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En rognant sur votre pause midi, vous offrez 2,5 semaines de travail gratuit à votre boss chaque année

Kathleen Wuyard

Un sandwich avalé à la va-vite devant votre clavier, quand vous ne sautez pas tout simplement le repas... Vous aussi vous avez tendance à écourter votre pause midi? Sachez que si c’est mauvais pour votre mental, votre employeur, lui, en profite: vous lui offrez l’équivalent de 2,5 semaines de travail gratuit par an.


Depuis décembre 1998, une pause obligatoire a été introduite dans la loi du 16 mars 1971 relative aux pauses et intervalles de repos au travail en Belgique. Concrètement, cela veut dire que dès que votre durée de travail consécutive dépasse 6 heures, vous avez droit à une pause. Si la durée minimum obligatoire est d’au moins 15 minutes toutes les 6 heures, il suffit de jeter un oeil aux grilles horaires des personnes dont elles sont codifiées de manière précise par leur employeur (“arrivée à 8h30, pause midi de 12.30 à 13.30 et départ à 17h30”) pour constater que la pause midi est plus longue qu’un simple quart d’heure, et qu’une heure est généralement octroyée aux employés. En théorie du moins, et à condition que ces derniers en profitent.

En effet, ainsi que l’a révélé un sondage réalisé en Angleterre et diffusé par nos consoeurs de Glamour Paris, en moyenne, les employés ne prendraient que 34 minutes de pause pour le lunch. Soit 26 minutes de travail “offertes” chaque jour à son employeur, ce qui, en fin d’année, représente l’équivalent de 2,5 semaines de travail prestées gratuitement. Un joli cadeau, dont il ne vous faut pas espérer récupérer une partie à la lecture de cet article: la Cour du travail a en effet rendu un jugement faisant office de jurisprudence et considérant que lorsque le travailleur ne respecte pas le temps de pause, et effectue volontairement un travail durant celle-ci, il ou elle agit en contradiction avec les instructions de son employeur, et ne peut donc prétendre à la rétribution des heures correspondantes. Une nouvelle d’autant plus indigeste que cette manie de raccourcir voire tout bonnement sauter la pause midi a également des répercussion sur la santé.

Oxygéner le cerveau


Ainsi que l’a rappelé Isle Goessens, spécialiste du bien être au travail, au micro de la RTBF, la pause de midi joue un rôle essentiel pour éviter le surmenage et nouer des liens au travail.

C’est un moment pour se déconnecter et justement se connecter avec les collègues. De prendre un peu l’air et de donner de l’oxygène à nos cerveaux”


Isabelle Hoebrechts, consultante experte en bien-être au travail, met en garde: “notre cerveau est construit pour être concentré pendant cinquante minutes, mais a besoin de courtes pauses. Malheureusement, de nos jours, on est devant nos écrans en permanence…“.

Je vois que dans les sociétés, 80% des gens ne mangent pas correctement ou ne prennent pas les pauses comme il faut: ils mangent avec une continuité de connexion au digital. C’est très mauvais. On doit oser ralentir le rythme, car notre cerveau n’est plus assez serein, il est toujours en réflexion, on n’a plus rien pour déconnecter. Quand on mange, on doit rire, bavarder, prendre l’air, faire du sport, n’importe quoi, mais sans le digital!”


Gare à ceux qui ne prennent pas le temps de déconnecter: “de plus en plus de gens vont être dépressifs, connaître des nouvelles maladies, des épuisements, des ruptures d’anévrismes. Il y a aussi les addictions qui deviennent de plus en plus importantes, parce que les gens ne savent plus comment réagir à leur surcharge de travail. Alors ils se tournent vers des compléments alimentaires, des médicaments et parfois même des drogues“. Et pourtant: 15% des employés belges et 10% des indépendants ne prennent pas de pause midi.

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