Slasheuse convaincue, Émilie cumule plusieurs jobs: ““Je suis beaucoup plus libre””
Émilie Somers est ce que l’on appelle une “slasheuse”. Elle jongle avec aisance entre plusieurs activités, dont la plus récente, celle de créatrice de bijoux, lui a valu une invitation à la Milano Jewelry Week. Elle se confie et donne des conseils pour slasher.
Émilie Somers est une artiste et créatrice aux mille casquettes. Voilà près de vingt ans que la quadragénaire est indépendante. Elle a d’abord travaillé dans le domaine de l’accompagnement en entreprise, mais “j’en avais un peu fait le tour”, nous explique la mère de famille. “J’ai travaillé avec un metteur en scène, puis le Covid est arrivé et notre projet de deuxième spectacle est tombé à l’eau.”
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Aujourd’hui, elle exerce plusieurs métiers: celui de formatrice, de consultante en people management, d’hypnothérapeute et de conférencière. Depuis le confinement, elle a ajouté la corde “créatrice de bijoux” à son arc.
À cette époque, beaucoup de mes activités étaient en berne. J’avais du temps à tuer et je me suis lancée dans les activités manuelles, car j’avais envie d’esthétique et de créer.
Émilie Somers
Créatrice de bijoux
Dans un premier temps, l’autodidacte a ouvert des ateliers de kintsugi à Bruxelles. Il s’agit d’une méthode japonaise de réparation des porcelaines ou des céramiques brisées au moyen de colle saupoudrée d’or. En psychologie, l’art du kintsugi est souvent utilisé comme symbole et métaphore de la résilience.
Ce qui a mené Émilie vers la création de bijoux, c’est un événement tout à fait fortuit. “J’avais depuis longtemps repéré une bague sur Pinterest, mais je ne la trouvais ni en magasin ni sur les boutiques en ligne. Je me suis alors dit que j’allais la faire moi-même et j’ai suivi une formation”, se souvient l’entrepreneuse. “À la base, je voulais le faire pour moi-même, mais c’est plus fort que moi, j’ai voulu entreprendre.” C’est ainsi qu’il y a deux ans, sa marque OR-Impact a vu le jour. Elle présentera d’ailleurs sa dernière collection à la Jewelry Week de Milan, du 17 au 22 octobre prochain.
Slasheuse dans l’âme
Émilie est ce que l’on appelle une “slasheuse”. Le slashing est un mode de vie qui consiste à compiler plusieurs emplois. Très connu depuis de longues années en Amérique du Nord, il se développe de plus en plus chez nous, surtout depuis la crise du Covid. Le terme est inspiré du mot “slash”, utilisé pour désigner la barre oblique sur les claviers d’ordinateur.
Cette nouvelle façon d’appréhender le travail correspond à une génération qui ne veut plus vivre uniquement pour un emploi, mais qui veut se diversifier et assouvir différentes envies. Cela va très bien aux personnalités curieuses, qui ont besoin de liberté. La slashing permet également d’avoir une grande flexibilité dans sa vie privée, car il permet à ses adeptes d’organiser leur temps comme ils le veulent.
Ce n’est pas Émilie qui nous dira le contraire. “J’ai plus de jobs, c’est vrai, mais aussi plus de temps pour moi”, avance-t-elle.
La fatigue s’installe, mais elle n’est pas liée aux activités. Elle dépend beaucoup du rythme de la famille, qui a des horaires fixes et précis. La vie de famille est complètement antinomique de ma vie professionnelle. D’un côté, tout est très cadré, alors que de l’autre, je suis beaucoup plus libre.
Émilie Somers
On pourrait croire qu’Émilie a des horaires professionnels démesurés, pourtant, ce n’est pas le cas. “Je commence à 9h et termine vers 18-19h, et ne travaille que la semaine”, commente-t-elle.
Cette accumulation d’activité, ce n’est pas, pour Émilie, un moyen d’amasser de l’argent, mais bien un besoin de diversité cognitive. “Pendant les espaces de création, j’utilise un autre circuit de pensée que celui qui s’active lorsque je donne des formations ou reçoit un patient en hypnothérapie. Penser différemment pour chaque activité permet de les scinder et ça amène du positif à chacune d’entre elles”, insiste la maman active.
Les conseils d’Émilie
Émilie a deux conseils à donner aux personnes qui souhaiteraient, elles aussi, se lancer dans le slashing. Premièrement, il est nécessaire de s’épanouir dans son activité, qu’elle ait du sens pour avoir envie de recommencer le lendemain. Inutile de cumuler plusieurs activités pour le plaisir d’en avoir plusieurs, s’il n’y a pas, derrière, de retombées, notamment personnelles et financières.
Deuxièmement, ces différentes activités ne doivent pas exister au détriment d’un autre aspect de vie (financier, social, familial). “On peut très vite glisser, et il faut être capable d’assumer”, commente la slasheuse.
Il faut peser le pour et le contre, estimer si l’énergie que l’on met dans une activité en vaut la peine. Garder le contrôle est important.
Émilie Somers
D’après elle, le slashing ne fonctionnera pas avec tout le monde. “On retrouve les plus gros potentiels chez les personnes créatives”, conclut Émilie.
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