. »
Il y a quelques années, vous auriez refusé de prendre part à ce genre de voyage?
« Non, car je me suis toujours assumée. J’ai fait Les Anges alors que j’avais pris beaucoup de poids. Je n’ai jamais eu honte de me montrer. La différence, c’est que je souffrais intérieurement, que j’avais honte de moi. C’était assez paradoxal de vouloir à ce point m’exposer à la lumière, à la critique. Quand je suis sortie de Secret Story, en 2011, on m’a qualifiée de ‘grosse baleine belge dégoulinante de graisse’ dans les magazines. J’avais 22 ans, c’était très dur. J’ai été très touchée même si j’ai toujours eu une personnalité forte. Je me disais: ‘C’est pas grave, j’avance’, mais clairement, au fond de moi, ça me détruisait. Aujourd’hui, ma plus belle revanche serait de pouvoir faire la couverture d’un magazine et qu’on m’appelle ‘La belle Aurélie Van Daelen’. »
Aujourd’hui, comment gérez-vous les commentaires négatifs sur les réseaux sociaux?
« Je m’en fiche. On me reproche parfois d’être hypocrite par rapport à mon combat pour l’acceptation de soi quand je donne l’impression d’avoir perdu du poids. Sauf que s’aimer, c’est aussi faire attention à ce qu’on met dans son corps. Et, quand on privilégie des ingrédients bons pour la santé, qu’on évite les produits transformés, industriels, on perd du poids naturellement sans s’astreindre à un régime. Je prends soin de mon corps, mais je l’écoute aussi. Hier soir, pour l’une des premières fois de ma vie, j’ai été me chercher un pot de glace au frigo sans culpabiliser. Si j’en ai envie, je le fais. Mais bon, de manière générale, il y a vraiment très peu de commentaires négatifs sur mon compte. J’ai réussi à construire une communauté très bienveillante. Au final, j’ai un peu mal au cœur pour les personnes qui me critiquent car elles seraient incapables d’oser s’afficher tel que je le fais. Les gens méchants, qui sont durs avec autrui, le sont d’abord avec eux-mêmes. Ils ne sont pas heureux. Si la personne que tu as en face de toi n’est ni gentille, ni bienveillante, c’est qu’elle a, avant tout, un problème à régler avec elle-même. »
Je suis fière de représenter cette femme normale, qui s’accepte, peu importe son enveloppe.
Par le passé, il vous est arrivé de vous retoucher?
« Bien sûr et, avec du recul, je me dis que c’est vraiment dommage. Car, quand je vois l’engouement que suscitent les photos de moi en bikini, brutes et naturelles, que je poste aujourd’hui, je trouve ça génial. Je me dis que je suis sur la bonne voie. Je suis fière de représenter cette femme normale, qui s’accepte, peu importe son enveloppe. Je voudrais que toutes les femmes puissent se sentir bien, connaissent cette sérénité d’esprit, cet amour de soi. »
Vous dites vouloir apporter plus de sens à votre métier d’influenceuse. Comment?
« Justement, en aidant les femmes à s’accepter pour ce qu’elles sont. D’abord par le biais des réseaux sociaux, mais aussi, pourquoi pas, au travers de conférences par la suite. J’aimerais aller à leur rencontre, partager mon expérience. J’ai envie d’être une source d’inspiration, qu’une nana me dise que, grâce à moi, elle s’est sentie bien à la plage dans son maillot de bain cet été. »
Vous avez évoqué votre dernière rupture. Vous vous êtes longtemps définie au travers du regard d’un homme?
« Oui. J’ai grandi dans un schéma familial très particulier. J’en parle dans le livre autobiographique que je suis en train d’écrire dans le but, encore une fois, d’apprendre aux femmes à s’aimer davantage. J’évoque ce rapport aux hommes, qui a toujours été très compliqué. J’ai toujours eu peur de m’ouvrir à l’autre, parce que j’avais cette peur bleue de l’abandon. Inconsciemment, je pense que j’ai toujours eu besoin de la validation d’un homme. Par le passé, il m’est arrivé d’accepter l’inacceptable car je ne me respectais pas assez. Avec le père de mon fils, par contre, j’ai vécu une très belle histoire. C’est quelqu’un d’extraordinaire. »
Vos relations, notamment amoureuses, ont-elles changé depuis que vous avez appris à vous aimer?
« Je suis célibataire depuis le mois de décembre dernier et ça me convient très bien. Même si je reçois des propositions, pour le moment, je veux me concentrer sur moi afin que, justement, ma prochaine relation amoureuse soit saine et équilibrée. J’ai pris le temps de guérir et, au final, je n’ai jamais été aussi heureuse qu’aujourd’hui. Seule. C’est le message que j’ai envie de transmettre à toutes ces filles qui redoutent le célibat. Pour être bien en couple, il est essentiel d’être d’abord bien avec soi-même. Alors, oui, c’est le genre de conseil bateau qu’on entend partout et, pourtant, personne ne l’applique réellement. Jusqu’à ce qu’on comprenne à quel point cela fait sens parce ce que c’est ce que l’on ressent au plus profond de soi. Aujourd’hui, je me sens complète et capable d’aimer quelqu’un d’autre pour ce qu’il est réellement et pas pour ce qu’il représente extérieurement. »
Comment gérez-vous les mauvais jours? Parce que, même si vous avez davantage confiance en vous que par le passé, il doit toujours y en avoir…
« Bien sûr, et je les accueille à bras ouverts parce que je sais qu’on ne peut pas avoir de bons jours sans ces mauvais jours. Quand une journée commence mal, je souffle un bon coup et je m’autorise un slow day: je m’écoute et je fais les choses à mon rythme. Je m’autorise à annuler un rendez-vous pour me poser parce que je ne vais pas bien. Évidemment, je suis consciente de la chance que j’ai de pouvoir le faire car je suis indépendante. Ce n’est pas toujours possible pour quelqu’un qui doit aller au bureau tous les jours. Mais, si vous avez un jour off et que vous êtes au boulot, vous avez le droit de refuser de faire des heures supplémentaires, par exemple. Commandez un petit truc à manger, demandez à votre partenaire de vous cuisiner un bon petit plat, vous avez le droit d’avoir un jour sans. Il faut pouvoir accepter aussi de ne pas toujours être au top de sa forme et ne pas vouloir à tout prix se surpasser. Acceptez-votre vulnérabilité. Acceptez que quelqu’un d’autre puisse avoir envie de vous aider, de vous protéger, de faire quelque chose pour vous. Écoutez-vous, choisissez-vous. »
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