HISTOIRE DE TAF: ““En quittant l’armée, j’ai pu déployer mes ailes””
Alors qu’elle ne trouvait pas sa place dans l’armée, Alicia prend son courage à deux mains pour quitter ce monde très masculin et se lancer dans le tatouage. Sans formation, elle se donne corps et âme pour ouvrir le studio de ses rêves.
Après cinq ans dans l’armée, Alicia n’en peut plus de cet univers toxique dans lequel elle évolue et veut s’en aller. C’est après de long mois d’attente et de rendez-vous médicaux qu’elle peut enfin quitter son poste et se lancer dans la vie dont elle a toujours rêvé. Elle se lance à son compte et ouvre son studio de tatouage, qui connait un succès presqu’immédiat.
Début de carrière dans l’armée
A ses 18 ans, en 2018, Alicia se donne le challenge personnel de rentrer dans l’armée. Elle n’est pas spécialement attirée par le secteur, mais veut se lancer un défi. Ce n’est pas tout, puisqu’elle se lance dans des études de contrôleur aérien. Les plus compliquées, avec le taux de réussite le plus bas. Elle termine ses 5 ans d’étude et est la seule de sa promotion à avoir son diplôme. Une réussite dont elle est fière, mais elle doit l’avouer, en tant que femme, l’armée est très difficile: “On ne se sent jamais à notre place là-bas”.
Bien qu’elle adore le métier qu’elle exerce, qui est à la fois stimulant et challengeant, l’ambiance lui mine le moral. Après 4 ans, elle tombe enceinte et devient maman. Malheureusement, l’heureux événement est mal vu dans l’armée, et le harcèlement s’intensifie. Elle est la seule femme dans son équipe et elle décide que c’en est trop. Elle finit par tomber malade, et c’est seulement après plusieurs mois de procédure et des dizaines de rendez-vous chez les médecins de l’hôpital militaire qu’elle est déclarée inapte à continuer son travail. En août 2024, elle reçoit son C4 et peut enfin commencer sa nouvelle vie.
Au fond de moi, j’ai toujours voulu être indépendante
En attendant la décision
Alicia recommence alors à zéro, sans salaire, avec un enfant en bas âge. Heureusement, elle a un compagnon qui la soutient. Pendant les mois où elle attendait la décision de l’armée, elle passe les offres d’emploi en revue, mais ne trouve rien qui lui plait. Avec sa formation, aucune équivalence n’existe pour le civil. C’est alors que l’idée de lancer sa propre entreprise lui vient comme une évidence. Elle met tout en place pour pouvoir commencer sa vie d’indépendante une fois la décision rendue.
Elle passe son jury pour avoir sa gestion et se lance dans l’impression textile, mais elle n’est pas convaincue et arrête rapidement. Passionnée de dessin depuis toute petite, elle a toujours voulu faire des tatouages, mais sans se dire qu’elle pourrait en faire son métier. Cette idée revenant sans cesse, elle se dit “pourquoi pas”. Ca lui donnera la liberté et la créativité auxquelles elle aspire. Elle met alors toutes ses économies dans son matériel de tatouage, c’est l’un des plus gros risque qu’elle prend. Elle se forme seule chez elle, s’entraîne sur des fruits et des peaux synthétiques, pendant des mois.
Son entourage la met en garde. Pendant tout ce temps, elle n’a pas encore eu la décision de l’armée mais il n’y a rien à faire: “Si je ne le faisais pas, je l’aurais regretté toute ma vie. Je me suis toujours dit: si je veux que ça marche, ça marchera”. Et elle a mis tout en oeuvre pour y arriver.
L’ouverture du premier studio
Une fois le verdict rendu par l’armée, tout va très vite. Elle se donne l’objectif de remplir son agenda dès le premier mois. Elle descend dans la rue avec son iPad et ses cartes de visite pour se présenter aux gens, elle publie des messages sur Facebook pour trouver des modèles, sur Instagram, elle publie un modèle de tatouage par jour. Son travail paie, puisqu’elle arrive à son objectif et réussit, dès le premier mois, à gagner plus d’argent que ce qu’elle faisait en temps que lieutenant.
A peine 6 mois plus tard, elle ouvre son salon dans son village, qu’elle a refait du sol au plafond. Trois semaines après avoir eu les clés, elle fait son inauguration. Le studio Aliskin ouvre ses portes le 6 janvier 2024. Début mars, son compagnon fait le choix de quitter son travail pour la rejoindre, c’est son premier employé. A la fin de mois, elle engage sa seconde employée, qu’elle forme elle-même.
Alicia aime quand ça bouge et les idées se bousculent dans sa tête. En avril, elle décide de se lancer dans les piercings. Elle va donc se former à Namur et s’entraîne d’arrache-pied. Elle commence alors à percer dans son studio et a le projet d’ouvrir un studio de bijoux et piercings.
Un futur tout tracé
Alicia est pleine d’ambition et rien ne l’arrête. Ses futurs projets? Révolutionner le monde du piercing pour lui donner une vision plus épurée et moins “dark”. Elle veut donner à ses studios une ambiance presque médicale, où l’on se sent bien pour s’éloigner du cliché trop sombre que cet univers peut parfois renvoyer.
A côté de ça, elle développe son compte Instagram un maximum, ce qui lui prend presque le temps d’un full time job, mais elle adore ça. Elle s’est donnée l’objectif des 10.000 abonnés en un an, et elle y est presque.
Quand on lui demande comment elle se sent par rapport à son passé, Alicia est sans équivoque: “Je revis, je ne pourrais pas être plus heureuse et épanouie. Je me sens enfin libre. A l’armée, je me sentais prisonnière, comme dans une cage, recroquevillée. Une fois partie, c’est comme si j’avais été libérée, et que je pouvais enfin déployer mes ailes”.
Plus d’infos
Le studio de tatouage et piercing Aliskin se situe Rue Grande, 72A à 6900 Marche-en-Famenne.
Son second studio, dédié aux piercings et à la vente de bijoux sera inauguré le 13 et 14 juillet prochain, place de Seurre, 32B à 5570 Beauraing.
Pour plus d’infos et prendre rendez-vous, ça se passe par ici.
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